Sécurité

L'Iran fournit des roquettes Katioucha primitives à ses intermédiaires

Faris al-Omran

L'armée irakienne montre des roquettes Katioucha iraniennes saisies dans la région de Dora, au sud de Bagdad, sur cette photo postée en ligne le 5 août. [Photo fournie par la Cellule média de la Sécurité]

L'armée irakienne montre des roquettes Katioucha iraniennes saisies dans la région de Dora, au sud de Bagdad, sur cette photo postée en ligne le 5 août. [Photo fournie par la Cellule média de la Sécurité]

L'Iran fournit à ses intermédiaires irakiens une version assez primaire de sa roquette Katioucha, qui n'est pas une arme russe comme le ferait penser son nom, mais un modèle national fabriqué en Iran.

Les milices pro-iraniennes en Irak ont utilisé ces roquettes de courte portée à vol bas lors des attaques qui ont visé l'ambassade des États-Unis et d'autres missions diplomatiques à Bagdad, l'aéroport de la capitale et diverses installations militaires.

Connues sous le nom de roquettes « Fajr1 », il s'agit de clones de roquettes Katioucha de calibre 107 mm fabriqués par l'Iran, a expliqué le spécialiste irakien de la sécurité et ancien officier dans l'armée Majid al-Qaisi à Al-Mashareq.

« Ces roquettes, qui sont utilisées depuis des décennies, sont aujourd'hui considérées comme des armes primitives, car leur portée ne dépasse pas 18 kilomètres et leur précision est toute relative », a-t-il ajouté.

Des Irakiens se rassemblent près de véhicules endommagés le 6 septembre lorsque des roquettes Katioucha fabriquées en Iran sont tombées sur un parking proche de l'aéroport de Bagdad. [Photo fournie par l'Aéroport international de Bagdad]

Des Irakiens se rassemblent près de véhicules endommagés le 6 septembre lorsque des roquettes Katioucha fabriquées en Iran sont tombées sur un parking proche de l'aéroport de Bagdad. [Photo fournie par l'Aéroport international de Bagdad]

C'est la raison pour laquelle « les attaquants les tirent en général en tirs de barrage pour atteindre leurs cibles ».

Mais malgré leur imprécision, elles sont « faciles à cacher et à déplacer d'un endroit à un autre, et peuvent être lancées depuis un lanceur installé sur un petit camion », a-t-il poursuivi.

La caractéristique la plus dangereuse de ces roquettes est qu'elles « utilisent un minuteur automatique », a-t-il continué. « Dès que l'angle et la hauteur de tir sont définis et que l'heure du lancement est fixée, leur mise à feu s'effectue automatiquement. »

Cela fournit aux attaquants un délai largement suffisant pour s'enfuir, soulignant que lorsque les forces de sécurité arrivent sur les lieux, elles ne retrouvent que le lanceur.

« Malgré leur manque de sophistication comparé aux roquettes modernes, ces caractéristiques en font des armes efficaces aux mains des terroristes et des groupes d'insurgés qui mènent une guerre de type guérilla », a expliqué al-Qaisi.

Utilisation très répandue de ces roquettes

Ces roquettes Fajr1 sont utilisées en Afghanistan, au Liban, en Syrie, au Yémen et en Libye.

Elles peuvent être identifiées par leur couleur verte et noire ou beige et noire et un numéro de série écrit à la main.

Les groupes appuyés par l'Iran les utilisent pour attaquer les intérêts internationaux en Irak, a expliqué al-Qaisi, et ceux qui les tirent utilisent des lanceurs produits localement et des techniques rudimentaires pour déterminer la hauteur et l'angle de tir.

Ce manque de formation, couplé au manque de précision du Fajr, a causé de nombreuses pertes parmi les civils, a ajouté al-Qaisi.

Elles présentent un danger même sans être utilisées, a-t-il ajouté, précisant qu'elles sont souvent stockées dans des dépôts de munitions dans des quartiers résidentiels qui ne répondent pas aux normes de sécurité ou de contrôle de température.

Elles constituent autant de catastrophes potentielles, a-t-il ajouté, rappelant que « des explosions massives se sont déjà produites à Bagdad, qui ont tué des centaines d'innocents par suite de ces pratiques de stockage sans précautions ».

L'Iran produit différents types de roquettes à courte, moyenne et longue portée connues sous différents noms, comme Fajr, Shahab et Qader, a expliqué à Al-Mashareq l'expert en stratégie militaire Alaa al-Nashou.

L'Iran « s'est appuyé sur les expériences de la Russie, de la Corée du Nord et de la Chine pour produire et développer son arsenal de roquettes, notamment de missiles balistiques à longue portée », a-t-il indiqué, et a utilisé ces armes pour mener ses guerres par procuration dans la région.

Les armes clonées sont imprécises

« L'Iran a fait passer ces roquettes en contrebande à ses intermédiaires comme le Hezbollah libanais et les Houthis (Ansarallah) », pointant la saisie de nombreux envois d'armes destinés à ces groupes par la mer ces dernières années.

En février, la Marine américaine avait saisi en mer d'Arabie une cargaison d'armes destinées aux Houthis du Yémen, qui comprenait des dizaines de missiles anti-blindage Dehlavieh, qui sont des clones iraniens des missiles russes Kornet.

Il existe également un clone iranien d'un autre missile russe, le Grad, a ajouté al-Nashou.

« Depuis 2014, les Iraniens ont activement fourni à leurs milices en Irak des roquettes Katioucha 100 % fabriquées en Iran, ainsi que d'autres types de roquettes de terrain », a-t-il ajouté.

Elles ont des portées comprises entre 12 et 80 kilomètres, a-t-il ajouté.

Ces missiles fabriqués en Iran sont « dangereux à utiliser dans des régions très peuplées parce que leurs marges d'erreur et leur précision de frappe sont affectées par les conditions météo et d'autres facteurs comme les interférences électroniques », a-t-il indiqué.

Les groupes appuyés par l'Iran « ont causé la mort de nombreux Irakiens par suite de leur utilisation de ces armes bon marché que les Iraniens produisent en abondance, et ils mettent encore leurs vies en danger en continuant de lancer des attaques avec ces missiles », a-t-il conclu.

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