Manifestations

L'Iran doit infirmer les peines de mort contre les manifestants selon les experts de l'ONU

Par l'AFP

Un homme portant un smartphone connecté à un réseau Wifi sans accès à l'internet dans un bureau à la capitale iranienne Téhéran le 17 novembre 2019. L'accès à internet a été limité lorsque les manifestations ont fait éruption deux jours plus tôt, et a été limité à nouveau jeudi 16 juillet lors de nouvelles manifestations. [Atta Kenare/AFP]

Un homme portant un smartphone connecté à un réseau Wifi sans accès à l'internet dans un bureau à la capitale iranienne Téhéran le 17 novembre 2019. L'accès à internet a été limité lorsque les manifestations ont fait éruption deux jours plus tôt, et a été limité à nouveau jeudi 16 juillet lors de nouvelles manifestations. [Atta Kenare/AFP]

Un groupe d'experts onusiens des droits de l'homme a appelé jeudi 16 juillet l'Iran à infirmer les peines de mort prononcées contre trois personnes pour leur participation aux manifestations, après qu'elles auraient été torturées pour leur extorquer des aveux.

La Cour suprême de l'Iran avait plus tôt cette semaine confirmer la peine de mort contre les trois -- Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi, et Mohammad Rajabi -- pour des actes criminels pendant les manifestations de novembre déclenchées par une hausse des prix du carburant .

« Aujourd'hui nous rejoignons des centaines de milliers d'iraniens sur les réseaux sociaux qui ont condamné ces peines de mort», ont annoncé plus d'une dizaine d'experts onusiens indépendants, sur des questions telles que les exécutions arbitraires, la liberté de rassemblement et la torture.

« Nous exhortons le chef du judiciaire à immédiatement infirmer cette décision et accorder une révision judiciaire immédiate et indépendante», ont-ils fait savoir dans un communiqué.

Les experts, qui sont désignés par l'ONU mais qui ne parlent pas en son nom, ont également appelé à une « enquête indépendante et impartiale sur les allégations de torture ».

Les trois hommes ont été accusés de prendre les armes pour ôter les vies et la propriété et pour leur implication dans des actes de vandalisme et d'incendie criminel lors des manifestations, ce qu'ils ont nié, a indiqué le communiqué.

Ils ont été préliminairement condamné à mort en février par un tribunal qui avait également imposer des peines de prison et flagellation contre eux pour d'autres accusations.

Allégations de torture

« Depuis le début, leur arrestation et détention et procès ultérieur est rempli d'allégations de déni de leurs droits à un procès équitable», ont souligné les experts.

Ils ont dit que les trois avaient avoué après avoir été soumis à la torture, y compris les coups, chocs électriques et suspension par les pieds la tête en bas.

Ils ont été privés de soins médicaux et accès à un avocat lors des interrogatoires, et leurs avocats élus n'ont pas été autorisés à les représenter devant la Cour suprême et n'ont pas pu accéder aux dossiers de leurs affaires pendant le procès, ont-ils précisé.

Les experts ont signalé que le fait d'imposer la peine de mort « sur la base d'accusations trop vague d'atteinte à la sécurité nationale s'élèverait à une violation grave des obligations iraniennes des droits de l'homme ».

« Le droit international limite l'imposition de la peine de mort à des crimes plus graves et exclut son imposition si un procès équitable n'a pas été accordé et si les autres droits ont été violés», ont-ils expliqué.

Au moins 304 personnes sont mortes lorsque les manifestations ont été violemment réprimées par les forces de sécurité de l'État, ont indiqué les experts onusiens.

Ils ont appelé l'Iran à mener une enquête indépendante, impartiale et transparente sur les évènements de novembre, à poursuivre les responsables d'État impliqués dans les violations des droits de l'homme et libérer toute personne détenue pour avoir manifesté pacifiquement.

La police disperse une nouvelle manifestation

La police iranienne a annoncé mardi qu'elles ont dispersé par force une manifestation par une foule scandant des slogans « brisant les normes » au sud-ouest contre les difficultés économiques .

Selon un chef de police local, des résidents Behbahan se sont rassemblés jeudi soir pour protester contre la situation économique, a rapporté l'agence de presse d’État IRNA.

La police avait essayé au début de parler à la foule, qui ne s'est pas dispersée et a commencer à scander des slogans « brisant les normes » -- une expression utilisée habituellement par les autorités iraniennes pour faire référence à tous les slogans antisystème.

Les forces de sécurité ont dispersé la manifestation avec « fermeté », a précisé le chef de police, ajoutant que le « calme » a été rétabli sans victimes ou dégâts aux propriétés.

Des publications non-vérifiées sur les réseaux sociaux ont montré des images et vidéos de personnes rassemblées dans une rue de la ville de la province de Khuzestan.

Netblocks, un site qui supervise les coupures d'internet, a indiqué que l'accès à l'internet a été limité et interrompu pendant environ trois heures à Khuzestan au moment de la manifestation.

Khuzestan est une région clé de production de pétrole qui se plaint souvent de la négligence officielle. Se situant sur la frontière irakienne, c'est l'une des rares zones en Iran à avoir une grande communauté arabe sunnite.

Les manifestations n'ont pas été limitée à Behbahan. Les gens sont descendus dans les rues à la capitale, Téhéran, à Tabriz, Shiraz et Orumiyeh. La sécurité du gouvernement a été renforcée à travers le pays en réponse aux manifestations, et un nombre de manifestants auraient été arrêtés.

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