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Les livraisons de pétrole iranien au Venezuela pourraient déclencher de nouvelles sanctions américaines

Sultan al-Barei à Riyad

Un navire iranien part vers des ports vénézuéliens, enfreignant des sanctions internationales. [Photo de Mehr News]

Un navire iranien part vers des ports vénézuéliens, enfreignant des sanctions internationales. [Photo de Mehr News]

La poursuite des livraisons de pétrole de l'Iran au Venezuela est un acte hostile et provocateur qui va aggraver l'isolement et les difficultés financières des deux pays, alors que le gouvernement américain a prévenu qu'il y aurait de nouvelles sanctions, ont fait savoir des analystes.

Le Venezuela est presque entièrement dépendant de ses revenus pétroliers, mais sa production est passée à environ un quart de son niveau de 2008, et son économie a été dévastée par six années de récession.

Les sanctions américaines contre le régime du président Nicolas Maduro ont forcé le pays, qui raffinait auparavant suffisamment de pétrole pour ses propres besoins, à se tourner vers des alliés comme l'Iran afin de pallier une grave pénurie d'essence.

L'Iran a envoyé plusieurs pétroliers au Venezuela en début d'année. Quatre autres pétroliers ont été saisis en août alors qu'ils étaient en route vers le Venezuela.

Des marins iraniens et vénézuéliens à l'arrivée d'un pétrolier iranien au Venezuela. [Photo de Mehr News]

Des marins iraniens et vénézuéliens à l'arrivée d'un pétrolier iranien au Venezuela. [Photo de Mehr News]

Les États-Unis ont accusé l'homme d'affaires iranien Mahmoud Madanipour, qui aurait eu des liens avec le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), d'organiser des livraisons de pétrole pour le Venezuela en utilisant des sociétés-écrans offshore et des transferts de navire à navire pour contourner les sanctions contre l'Iran.

Dans un effort pour interrompre le commerce entre l'Iran et le Venezuela, le Trésor américain prépare des sanctions contre pas moins de 50 pétroliers, a rapporté Bloomberg le 9 juin, citant une source bien informée.

Cibler les pétroliers représenterait une escalade dans les efforts américains visant à perturber le commerce et l'argent circulant entre les deux pays alors qu'ils forgent une relation de plus en plus étroite, a-t-elle déclaré.

Les responsables du département du Trésor ont refusé de répondre aux questions.

Le 24 juin, les États-Unis ont imposé des sanctions à cinq capitaines de navires iraniens qui ont livré du pétrole au Venezuela.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré que les pétroliers sous pavillon iranien, qui ont livré 1,5 million de barils d'essence et de pétrole au Venezuela, ont été placés sur la liste noire de l'Office de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Trésor américain.

Maduro a récemment remercié le président iranien Hassan Rohani et le guide suprême Ali Khamenei pour les livraisons, déclarant que le Venezuela avait « de bons et courageux amis ».

« Un acte militaire provocateur »

L'envoi de pétroliers au Venezuela par le CGRI est un « acte militaire provocateur qui aura de graves conséquences », a déclaré le journaliste et analyste politique iranien d'opposition Ali Narimani.

L'Iran apporte son aide au Venezuela et à d'autres pays « alors que le peuple iranien est confronté aux pires conditions économiques qu'il a jamais connues », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

« Les livraisons de pétrole de l'Iran au Venezuela entraîneront des sanctions supplémentaires contre le CGRI, qui semble indifférent au peuple iranien qui est au bord de la famine », a-t-il indiqué.

En faisant des affaires avec l'Iran, le Venezuela risque d'aggraver son effondrement économique, comme pour d'autres alliés de Téhéran, parmi lesquels le régime syrien et le Hezbollah libanais.

L'achat de pétrole iranien finance également les activités du CGRI, un groupe terroriste désigné par les États-Unis.

L'Iran exploite les pays en crise pour les infiltrer et gagner de l'argent, a expliqué l'expert militaire libanais et officier militaire à la retraite Jamil Abou Hamdan.

En Irak, au Yémen, en Syrie et au Liban, l'Iran exploite la situation économique désastreuse en lançant une grande campagne de propagande faisant l'apologie de son apport de tous types d'aide, dont le pétrole et la nourriture, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

La machine de propagande iranienne prétend que cette aide est sans conditions, « alors qu'en vérité il veut quelque chose en retour », comme de l'argent ou de l'influence, a déclaré Abou Hamdan.

Des interventions intéressées

« Sans l'intervention iranienne en Syrie, la situation pourrait aujourd'hui être complètement différente », a déclaré le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah à Al-Mashareq.

L'Iran est intervenu au prétexte de défendre les lieux saints et de protéger et aider le peuple syrien, « mais il est devenu plus tard évident que cette intervention ne servait que l'intérêt du régime iranien », a-t-il déclaré.

L'Iran cherche à dominer la Syrie « en contrôlant ses ressources économiques et naturelles », a-t-il ajouté. « Pour chaque piastre que l'Iran a donné à la Syrie, il en reçoit des milliers en retour. »

Il contourne les sanctions qui lui ont été imposées, livrant de grandes quantités de pétrole à la Syrie pour répondre aux besoins de l'armée et des centrales électriques syriennes, a-t-il rapporté. « Mais on a appris plus tard que [l'Iran] a été payé pour le pétrole directement ou grâce à des contrats à long terme. »

Le même scénario se répète avec le Venezuela, a déclaré al-Abdoullah.

L'Iran semble soutenir le Venezuela en lui fournissant le pétrole dont il a tant besoin, a-t-il indiqué, « mais la vérité est que le CGRI compte sur des accords importants pour l'aider à survivre aux difficultés financières auxquelles il est confronté, car l'économie iranienne est au bord de l'effondrement ».

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