Politique

À Genève, les belligérants du Yémen négocient un échange de prisonniers

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des prisonniers houthis yéménites à leur arrivée à l'aéroport de Sanaa, après leur libération par la coalition arabe, le 28 novembre 2019. [Mohammed Huwais/AFP]

Des prisonniers houthis yéménites à leur arrivée à l'aéroport de Sanaa, après leur libération par la coalition arabe, le 28 novembre 2019. [Mohammed Huwais/AFP]

Un nouveau cycle de pourparlers entre le gouvernement yéménite et les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran sur la libération des prisonniers doit débuter vendredi 18 septembre à Genève.

Les discussions devaient commencer jeudi en Suisse, mais elles ont été reportées car les membres de la commission gouvernementale ne sont pas encore arrivés.

Les deux parties sont convenues d'échanger quelque 15 000 détenus dans le cadre de l'Accord de Stockholm, un accord de paix négocié par les Nations unies en Suède en 2018.

Il y a eu des échanges sporadiques de prisonniers jusqu'ici, mais la libération de 1420 détenus (900 fidèles au gouvernement et 520 Houthis) marquerait le premier échange de prisonniers à grande échelle depuis que la guerre a éclaté en 2014, a rapporté l'AFP.

Lors d'un briefing mardi au Conseil de sécurité des Nations unies, l'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Martin Griffiths, a déclaré que ce nouveau cycle de négociations entre les deux parties portera sur la libération des prisonniers et détenus liés au conflit.

Il a déclaré qu'un nouveau projet de déclaration commune sur le cessez-le-feu et la reprise des négociations de paix a été envoyé aux deux camps dans le cadre des efforts des Nations unies pour établir la paix.

Majid Fadail, vice-ministre des Droits de l'homme, fait partie de la commission gouvernementale sur les prisonniers, les détenus et les personnes disparues de force.

Il a déclaré que la réunion s'inscrit dans le cadre des efforts visant à mettre en œuvre l'accord d'échange de prisonniers prévu par l'Accord de Stockholm, et qu'elle « s'efforcera de trouver un mécanisme permettant de libérer tous les prisonniers des deux camps ».

Cela commencera par la mise en œuvre des accords conclus à Amman, qui prévoient la libération de 1420 prisonniers et détenus dans un premier temps, puis d'autres phases jusqu'à ce que tous les prisonniers aient été libérés, a-t-il précisé.

Abdoul Qader al-Mourtada, membre de la délégation houthie, a déclaré que la délégation s'est rendue à Genève mardi et a exprimé l'espoir que les pourparlers aboutissent.

Une source gouvernementale proche de la présidence du Yémen a indiqué que les pourparlers « seront la touche finale » après un accord conclu avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) « sur toutes les dispositions logistiques », a rapporté l'AFP.

Les discussions porteront sur les noms

« Le nombre de détenus qui seront libérés, soit environ 1420, a déjà été accepté », a déclaré à Al-Mashareq Hadi al-Haij, membre de la délégation gouvernementale.

« Mais le différend porte sur les noms de ceux qui seront libérés », a-t-il ajouté. « C'est ce dont nous allons discuter. »

« Ce cycle est prévu pour durer une ou deux semaines et pourra être prolongé si nécessaire », a-t-il poursuivi, soulignant que pour la partie gouvernementale, la question est plus humanitaire que politique.

Le politologue Faisal Ahmed a par ailleurs déclaré à Al-Mashareq que les Houthis ont tenté de transformer l'échange de prisonniers en une question politique.

« Les prisonniers détenus par le gouvernement sont des combattants houthis, mais les détenus des Houthis sont des militants civils et des professeurs d'université qui ont été arrêtés chez eux », a-t-il déclaré.

« Les Houthis ont ensuite émis des décisions de justice contre certains de ces prisonniers afin de se soustraire à leurs obligations antérieures de les libérer », a-t-il rapporté.

« Les Houthis manipulent ce dossier alors qu'il est purement humanitaire et ne devrait pas être lié à des questions politiques », a-t-il affirmé.

« Les Nations unies doivent travailler sur ce point et faire pression sur les Houthis pour qu'ils cessent d'arrêter des civils », a-t-il déclaré. « De cette façon, une solution pourra être trouvée à ce problème si les Houthis honorent leurs obligations et libèrent les prisonniers et les détenus. »

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