Les juges dans les zones contrôlées par les Houthis au Yémen mènent une grève depuis samedi 17 octobre, le club des juges à Sanaa a annoncé une grève dans tous les tribunaux et départements des procureurs à travers le pays.
Les grèves surviennent en protestation contre les attaques menées par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran contre le judiciaire, et les juges demandent l'arrestation des responsables de ces attaques et leurs complices.
« L'attaque sur le chef du tribunal de Sanaa au nord, et des attaques précédentes sur le chef et les juge du tribunal du sud-est de Sanaa, confirment une approche systémique et des tentatives persistantes [à cibler les juges]», a annoncé le club des juges du Yémen.
A la lumière de ces crimes, « le club des juges du Yémen a décidé de mener une grève générale à tous les départements des procureurs et tribunaux dans toutes les provinces jusqu'à ce que les revendications des juges soient satisfaites», a-t-il indiqué.
Le club a demandé que les responsables des attaques contre les membres du judiciaire et ceux qui ont tenté de faire dérailler le processus judiciaire en s’immisçant dans le travail de la justice soient arrêtés et introduits en justice.
Il a également demandé une protection adéquate de sécurité pour les membres et les sièges de l'autorité judiciaire, et que cette institution soit protégée par une politique claire, y compris une campagne médiatique et de sensibilisation.
Le club a aussi demandé que les Houthis assument leur responsabilité et répondent entièrement aux revendications des juges.
Impact sur la population
« Il y a un état général de mécontentement sur les rues à cause de la grève des tribunaux, qui a suspendu l'instruction de toutes les affaires et plaintes aux tribunaux et départements des procureurs», a fait savoir l'avocat Sadeq Abdou à Al-Mashareq.
« Les juges sont aussi en colère et mécontents car leurs demandes n'ont pas été satisfaites, et cela affecte la société en général», a-t-il dit.
Les tribunaux du Yémen servent de refuge et abri pour les opprimés, a indiqué l'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Barman à Al-Mashareq.
Dans les circonstances normales, poursuit-il, « les juges [n’auraient] pas le droit de mener une grève » pour demander des augmentations de salaires ou des promotions.
Mais cette fois, explique-t-il, la grève « concerne quelque chose qui menace en effet leurs vies et sape l'administration de la justice ».
Il a accusé les Houthis de s'immiscer dans le travail de la justice et des juges.
L'ingérence dans le système des tribunaux et les attaques contre le judiciaire ont saper le prestige de cette institution, a-t-il dit, et les juges sont en réalité des « employés travaillant pour le superviseur désignés par les Houthis et qui contrôle réellement tout ».
Face à cette situation, il incombe aux juges « de défier toutes ces violations et tenter de les arrêter », a-t-il confié.