Éducation

Les étudiants syriens défient l'EIIL et passent leurs examens

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

De jeunes Syriennes passent leurs examens à Qamishli, après que beaucoup d'entre elles ont fui les zones contrôlées par « l'État islamique en Irak et au Levant » pour terminer l'année scolaire. [Photo fournie par Ammar Saleh]

De jeunes Syriennes passent leurs examens à Qamishli, après que beaucoup d'entre elles ont fui les zones contrôlées par « l'État islamique en Irak et au Levant » pour terminer l'année scolaire. [Photo fournie par Ammar Saleh]

Après trois ans sans école en raison de la prise de ces régions par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), des milliers d'élèves syriens passent actuellement leurs examens dans le nord de la Syrie.

Du 30 mai au 16 juin, de nombreux élèves se sont rendus à al-Hasakeh et Qamishli pour tenter d'obtenir enfin leurs diplômes.

Khalid Mustafa al-Hamoud, 18 ans, a expliqué à Al-Shorfa qu'il travaillait beaucoup pour tenter de décrocher un diplôme de lycée.

Son rêve d'étudier l'anglais et la traduction est à nouveau possible après une longue période de désespoir lorsque l'EIIL avait pris le contrôle de sa ville natale de Tel Abyad, à la frontière avec la Turquie.

Bien qu'il n'ait pu fréquenter l'école pendant près de trois ans, il a étudié chez lui, loin du regard des éléments du groupe, avec l'aide de ses parents et de ses proches, a-t-il expliqué.

Al-Hamoud a aussi suivi des cours particuliers qui l'ont préparé à passer les examens à al-Hasakeh en candidat libre.

« Rester constamment caché des éléments de l'EIIL et étudier en secret a renforcé mon envie de poursuivre mon éducation », a-t-il expliqué, « surtout après avoir vu de très nombreux jeunes subir un véritable lavage de cerveau et adopter une mentalité très différente de celle de la communauté à laquelle ils appartiennent ».

Les examens officiels des lycées se déroulent du 30 mai au 13 juin pour les élèves des filières scientifiques, jusqu'au 15 juin pour ceux des filières littéraires, et jusqu'au 16 juin pour ceux des filières religieuses et professionnelles, a précisé Juhayna Hajeej, administratrice auprès du Directorat de l'éducation d'al-Hasakeh.

Le choix des lieux d'examen a tenu compte de la situation sécuritaire dans ces régions « pour garantir que la vie des élèves n'est pas mise en danger », a-t-elle expliqué à Al-Shorfa.

Quelque 15 896 élèves sont inscrits aux examens dans la province d'al-Hasakeh, a-t-elle précisé.

« Un espoir pour l'avenir »

Hamad al-Ahmad, âgé de 50 ans et natif d'al-Shaddadi, a lui aussi été contraint de partir à al-Hasakeh avec sa famille pour échapper à l'EIIL, raconte-t-il à Al-Shorfa.

Les élèves dans les régions sous le contrôle de l'EIIL « ne reçoivent pas une véritable éducation, parce que les écoles sont fermées ou font l'apologie de l'idéologie de l'EIIL », ajoute-t-il.

« Ce n'est pas ce que je voulais pour mes trois enfants, alors j'ai décidé d'aller à al-Hasakeh pour les sauver de l'idéologie de l'EIIL », explique-t-il.

Les conditions d'enseignement dans la ville sont « très bonnes », précise-t-il, ajoutant que les élèves venant de toutes les régions sont très bien traités par les responsables de l'enseignement.

L'un des fils d'al-Ahmad passe ses examens préparatoires pour le diplôme du lycée.

« Cela semblait impossible par le passé, car mon fils était obligé de travailler et de m'aider pour subvenir aux besoins de la famille, » ajoute-t-il.

« L'EIIL veut que les habitants des régions qu'il contrôle restent ignorants, pour maintenir son emprise sur eux », explique-t-il, ajoutant qu'il est déterminé à ce que ses enfants terminent leur éducation.

C'est « une arme qui leur permettra de faire face à l'avenir, et un espoir pour le futur, lorsque la guerre sera terminée ».

Logement et suivi psychologique pour les élèves

Un groupe de militants et d'enseignants aident les enfants dont l'éducation a souffert en raison de leur présence dans des zones contrôlées par l'EIIL, explique Ammar Saleh, militant social et membre du Conseil national pour la paix.

Beaucoup d'élèves sont venus dans les villes d'al-Hasakeh et de Qamishli, précise-t-il à Al-Shorfa, soulignant qu'il s'agit soit d'habitants de régions récemment libérées de l'EIIL, soit de personnes ayant échappé à l'oppression du groupe.

« Ces jeunes ont un réel besoin d'un suivi particulier au vu des pressions auxquelles ils ont été soumis sous l'EIIL », explique-t-il.

Certaines familles sont venues à al-Hasakeh pour que leurs enfants puissent poursuivre leurs études, explique Saleh, alors que des centaines d'élèves s'y sont rendus la semaine dernière pour passer leurs examens finaux.

La collaboration avec plusieurs institutions religieuses et sociales a permis de les faire bénéficier de logements et de services de transport, ajoute-t-il.

Des activités de loisir ont également été organisées pour ces élèves en marge des cours de soutien, apportant une forme de réhabilitation psychologique, précise-t-il.

Cela est particulièrement important, explique Saleh, car beaucoup de ces jeunes n'ont été libérés que récemment du joug de l'EIIL.

Selon l'ONU, environ deux millions d'enfants ne fréquentent pas l'école en Syrie.

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