Terrorisme

Le Liban est vulnérable à la résurgence des extrémistes, affirment des experts

Junaid Salman à Beyrouth

Le 27 septembre, les Forces de sécurité intérieure libanaises démolissent une maison où se cachaient des éléments présumés de l'EIIS dans la région de Wadi Khaled, dans le nord du pays, près de la frontière avec la Syrie. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Le 27 septembre, les Forces de sécurité intérieure libanaises démolissent une maison où se cachaient des éléments présumés de l'EIIS dans la région de Wadi Khaled, dans le nord du pays, près de la frontière avec la Syrie. [Ibrahim Chalhoub/AFP]

Alors que le Liban est en proie à une crise économique et politique, des experts en sécurité préviennent que le pays est vulnérable à une résurgence des activités extrémistes.

La sécurité s'était améliorée après le succès de l'opération Fajr al-Juroud (Aube de l'al-Juroud) en août 2017, qui avait chassé « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) et le Front al-Nosra (ANF) de la région d'Arsal.

Mais ces derniers mois, une série d'incidents a fait craindre une possible résurgence des activités extrémistes, bien que les experts aient déclaré que les forces libanaises ont largement démontré qu'elles sont équipées pour y faire face.

En outre, ils ont indiqué à Al-Mashareq que les Libanais eux-mêmes ne soutiennent pas les activités extrémistes et ne toléreront pas que la situation à Arsal se répète.

« Les évaluations de sécurité menées en Irak et en Syrie ont montré que les groupes terroristes gagnent en force chaque fois que l'État central s'affaiblit », a déclaré Khalil al-Helou, chercheur en affaires politiques et stratégiques et officier militaire à la retraite.

La corruption généralisée, les problèmes économiques et les troubles politiques, y compris la répression contre les manifestants par les autorités, « offrent aux groupes terroristes la possibilité de devenir actifs sans attirer l'attention », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Les groupes extrémistes n'ont pas besoin de beaucoup de préparation pour reprendre leurs activités, a-t-il fait savoir, car ils opèrent dans de petites cellules avec un autofinancement modeste, en utilisant des technologies et des outils rudimentaires.

Mais leur niveau d'activité relativement faible jusqu'à aujourd'hui montre qu'ils ne trouvent pas un environnement favorable au Liban, a-t-il indiqué, « sinon ils auraient représenté une menace plus grave et plus puissante ».

Al-Helou a noté que les agences de sécurité libanaises possèdent d'énormes capacités et mènent des opérations de sécurité préventives pour priver les cellules extrémistes de la liberté de se déplacer et de lancer des attaques.

On ne verra plus les conditions qui ont mené à la bataille d'Arsal en août 2014, a-t-il affirmé, au cours de laquelle des combattants de l'EIIS et du FAN avaient attaqué les postes de contrôle de l'armée libanaise, pris d'assaut le poste de police et s'étaient emparé de la ville.

Les activistes avaient pris en otage seize policiers, pendant des combats qui ont fait de lourdes victimes des deux côtés.

Activité extrémiste accrue

Les craintes d'une résurgence des activités extrémistes se sont accrues depuis le 14 septembre, lorsque l'armée libanaise a rapporté que quatre soldats avaient été tués alors qu'ils tentaient d'arrêter un terroriste présumé dans le nord du Liban.

Ces soldats avaient tenté d'arrêter Khaled al-Tallawi, qui dirigeait une cellule activiste à l'origine du meurtre le 21 août dernier de deux policiers et du fils du maire du village de Kaftoun dans le nord du pays, a fait savoir l'armée.

Lors d'un raid des forces libanaises sur sa maison dans la région de Beddawi près de Tripoli, al-Tallawi avait ouvert le feu et lancé une grenade sur les troupes, a rapporté l'armée.

Trois soldats avaient été tués sur place, et un autre grièvement blessé, qui avait plus tard succombé à ses blessures. Al-Tallawi avait ensuite été abattu après que des soldats l'eurent poursuivi avec des militants affiliés, dans une chasse à l'homme qui aura duré jusque dans la nuit.

Le 26 septembre, la police libanaise a tué au moins neuf membres présumés d'une importante cellule de l'EIIS lors d'un raid contre une maison de la région nord de Wadi Khaled où se cachaient des « suspects liés à l'EIIS ».

Trois autres membres de la cellule avaient été arrêtés lors de précédents raids.

Au cours d'un autre incident survenu à peu près au même moment, deux soldats libanais et un « terroriste » ont été tués lorsque les activistes ont attaqué un poste de l'armée dans la zone nord d'Arman-Miniyeh, a annoncé l'armée le 27 septembre.

Commentant les récents incidents dans le nord du Liban, les experts en sécurité ont noté un changement dans le mode opératoire de l'EIIS.

Les cellules extrémistes étaient importantes, refusaient de se rendre, et il a été découvert qu'elles autofinançaient leurs opérations grâce à des vols et des cambriolages, ont-ils déclaré.

L'expert en sécurité Naji Malaeb, officier militaire libanais à la retraite, a déclaré à Al-Mashareq qu'il ne pouvait pas exclure la possibilité que des cellules extrémistes « puissent être exploitées politiquement par certains belligérants » au Liban.

« Ces groupes existent et sont équipés », a-t-il déclaré, et compte tenu de la situation actuelle au Liban, ils pourraient tenter de mener à bien leurs complots extrémistes.

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