Depuis la condamnation de Salim Ayyash, membre du Hezbollah, le 18 août pour le meurtre de l'ancien Premier ministre libanais Rafiq al-Hariri, des rapports ont été publiés suggèrant qu'il faisait partie d'un commando top secret connu sous le nom d'Unité 121.
Ayyash, âgé de 56 ans, a été déclaré coupable par contumace par un tribunal soutenu par les Nations unies de l'attentat-suicide de 2005 qui a tué al-Hariri et 21 autres personnes. Le tribunal a acquitté par contumace trois membres du Hezbollah.
Après le verdict, de nombreux Libanais ont exprimé leur consternation, car le tribunal n'a pas établi de lien direct entre le Hezbollah et l'attaque, certains suggérant que la milice soutenue par l'Iran devait être derrière l'assassinat.
Ayyash n'aurait pas pu commettre seul ce type de crime, ont-ils déclaré à Al-Mashareq, ajoutant qu'il était membre du Hezbollah et que le chef du groupe, Hassan Nasrallah, avait refusé de livrer les accusés au tribunal.
Dans un rapport du 25 août citant des responsables de la sécurité anciens et actuels des États-Unis et de trois pays d'Europe et du Moyen-Orient, le Washington Post a rapporté qu'Ayyash était membre d'un commando du Hezbollah.
Ces responsables, s'exprimant sous condition d'anonymat en raison de la sensibilité des renseignements, ont déclaré au journal que le commando, connu sous le nom d'Unité 121, avait perpétré des assassinats sur ordre direct de Nasrallah.
L'Unité 121 avait commis au moins quatre autres assassinats, a affirmé le journal, et était active depuis des années sous différentes identités au moment où al-Hariri a été tué, Ayyash en étant membre depuis longtemps.
Ayyash a ensuite été commandant de l'Unité 121, ont précisé les responsables.
Unité top secrète
Un transfuge du Hezbollah qui a demandé à conserver l'anonymat par crainte de représailles a confirmé que l'Unité 121 « est une unité ultra-secrète créée après l'an 2000 dans le but de perpétrer des assassinats politiques ».
Pour rejoindre l'unité, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, les éléments du Hezbollah doivent « suivre des formations psychologiques, idéologiques et sur la sécurité » qui comprennent des périodes d'isolement qui les coupent des autres et des médias et de la télévision.
L'appartenance à l'Unité 121 semble être liée à la progression dans les rangs du parti, a-t-il poursuivi, certains membres du peloton d'exécution ayant par la suite reçu « le commandement de leur propre unité ».
Les membres de l'unité opèrent « sur ordre direct de Nasrallah, qui détermine si les personnes visées vont être liquidées ou emprisonnées », a précisé le transfuge du Hezbollah.
Cette décision était auparavant du ressort de Imad Mughniyeh, commandant militaire du Hezbollah tué en 2008, puis de Moustafa Badreddine, tué à son tour dans la région de Damas en mai 2016, a-t-il indiqué
Selon ce transfuge, « l'Unité 121 est assistée par les Unités 200 et 900 ».
« L'Unité 200 s'occupe de la collecte d'informations et de l'installation de caméras de surveillance et de matériel d'écoute, et l'Unité 900 s'occupe de la sécurité interne du parti, des ressources humaines et des enquêtes », a-t-il déclaré.
Selon Hussein Ezzeddine, membre du Mouvement de réforme chiite, la première mention de l'Unité 121 a été faite après la mort de Mughniyeh.
Après que Badreddine a été tué, a-t-il rapporté à Al-Mashareq, il a été question d'une Unité 119, ce qui semble indiquer « que ce sont les deux unités qui ont perpétré les meurtres et les assassinats ».
« Cycle d'effusion de sang »
L'assassinat politique fait partie intégrante du mode opératoire du Hezbollah, a déclaré le chercheur et activiste politique Luqman Salim à Al-Mashareq.
« La base dans le lexique du Hezbollah est que l'utilisation de la violence est permise », a-t-il déclaré.
Par conséquent, a-t-il ajouté, « il n'est pas choquant que ceux qui considèrent l'assassinat comme permis aient mis en place cette Unité 121 dans le but de perpétrer des assassinats ».
Commentant les rapports selon lesquels le commando est toujours actif, il a déclaré qu'il n'est pas possible de prédire s'il commettra d'autres assassinats, mais il a dit craindre « le retour du cycle d'effusion de sang ».
« En ce qui concerne la scène irakienne, il faut s'attendre à tout », a-t-il indiqué.
« Nous nous sommes habitués à ce que chaque fois qu'il y a une vacance du pouvoir et un système [politique] paralysé au Liban, [la situation] devient propice à des assassinats sanglants, dans le contexte des problèmes actuels », a déclaré Salim.