Terrorisme

La guerre au Yémen s’éternise, AQPA veut en profiter pour se regrouper

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des soldats yéménites se rassemblent sur un poste de contrôle où trois policiers ont été tués dans un attentat-suicide d’al-Qaïda dans la province d’al-Bayda, au sud de Sanaa, le 13 mars 2012. [AFP]

Des soldats yéménites se rassemblent sur un poste de contrôle où trois policiers ont été tués dans un attentat-suicide d’al-Qaïda dans la province d’al-Bayda, au sud de Sanaa, le 13 mars 2012. [AFP]

Après l’exécution et la crucifixion d’un dentiste dans le district de Sawmaa, dans la province yéménite d’al-Bayda, al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a organisé une attaque contre le centre de santé du district.

Les activistes d'al-Qaïda ont truffé le centre d'explosifs et l'ont fait sauter à distance le 25 août, dix jours après avoir tué le dentiste Motthar al-Youssoufi qui y travaillait, selon des renseignements locaux.

Ce centre était l'établissement local principal, desservant des dizaines de patients chaque jour.

Le ministre yéménite de l'Information, Mouammar al-Eryani, a condamné cette attaque dans une déclaration du 26 août, notant que les Houthis (Ansarallah) avaient mené des attaques similaires contre des biens publics et privés de leurs opposants.

Ces agissements confirment que « si les Houthis et al-Qaïda diffèrent sur le plan idéologique, leurs méthodes et leurs objectifs sont bien les mêmes : établir un système de tutelle et un califat, lancer de faux slogans, recruter des enfants, commettre des crimes et des exactions, qualifier de kouffar ceux qui sont en désaccord avec eux, détruire des infrastructures et prendre pour cible des intérêts internationaux », a-t-il déclaré.

Dans une précédente déclaration le 15 août, al-Eryani avait souligné l'engagement du gouvernement à chasser l'extrémisme et le terrorisme d'al-Bayda, à restaurer l'État et à consolider la sécurité et la stabilité.

Aggravation de la souffrance des gens

Avec l'exécution du Dr al-Youssoufi et l'attentat à la bombe contre le centre de santé, al-Qaïda a voulu semer la panique, affirmant sa présence par ses actes de terrorisme, a expliqué à Al-Mashareq le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez.

Le groupe extrémiste cherche à montrer une présence sur le terrain et à mettre en garde la population que ces opérations « sont un prélude », a-t-il déclaré.

Les attaques d'al-Qaïda visent à « détruire tout ce qui donne un sentiment d'espoir aux gens, comme les écoles et les centres de santé », a-t-il indiqué, soulignant que le groupe cible ces installations essentielles parce qu'elles « aident les gens ».

L'attaque contre le centre de santé était un crime « contre tous les habitants du district de Sawmaa et des zones voisines, dont les habitants avaient l'habitude de fréquenter le centre pour se faire soigner », a fait avoir l'analyste politique Faisal Ahmed.

L'incident s'est déroulé alors que les Nations unies ont prévenu que la moitié des établissements de santé du Yémen devront être fermés s'ils ne reçoivent pas un financement essentiel dans les semaines à venir, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

Il a noté que 50 % des installations du secteur de la santé fonctionnent déjà à une capacité minimale à cause de la guerre en cours au Yémen.

« Al-Qaïda s'attaque à la vie et au destin des gens en ciblant les installations de services », a-t-il affirmé.

La paix est essentielle

Ahmed a souligné la présence de cellules affiliées à al-Qaïda à al-Bayda et dans certaines autres provinces « où elles se regroupent et établissent des plans, profitant de la non-application de l'Accord de Riyad ».

Au vu de cette menace, il a ajouté que « toutes les parties locales, arabes et internationales doivent se concentrer sur sa mise en œuvre ».

La perpétration de deux crimes terroristes dans une et même région confirme « qu'al-Qaïda est de retour sur la scène« , a-t-il déclaré, notant que les attaques servent « d'invitation aux membres du groupe à revenir et à rejoindre ses rangs [pour qu'il puisse] reprendre ses activités ».

Des informations signalent la présence du leader d'AQPA, Khalid Saeed al-Batarfi, à al-Bayda, a rapporté Ahmed.

Avant cela, l'armée yéménite traquait depuis un certain temps des éléments d'al-Qaïda dans les provinces du sud, avec le soutien de la coalition arabe, a-t-il fait savoir.

« La topographie accidentée et difficile de la région entre al-Bayda et Marib, et celle de la partie comprise entre al-Bayda et Abyan, et entre al-Bayda et Shabwa, fournit au groupe une couverture adéquate à partir de laquelle il peut reprendre ses activités », a expliqué Ahmed.

Les récents attentats d'al-Qaïda montrent qu'il s'agit d'un « groupe de mort anti-vie », a déclaré l'analyste politique Adel al-Shujaa à Al-Mashareq.

« Le groupe profite des guerres et du chaos pour réorganiser ses rangs », a-t-il déclaré.

Parmi les crimes commis par al-Qaïda et l'EIIS à al-Bayda en 2020, on peut citer l'attaque en mars d'une voiture qui transportait un homme, sa femme et sa fille dans le quartier d'al-Dahra, dans le district d'al-Quraishiyah. Tous les trois ont été tués dans l'attaque.

Et en mai, des éléments d'al-Qaïda ont pris pour cible la voiture d'ingénieurs du ministère des Télécommunications avec un engin explosif improvisé (EEI), les tuant et blessant une autre personne.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500