Amnesty International a accusé mercredi 2 septembre les forces de sécurité iraniennes d'utiliser la torture pour obtenir des aveux, disant que des centaines de personnes ont été condamnées à des peines de prison depuis la sévère répression des manifestationsl'an dernier.
Des manifestations déclenchées en novembre 2019 à travers l'Iran, après une forte hausse du prix du pétrole, ont été rapidement et sévèrement réprimées par les forces de sécurité, qui ont procédé à de nombreuses arrestations, sur fond de coupure quasi complète d'internet.
Amnesty dit avoir recueilli des dizaines de témoignages de 7.000 personnes, estimant qu'elles ont été arrêtées, dont des enfants âgés de 10 ans.
Les témoignages révèlent « une liste de violations choquantes des droits de l'homme, dont des détentions arbitraires, des disparitions forcées, la torture et d'autres mauvais traitements », a dénoncé l'ONG.
Les personnes arrêtées ont été soumises à la torture pour obtenir des « confessions » pour admettre avoir participé aux manifestations, être membre d'un groupe d'opposition ou être en contact avec des gouvernements ou médias étrangers, a-t-elle ajouté.
La torture et les mauvais traitements, par la police et des membres des renseignements, « étaient généralisés », d'après l'ONG.
Amnesty affirme avoir recueilli les noms de plus de 500 personnes « soumises à des poursuites pénales inéquitables en lien avec les manifestations ».
« Des centaines de personnes ont ainsi été condamnées à des peines de prison, de flagellation et à des peines de mortaprès des procès largement inéquitables à huis clos présidés par des juges biaisés », a signalé Amnesty.
Les peines de prison allaient d'un mois à 10 ans, a précisé le rapport.
'Percé avec des millions d'aiguilles'
Les techniques de torture utilisées incluent des noyades, des coups, l'électrocution, la pulvérisation de gaz poivré sur les parties génitales, des violences sexuelles, des simulacres d'exécution et l'arrachage d'ongles, selon Amnesty.
« J'avais l'impression que des millions d'aiguilles perçaient tout mon corps », a affirmé à Amnesty un homme disant avoir subi des électrocutions.
Un autre homme dit avoir été suspendu, les bras et jambes attachés à un poteau, une méthode qui serait nommée « le chicken kebab » par ses enquêteurs, a ajouté le rapport.
En mai, le ministre iranien de l'Intérieur a indiqué que près de 225 personnes avaient été tuées durant les manifestations de novembre, lorsque les pompes à essence ont été incendiées, des stations de police attaquées et des magasins pillés.
Un groupe d'experts indépendants de l'ONU a indiqué en décembre un bilan pouvant être supérieur à 400 morts durant la répression, selon des informations non confirmées.