Diplomatie

Le Liban et Israël entament des pourparlers sur les frontières contestées

Nohad Topalian à Beyrouth

Naqoura, une petite ville du sud du Liban, située sur la côte méditerranéenne, marque la frontière maritime entre le Liban et Israël. [Photo diffusée sur Internet]

Naqoura, une petite ville du sud du Liban, située sur la côte méditerranéenne, marque la frontière maritime entre le Liban et Israël. [Photo diffusée sur Internet]

Le Liban et Israël ont mené des discussions sans précédent sous les auspices des Nations unies et des États-Unis mercredi 14 octobre afin de régler un conflit frontalier maritime et ouvrir la voie à l'exploration de pétrole et de gaz.

Ces discussions marquent un « premier pas dans la longue marche vers la démarcation » de la frontière maritime, a indiqué le chef de la délégation libanaise, le général Bassam Yassin, dans un communiqué publié après la fin de la session.

« Sur la base des intérêts supérieurs de notre pays, nous cherchons à atteindre un rythme de négociations qui nous permettra de clore ce dossier dans un délai raisonnable », a-t-il fait savoir.

Les discussions se font dans une base de la FINUL, dans la ville frontalière libanaise de Naqoura. Elles se tiennent plusieurs semaines après que Bahreïn et les Émirats arabes unis sont devenus les premiers États arabes à établir des relations avec Israël depuis l'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.

Une deuxième phase de négociations aura lieu le 28 octobre, selon une source militaire libanaise et l'Agence nationale de l'information.

Les pourparlers de Naqoura, qui ont porté exclusivement sur la frontière maritime contestée, ont eu lieu alors que le Liban, frappé par de multiples crises, espère poursuivre l'exploration pétrolière et gazière dans une partie de la Méditerranée qui est aussi revendiquée par Israël, a rapporté l'AFP.

Les États-Unis facilitent les négociations

Israël et le Liban n'ont pas de relations diplomatiques, et les discussions de mercredi étaient une rare interaction officielle, représentant les premières discussions sur des questions non militaires depuis des décennies entre deux pays techniquement toujours en guerre.

Ces pourparlers font suite à des années de navette diplomatique américaine entre les deux camps.

L'envoyé américain David Schenker a facilité la séance d'ouverture avec l'ambassadeur des États-Unis en Algérie John Desrocher, qui était le médiateur des discussions.

Israël a envoyé une équipe de six membres, dont le directeur général de son ministère de l'Énergie, le conseiller en politique étrangère du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de la division stratégique de l'armée.

La délégation libanaise de quatre membres comptait deux officiers de l'armée, un responsable et un expert en droit des frontières maritimes.

La réunion initiale devait « établir le mécanisme devant servir de base aux négociations pour les sessions suivantes », a expliqué une source du commandement de l'armée libanaise à Al-Mashareq avant les pourparlers.

Les négociations se déroulaient sous la supervision directe du président Michel Aoun, a-t-il ajouté.

En février 2018, le Liban avait signé son premier contrat pour le forage de pétrole et de gaz sur deux blocs en Méditerranée avec un consortium comprenant les géants de l'énergie Total, ENI et Novatek.

En avril, le Liban avait annoncé que les premiers forages dans le bloc 4 avaient montré des traces de gaz, mais pas de réserves commercialement viables. L'exploration de l'autre bloc, le bloc 9, n'a pas commencé et est plus controversée, car la propriété en est contestée par Israël.

Réduction des tensions régionales

On espère que les pourparlers renforceront la stabilité régionale en réduisant la tension aux frontières sud du Liban et en lui permettant de bénéficier des ressources pétrolières actuellement contestées, ont déclaré une source militaire et des analystes à Al-Mashareq.

La FINUL a indiqué qu'elle accueillait positivement ces discussions, et le secrétaire d'État américain Mike Pompeo avait déjà salué ce qu'il a appelé un accord historique entre les deux pays, le qualifiant de « résultat de près de trois ans d'intense engagement diplomatique ».

La démarcation des frontières pourrait « réduire l'intensité du conflit et de la tension aux frontières », où le Liban et Israël sont tous deux impatients de commencer le forage en mer, a déclaré la source proche du commandement de l'armée libanaise.

Mais tout apaisement des tensions dépendra principalement de la mesure dans laquelle les Libanais et les Israéliens s'engageront envers l'accord, a-t-il précisé, notant qu'après une démarcation de la frontière, les deux parties devront s'engager à respecter l'accord.

Un autre défi majeur, a ajouté l'analyste politique Tony Issa à Al-Mashareq, est de savoir si les parties alignées sur l'Iran au Liban « permettront aux négociations de parvenir à une conclusion ».

Litiges sur les frontières maritimes

Le Liban doit délimiter ses frontières maritimes avec Israël afin de résoudre la question des deux blocs contestés en haute mer, les blocs 8 et 9, a déclaré Laury Haytayan, une expert du pétrole et du gaz au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

La démarcation de ces frontières maritimes permettra au Liban de bénéficier de ses ressources en pétrole et en gaz, a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.

« Les États-Unis cherchent à trouver une solution à la question de la démarcation des frontières depuis 2010 », a-t-elle rappelé, notant que le Liban a entamé les négociations avec l'approbation du mouvement Amal, représenté par le président du parlement Nabih Berri.

Berri est un allié du Hezbollah soutenu par l'Iran.

« Nous sommes peut-être sur le point d'obtenir la stabilité et la tranquillité aux frontières après la démarcation », a déclaré Haytayan.

Un facteur clef dans la résolution des litiges sur les frontières maritimes sera la spécification du point final de la frontière terrestre à Naqoura, a déclaré l'experte en affaires diplomatiques Marlène Khalife à Al-Mashareq.

Ce sera le point de départ de la ligne qui sépare les zones maritimes des deux États, a-t-elle conclu, ce qui aidera à résoudre le différend sur plusieurs sites maritimes qui ont été une source de conflit entre les deux pays.

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