Les armes iraniennes fournies aux Houthis (Ansarallah) au Yémen sont acheminées clandestinement vers la Somalie, et de là potentiellement vers d'autres zones de conflit en Afrique, a fait savoir l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC) dans son dernier rapport.
« La fourniture d'armes et de munitions par l'Iran à l'insurrection houthie a été bien documenté dans une série de saisies maritimes à bord de boutres remontant à 2015 », a indiqué le Bulletin des risques de juillet/août.
« Des preuves sont apparues suggérant que certaines de ces armes iraniennes pourraient ensuite être envoyées illégalement par des réseaux criminels vers la Corne de l'Afrique depuis le Yémen (ou même être détournées sur le chemin du Yémen) », a-t-il précisé.
Dans l'exemple le plus récent, des forces de la coalition menée par l'Arabie saoudite ont saisi un boutre transportant des armes iraniennes destinées aux Houthis le 24 juin.
« La cargaison saisie comprenait près de 1300 fusils d'assaut, ainsi que des fusils de précision, des lance-roquettes et des missiles guidés antichars », a déclaré GI-TOC.
En février, l'armée américaine avait intercepté un boutre en mer d'Arabie qui se dirigeait vers le Yémen avec à son bord des armes de fabrication iranienne destinées aux Houthis.
Ces armements saisis le 9 février sont « identiques » à une cache d'armes saisie dans la mer d'Arabie par le destroyer à missiles guidés USS Forrest Sherman le 25 novembre, a fait savoir le commandement central des États-Unis.
Dans les deux cas, la fourniture d'armes iraniennes aux Houthis du Yémen enfreint un embargo sur les armes des Nations unies en vigueur depuis avril 2015, mais qui doit expirer le 18 octobre.
La fourniture d'armes par l'Iran enfreint également des résolutions antérieures des Nations unies interdisant l'exportation et l'importation d'armes en Iran, y compris les Résolutions 1737 de 2006, 1747 de 2007 et 1929 de 2010.
Armes iraniennes en Somalie
Fin juin, le GI-TOC a joué le rôle de « Jama », un ressortissant somalien arabophone vivant à Nairobi.
Jama a contacté Jabir al-Haadi (nom changé), un marchand d'armes de Sanaa, en disant qu'il voulait négocier une vente d'armes au nom d'un client sud-soudanais (fictif).
Du 27 juin au 5 juillet, Al-Haadi et Jama ont échangé des dizaines de messages vocaux enregistrés sur WhatsApp.
« Al-Haadi a partagé des informations détaillées sur son travail, y compris ses stocks d'armes actuels, ses associés et ses moyens préférés de recevoir des transferts financiers », a rapporté GI-TOC. « Il a également fourni plusieurs photographies d'armes de son entrepôt à Sanaa, dont une montrant le numéro de série et les inscriptions associées d'un fusil chinois Type 56-1 de fabrication récente. »
Grâce à ce numéro de série, le GI-TOC a déterminé que le fusil avait en commun certaines caractéristiques avec des armes qui auraient été fournies par l'Iran aux Houthis. Le même type de fusil avec un numéro de série très similaire avait déjà été enregistré dans le centre de la Somalie en avril 2019.
Sur la base de ces recherches, le GI-TOC a conclu à « l'existence de réseaux de contrebande d'armes illicites qui voient les armes iraniennes destinées au Yémen aboutir en Somalie, et potentiellement au-delà ».
La Somalie, où se trouve le groupe terroriste al-Shabaab, qui a des liens avec al-Qaïda, est soumise à un embargo sur les armes imposé par les Nations unies depuis 1992.
Par conséquent, toutes les importations d'équipements militaires dans le pays, en dehors des exemptions spécifiques approuvées par le Conseil de sécurité, enfreignent le droit international.
Les intérêts expansionnistes de l'Iran
« Le trafic d'armes vers l'Afrique par les Houthis montre que l'Iran a fait du Yémen un centre d'exportation d'armes et de munitions vers des groupes terroristes », a affirmé Abdoul Salam Mohammed, directeur du Centre Abaad de recherche et d'études.
Les nouvelles preuves « indiquent que les Houthis sont passés de la suffisance à l'exportation, et que l'Iran contrôle désormais totalement le Yémen et [...] constitue une menace à la fois pour la Corne de l'Afrique et pour le Golfe », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Le trafic d'armes de l'Iran vers le Yémen et au-delà révèle « la mesure dans laquelle le régime porte atteinte à la sécurité et à la stabilité des pays de la région et au commerce international, et viole le droit international ».
« Les preuves confirment que l'Iran est un pays aux intérêts expansionnistes, et pour qu'il puisse réaliser ses intérêts, la force que représente la possession d'armes doit être utilisée », a déclaré l'analyste politique Adel al-Shujaa.
« L'Iran essaie par tous les moyens de soutenir ses alliés houthis et de leur fournir des armes, et à cause de l'embargo qui lui est imposé, il utilise divers moyens pour mener sa contrebande », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
La contrebande d'armes de l'Iran vers le Yémen et la Corne de l'Afrique fait partie de ses plans pour contrôler le détroit de Bab-el-Mandeb, a indiqué l'analyste politique Faisal Ahmed.
Par l'intermédiaire de ses alliés houthis et en faisant de la contrebande d'armes vers la Somalie, l'Iran entend semer le chaos dans la région et utiliser ce couloir commercial international stratégique au cas où la communauté internationale prendrait des mesures pour resserrer les sanctions contre lui, a-t-il déclaré.
« L'Iran est devenu une source d'instabilité dans la région en prolongeant la guerre au Yémen pendant plus de cinq ans et en menant des attaques terroristes dans les eaux régionales en ciblant les navires commerciaux avec des mines marines et des bateaux piégés », a rapporté Ahmed.
Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) dispose « d'unités spéciales qui s'occupent de la contrebande et du transport d'armes vers ses alliés, dont certaines ont été utilisées pour attaquer la compagnie saoudienne Aramco et nuire à l'économie mondiale », a-t-il déclaré.
En juin, les Nations unies ont annoncé que les missiles de croisière et les drones utilisés lors des attaques de septembre 2019 contre les installations pétrolières saoudiennes étaient « d'origine iranienne », notamment les composants qui avaient été fabriqués en Iran ou exportés dans ce pays.
« L'Iran utilise des navires traditionnels et les îles yéménites, et à partir de là les cargaisons d'armes de contrebande prennent une route, soit vers le Yémen, soit vers la Somalie ou d'autres pays de la Corne de l'Afrique », a indiqué Ahmed.
« Le trafic d'armes de l'Iran enfreint les lois internationales et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-il conclu.
Je dis que l'Iran, Israël, l'Amérique et l'Arabie saoudite sont tous impliqués dans cela. Mais seulement Allah sait mieux !
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