Au moins huit personnes ont été tuées dans le bombardement d'un complexe industriel au port d'al-Hodeidah au Yémen, a annoncé le gouvernement vendredi 4 décembre, pointant du doigt les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran.
Il y avait eu une recrudescence des combats dans et autour du port vital, où une trêve négociée par l'ONU a largement évité de grandes batailles entre le gouvernement -- soutenu par la coalition -- et les Houthis.
Le ministre yéménite de l'Information Moammar al-Eryani a condamné jeudi « l'attaque terroriste odieuse » sur le complexe industriel Frères Thabit.
Il a indiqué que huit ouvriers ont été tués et 13 autres blessés, alors que des sources médicales ont annoncé à l'AFP qu'il y avait au moins 10 morts.
Dans des rapports initiaux de l'incident, les médias yéménites ont indiqué jeudi que certains des blessés ont été grièvement blessés alors le bilan pourrait augmenter.
La mission de l'ONU pour le soutien de l'Accord d'al-Hodeidah (UNMHA) a également condamné l'incident.
« Le meurtre de civils doit arrêter », a-t-elle indiqué jeudi, exhortant toutes les parties à maintenir le cessez-le-feu.
« En plus d'être une usine qui fonctionne servant la population et offrant des emplois, le site du complexe industriel a été considéré comme l'un des emplassements possibles pour un bureau de l'UNMHA», a-t-elle signalé.
Des enfants parmi les victimes civiles
L'ONU a souligné qu'au total 74 civils ont été tués ou blessés dans la province d'al-Hodeidah en octobre face à l'escalade des hostilités.
Le 29 novembre, cinq enfants étaient parmi les huit civils tués dans les bombardements Houthis du district d'al-Durayhimi contrôlé par le gouvernement sur la côte de la mer rouge.
« Cinq enfants et trois femmes ont été tués et trois autres enfants et trois femmes ont été blessés lorsque les tirs d'artillerie ont frappé une maison au village d'al-Ghaza à al-Durayhimi », a affirmé Altaf Musani, coordonnatrice humanitaire de l'ONU pour le Yémen.
« Cette attaque sur des femmes et des enfants est inacceptable et injustifiée ».
Dans la ville de Taez, qui est quasiment encerclée par les Houthis, deux jeunes filles, une à peine neuf mois, ont été déclarées mortes le 30 novembre après un bombardement Houthi qui avait également blessé sept autres personnes, ont indiqué des sources médicales.
Médecins sans frontières (MSF) a appelé « tous les groupes armés à se conformer à la loi humanitaire internationale et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter des victimes civiles ».
Suite à l'attaque de Taez, le Centre de Taez pour les droits humains a organisé jeudi un symposium sur le « terrorisme Houthi » et sa menace à la paix locale et mondiale, a rapporté l'organe médiatique yéménite al-Sahwa.
L'adjoint au gouverneur de Taez Abdul Hakim Aoun a appelé à l'adoption de programmes et d'activités ciblés de sensibilisation parmi la communauté pour exposer l'idéologie destructive des Houthis.
Suite à leur coup d'État en 2014, les Houthis ont marqué le début d'une ère d'oppression à Sanaa et les autres provinces où ils ont le contrôle, a-t-l fait savoir, accusant le groupe de disséminer « la haine de l'autre ».
Le Yémen au bord de la famine
Les Yémen est confronté maintenant à la pire crise humanitaire au monde.
Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des civils, ont été tués et des millions ont été déplacés et au bord de la famine.
L'ONU a affirmé jeudi que la malnutrition a atteint maintenant des niveaux records, rétrécissant la marge d'opportunité de prévenir une famine alors que la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19) et les déficits de fonds menacent d'une tempête humanitaire parfaite.
Le nombre de personnes menacées du deuxième plus haut niveau d'insécurité alimentaire au Yémen doit augmenter de 3,6 millions de personnes à 5 millions dans la première moitié de 2021, a averti le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU.
« Les poches de conditions semblables à la famine sont déjà retournées pour la première fois en deux ans», a signalé le PAM dans un communiqué.
« Le nombre de personnes souffrant de ce niveau d'insécurité alimentaire catastrophique pourrait tripler de 16,500 actuellement à 47,000 personnes entre janvier et juin 2021».
Le directeur-général du PAM David Beasley a confié « les chiffres alarmants doivent être un signal d'alarme pour le monde ».
« Le Yémen est au bord de la famine et nous ne devons pas tourner le dos à des millions de familles qui sont maintenant dans le besoin urgent», a-t-il ajouté.