Religion

Dar al-Ifta forme des clercs à la publication de fatwas

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Des clercs musulmans du monde entier participent à une conférence de formation aux fatwas organisée par Dar al-Ifta au Caire les 17 et 18 octobre. [Waleed Abou al-Khaïr/Al-Mashareq]

Des clercs musulmans du monde entier participent à une conférence de formation aux fatwas organisée par Dar al-Ifta au Caire les 17 et 18 octobre. [Waleed Abou al-Khaïr/Al-Mashareq]

Dar al-Ifta, en Égypte, a récemment formé des prédicateurs musulmans et des clercs venus de toute la planète à la formulation de fatwas, un projet critique au vu de la prolifération des fatwas faussées et de l'émergence de « l'islamophobie », ont indiqué des experts à Al-Mashareq.

La conférence internationale pour les autorités mondiales de Dar al-Ifta et des Fatwas, « Formation universitaire et qualification des imams de mosquées dans les communautés où les musulmans sont une minorité sur la formulation de fatwas », s'est tenu les 17 et 18 octobre au Caire.

Le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, des clercs et des experts venus de 80 pays, et plusieurs ministres et ambassadeurs ont pris part à des discussions et des ateliers sur la formation et la qualification d'imams du monde entier, afin d'augmenter leur niveau de compétence en ce qui concerne la formulation de fatwas.

La conférence a cherché à contrer l'idéologie extrémiste violente en « mettant fin au chaos du processus de publication des fatwas », a expliqué à Al-Mashareq Ahmed Karima, professeur de charia à l'université Al-Azhar.

Elle a surtout porté sur la formation des imams de mosquées dans des communautés du monde entier dans lesquelles les musulmans sont une minorité, a-t-il déclaré.

Contrer « l'islamophobie »

Cette conférence est « la première mesure de ce genre, et a pour but de confiner la publication de fatwas et les imams qui sont autorisés à les émettre à une entité religieuse unifiée », a indiqué Karima.

Le but est de stopper la publication de fatwas erronées et d'opinions religieuses déviantes, a-t-il poursuivi, les deux étant émises intentionnellement, pour servir des fins politiques et pour justifier des carnages, et non intentionnellement, à cause d'un manque de connaissances profondes des sciences religieuses liées à la publication de fatwas.

Le but global est de changer les idées reçues sur l'islam et d'éliminer les causes qui mènent à l'émergence de « l'islamophobie », a ajouté Karima.

Les discussions à la conférence ont principalement porté sur « la mise à jour du discours religieux et le fait de mettre fin au phénomène takfiriste, en plus d'accorder de l'attention aux communautés musulmanes dans le monde », a-t-il déclaré.

Il est particulièrement important de faire attention aux communautés musulmanes en dehors de la région en ce moment, a-t-il noté, en raison de la diffusion mondiale de l'idéologie takfiriste.

La conférence a produit un ensemble de recommandations, dont une appelant à l'établissement « d'un centre mondial des fatwas pour les communautés musulmanes », a indiqué Diauddine Ihsan, un Indonésien participant à la conférence et étudiant la charia à l'université Al-Azhar.

Les participants ont aussi recommandé la fondation « d'un centre de formation et de qualification mondial pour les muftis » autorisés à publier des fatwas, et ont appelé à l'augmentation de la coopération avec les institutions mondiales qui visent à « répandre l'idée de paix véritable entre les peuples », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Les recommandations ont insisté sur le fait que les fatwas publiées par les autorités approuvées sont les seules qui doivent être suivies, et non celles émises par des entités comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), a précisé Ihsan.

Elles comprennent également le fait de travailler pour transformer les centres islamiques en lieux de communication culturels, humanitaires et celles basés sur les connaissances entre les musulmans et les non-musulmans dans les pays où ils vivent, a-t-il déclaré.

Soutenir les communautés musulmanes dans le monde

« L'attention que Dar al-Ifta donne aux questions liées à la charia dans les communautés musulmanes dans le monde entier est importante et vitale », a déclaré à Al-Mashareq Cheikh Moustafa Cerić, mufti de la République de Bosnie-Herzégovine.

Les musulmans sont présents depuis longtemps dans ces communautés et sont considérés comme partie intégrante du tissu social, culturel et politique de ces pays, a-t-il indiqué.

« De ce fait, les moyens de communication à travers les canaux légaux appropriés sont une question qui doit être basée sur des principes fondamentaux », a-t-il ajouté.

Il ne devrait exister aucune lacune qui pourrait soumettre des musulmans à des poursuites légales ou juridiques parce qu'ils ont obéi à des fatwas publiées par des autorités qui ne connaissent pas suffisamment les sciences religieuses, a indiqué Cerić.

La conférence a été un excellent soutien pour les communautés musulmanes dans les pays occidentaux, a-t-il déclaré, certains étant confrontés à des difficultés « en raison de la présence d'imams suspects, ou qui ne connaissent pas les fondamentaux de [la publication] de fatwas ».

En plus de prêter attention à la publication de fatwas, la communauté musulmane mondiale et les minorités musulmanes doivent aussi tenir compte des problèmes auxquels sont confrontés leurs membres, a indiqué Cerić, notant que la conférence a émis des recommandations à ce sujet.

« Accorder de l'attention, en particulier aux nouvelles générations d'immigrés, ferme la porte aux groupes extrémistes qui tentent d'infiltrer ces communautés en exploitant les problèmes sociaux et économiques avec de fausses fatwas », a-t-il déclaré.

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