Le Yémen aide ses citoyens bloqués à l'étranger

Le comité d'urgence suprême du gouvernement yéménite pour la lutte contre le nouveau coronavirus (COVID-19) a décidé de mettre en place des installations de quarantaine médicale dans trois provinces pour accueillir les citoyens bloqués à l'étranger.

Aux termes de ce nouveau plan, les citoyens yéménites qui reviennent dans le pays doivent être isolés pendant quatorze jours pour s'assurer qu'ils ne sont pas infectés par le coronavirus, a fait savoir la commission.

Lors de sa réunion du 20 avril, elle a approuvé des mécanismes visant à faciliter le retour d'environ 15 000 à 20 000 Yéménites bloqués à l'étranger.

Les Yéménites bloqués à l'étranger ont demandé au gouvernement d'intervenir et de les évacuer, comme l'ont fait d'autres pays avec leurs ressortissants. L'appel le plus récent a été lancé le 20 avril par des Yéménites bloqués en Inde.

Le 15 avril dernier, le gouvernement yéménite avait demandé à la commission de présenter un rapport complet et urgent sur le nombre de personnes bloquées et leur emplacement, et d'identifier les mécanismes pouvant être mis en œuvre pour les ramener chez elles.

Ces mécanismes pourraient inclure le fait d'organiser leur retour et de les placer en quarantaine, après avoir préparé les installations de quarantaine à cet effet, ou de leur fournir d'autres types d'assistance pour répondre à leurs besoins là où ils se trouvent pour le moment.

La commission doit coordonner son travail avec les ministères des Affaires étrangères et des Expatriés, compte tenu de la fermeture des ports terrestres, maritimes et aériens du Yémen jusqu'à nouvel ordre, à l'exception du trafic commercial et humanitaire.

Création de centres de quarantaine

Le vice-Premier ministre Salem al-Khanbashi, qui préside le comité d'urgence, a demandé aux gouverneurs provinciaux de trouver et de préparer des lieux de quarantaine appropriés, où les citoyens qui reviennent pourront rester pendant deux semaines.

Al-Khanbashi a appelé les provinces d'Aden et de l'Hadramaout à mettre en place des centres de quarantaine à Aden, al-Moukalla et Seiyun, puisque les citoyens bloqués rentreront au pays par leurs aéroports.

Le Yémen a annoncé sa première infection au coronavirus le 10 avril dans l'Hadramaout, et a enregistré le 29 avril ses deux premiers décès dus au virus, ainsi que cinq nouveaux cas à Aden.

« Le gouvernement a le devoir d'aider les Yéménites bloqués à l'étranger », a déclaré Abdoul Raqeeb al-Haidari, vice-ministre de la Santé publique et de la Population.

Les pays hôtes ont été contraints de mettre en œuvre des mesures pour empêcher le virus de se propager, notamment la fermeture des aéroports, bloquant certains citoyens yéménites, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

La plupart des citoyens coincés « sont des patients qui se sont rendus à l'étranger pour un traitement, les personnes qui les ont accompagnés, des étudiants, ou d'autres personnes qui ont voyagé pour de courtes missions », a-t-il expliqué.

Ils sont principalement bloqués en Égypte, en Arabie Saoudite, en Jordanie, en Inde et à Djibouti.

« Il est très important de mettre en place des confinements [pour les voyageurs qui reviennent] pendant une période de quatorze jours afin de s'assurer qu'ils ne propagent pas le virus au Yémen », a affirmé al-Haidari.

Prendre soin des Yéménites bloqués

Mohammed al-Adil, ministre adjoint des Affaires des expatriés, a déclaré à Al-Mashareq que le comité d'urgence avait alloué des fonds pour s'occuper des personnes bloquées.

« Il existe également une coordination permanente entre les ambassades à l'étranger et les ministères de la Santé et des Affaires des expatriés pour obtenir un recensement des personnes bloquées », a-t-il ajouté.

Tous ceux qui sont bloqués à l'étranger seront pris en charge, et certains recevront une aide financière, a-t-il assuré ; la priorité sera donné aux cas les plus urgents.

La plupart des Yéménites bloqués « sont des patients qui sont à court d'argent à cause du retard de leur retour dans leur pays d'origine », a-t-il déclaré.

Pour les aider durant cette période, les missions diplomatiques yéménites fournissent une aide humanitaire, en coopération avec des entités commerciales et des individus, ainsi que des comités de secours formés par les communautés yéménites dans ces pays.

Le gouverneur de l'Hadramaout, Faraj al-Bahsani, a ordonné le transfert de 59 000 dollars aux personnes originaires de l'Hadramaout bloquées afin de les aider pendant cette période.

« Organiser le retour d'environ 20 000 citoyens bloqués n'est pas facile et nécessite des efforts concertés pour les ramener progressivement, en fonction du degré de nécessité du retour », a expliqué le politologue Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

Les quarantaines « seront mises en place dans des hôtels ou des bâtiments loués pour accueillir ces grands nombres », a-t-il précisé, ajoutant en conclusion qu'il est « également nécessaire d'aider ceux dont le retour sera retardé ».