Les cas de malnutrition chez les jeunes enfants ont atteint rapidement les niveaux les plus élevés jamais enregistrés dans certaines régions du Yémen ravagées par la guerre, ont indiqué les Nations unies mardi 27 octobre, alors que la pandémie de coronavirus et la pénurie de financements d’aide aggravent la crise humanitaire.
Plus d’un demi-million de cas de malnutrition sévère chez les enfants de moins de 5 ans ont été enregistrés dans le sud, et une étude actuellement en cours dans le nord du pays devrait fournir des résultats « tout aussi préoccupants », ont-elles ajouté.
Une augmentation de 15,5 % des cas de malnutrition sévère dans ce groupe d’âge fait qu’au moins 98 000 enfants « courent un grand risque de mourir » à moins de recevoir un traitement urgent, ont indiqué dans un communiqué l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, le Programme alimentaire mondial et le Fonds des Nations unies pour l’enfance UNICEF.
« Les données que nous publions aujourd’hui confirment que la malnutrition sévère chez les enfants touche les plus grands nombres que nous ayons vus depuis le début de la guerre », a déclaré Lise Grande, la coordinatrice humanitaire des Nations unies au Yémen.
Le Yémen, plongé depuis 2014 dans une guerre provoquée par le coup d’État fomenté par les Houthis appuyés par l’Iran contre le gouvernement légitime, a plongé dans la pire crise humanitaire qu’ait connue le monde.
Plus de 24 millions de personnes, près de 80 % de la population, dépendent d’une forme ou une autre d’aide pour leur survie, et cette année, la situation s’est fortement détériorée.
« L’escalade du conflit et le déclin économique, auxquels s’ajoute l’énorme impact de la pandémie de COVID-19, ont poussé une population exténuée dans ses derniers retranchements », ont indiqué les Nations unies, ajoutant que les programmes d’aide, y compris l’aide alimentaire d’urgence, ont été perturbés par le tarissement des financements.
Situation « catastrophique »
En juillet, les Nations unies avaient averti que près d’une personne sur neuf dans le monde souffre de la faim, et que la pandémie de coronavirus et les chocs liés au changement climatique exacerbent des tendances déjà fortement marquées cette année.
Dans les hôpitaux pédiatriques du Yémen, la crise est manifeste, où des enfants squelettiques gémissent faiblement pendant que des familles angoissées tentent de veiller sur eux.
De nombreux parents craignent que leurs enfants contractent le coronavirus s’ils sont hospitalisés et hésitent de plus en plus à les envoyer suivre un traitement dans les hôpitaux.
« La malnutrition ici et dans tout le Yémen est catastrophique et nous assistons à une augmentation importante du pourcentage d’enfants sous-alimentés », a déclaré le pédiatre Fahad al-Qudsi, qui travaille à l’hôpital Joumhouri de Sanaa.
« Nous assistons à une pénurie de plus en plus forte de médicaments et d’alimentation adéquate pour les femmes enceintes », a-t-il déclaré mardi à l’AFP.
Seul 1,43 milliard de dollars sur les 3,2 milliards nécessaires pour financer les projets d’aide humanitaire au Yémen a été reçu mi-octobre.
En septembre, les Nations unies ont expliqué que l’aide critique avait été réduite à 300 dispensaires et que plus d’un tiers de leurs principaux programmes humanitaires avaient été réduits, voire totalement supprimés.
« Nous mettons en garde depuis juillet que le Yémen est au bord d'une crise catastrophique de la sécurité alimentaire », a ajouté Grande.
« Si la guerre ne s’arrête pas maintenant, nous allons vers une situation irréversible et risquons de perdre toute une génération de jeunes enfants yéménites. »