Sécurité

Daech quitte le Liban où les familles des soldats sont en deuil

Par Tamer Abou Zeid à Beyrourh

Hussein Yousouf, père du soldat libanais décédé Mohammed Yousouf, pleure la mort de son fils après avoir appris que « l'État islamique » l'a tué avec huit autres prisonniers détenus par le groupe depuis 2014. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Hussein Yousouf, père du soldat libanais décédé Mohammed Yousouf, pleure la mort de son fils après avoir appris que « l'État islamique » l'a tué avec huit autres prisonniers détenus par le groupe depuis 2014. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les combattants de « l'État islamique » (Daech) ont commencé à quitter le Liban dimanche 27 août, mais la découverte des restes de huit soldats enlevés en 2014 a rendu amère la déclaration de victoire de l'armée.

La défaite et le retrait de Daech ont marqué la fin de la première phase de l'opération Fajr al-Juroud (Aube d'Al-Juroud) menée par le général et chef de l'armée libanaise Joseph Aoun dans les zones frontalières montagneuses autour de Ras Baalbek et d'al-Qaa.

Les huit soldats libanais qui avaient disparu depuis le 2 août 2014 faisaient partie des 30 soldats enlevés par Daech et le Front al-Nosra (FAN) après de violentes batailles à Arsal.

Parmi eux, seize avaient été libérés en 2015, le FAN en avait exécuté quatre, et un autre est mort des suites de ses blessures.

Des ambulances de la Croix-Rouge libanaise transportant des restes humains qui appartiendraient à huit soldats enlevés par « l'État Islamique » il y a trois ans traversent la ville de Baalbek en direction de Beyrouth le 27 août. [STRINGER/AFP]

Des ambulances de la Croix-Rouge libanaise transportant des restes humains qui appartiendraient à huit soldats enlevés par « l'État Islamique » il y a trois ans traversent la ville de Baalbek en direction de Beyrouth le 27 août. [STRINGER/AFP]

Des véhicules transportant des combattants de « l'État islamique » dans la zone de Qara de la région syrienne de Qalamoun le 28 août alors qu'ils partent vers l'est du pays. [Louai Beshara/AFP]

Des véhicules transportant des combattants de « l'État islamique » dans la zone de Qara de la région syrienne de Qalamoun le 28 août alors qu'ils partent vers l'est du pays. [Louai Beshara/AFP]

Le destin des neuf soldats enlevés par Daech restait inconnu, jusqu'à dimanche, lorsque les corps de huit d'entre eux ont été trouvés enterrés à Wadi al-Debb au Liban près de la frontière. Le sort du neuvième soldat reste inconnu.

Les soldats portaient encore leurs uniformes militaires, ont fait savoir les médias libanais.

Les restes des soldats ont été transportés dimanche vers l'hôpital militaire de Beyrouth pour des tests ADN afin de vérifier leurs identités.

« Une déclaration sera publiée une fois que les résultats des tests ADN auront été reçus », a indiqué la Direction du conseil de l'armée.

Célébrations de la victoire assombries

Les célébrations saluant la victoire de l'armée contre Daech ont été écourtées lorsqu'il a été annoncé que les soldats enlevés avaient été tués au milieu de l'année 2015.

Le major général Abbas Ibrahim, directeur de la Direction de la sûreté générale, a apporté la nouvelle aux familles des soldats dans les tentes qu'elles avaient installées dans le centre-ville de Beyrouth où les familles organisent une veillée depuis plusieurs mois.

« Cette affaire [...] s'est malheureusement conclue tristement », a-t-il déclaré, selon le site Naharnet, alors que les familles éclataient en sanglots.

Ibrahim a souligné que Fajr al-Juroud ne prendrait pas fin tant que les derniers éléments de Daech n'avaient pas quitté le territoire libanais.

Après que le sort des soldats aux mains de Daech a été révélé, de nombreux Libanais ont demandé sur les réseaux sociaux à ce que les éléments de Daech ne puissent pas quitter le Liban sans être jugés, afin que justice soit rendue aux martyrs.

« À quoi cela sert-il de relâcher Daech après avoir découvert le sort de nos soldats », a demandé Melhem Riachy, ministre de l'Information dans un message publié sur les réseaux sociaux. « Il faut les arrêter, les juger et les exécuter ! »

« Le meurtre des soldats capturés par Daech révèle le vrai visage du groupe terroriste, auquel l'armée libanaise a donné une leçon à Ras Baalbek et al-Qaa », a indiqué à Al-Mashareq le député libanais Amal Abou Zaid.

« L'armée libanaise, soutenue par une décision politique claire, a montré son courage dans la plus importante des batailles, et la légende de Daech a ainsi été renversée à Fajr al-Juroud », a-t-il ajouté.

« Cependant, la victoire a coûté cher, comme le prouve le sang des martyrs tombés pour défendre la dignité de la nation », a-t-il poursuivi.

Daech a du sang sur les mains

Les éléments de Daech sont « responsables du sang de tous ceux qui ont été tués à la frontière », a affirmé le général de brigade Mohammed Rammal, ancien officier de l'armée libanaise.

« Ils sont responsables du sang de tous ceux qui ont été tués dans l'explosion de voitures piégées. Ils sont responsables des larmes des mères et de tous ceux qui pleurent quelqu'un dans tout le pays », a-t-il déclaré.

« Dans mon pays, ceux qui ne méritent pas de mourir sont morts à cause de ceux qui ne méritent pas de vivre », a affirmé le citoyen libanais Rizka Yazbeck Helou sur les réseaux sociaux. « Nous sommes les enfants de la vie, et ils sont les enfants de la mort. »

Les militants n'ont pas épargné e Hezbollah dans leur colère contre Daech.

« Votre scandale sera bientôt révélé », a écrit le citoyen libanais Abbas Hteit sur les réseaux sociaux. « Nous saurons bientôt qui a envoyé des véhicules remplis d'explosifs dans les faubourgs sud de Beyrouth pour justifier les combats en Syrie. »

« Le régime syrien et le Hezbollah ont gâché la joie du peuple libanais et du gouvernement venant de la victoire de l'armée libanaise en dévoilant le martyr des soldats qui est connu depuis des années », a indiqué la journaliste Marlene Wehbe.

Les familles ont vécu dans un faux espoir après qu'il a été rapporté en novembre que les soldats seraient peut-être encore en vie et qu'ils avaient été transportés à al-Raqsa en Syrie.

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