Économie

Inquiétude croissante au Liban alors que les discussions avec le FMI sont bloquées

Par l'AFP

Dans cette photo d'archive prise le 15 janvier, une femme prend une photo d'un GAB qui a été vadalisé la nuit précédante par des manifestants à Beyrouth, alors que le Liban se débat avec sa pire crise économique depuis la guerre civile. [Anwar Amro/AFP]

Dans cette photo d'archive prise le 15 janvier, une femme prend une photo d'un GAB qui a été vadalisé la nuit précédante par des manifestants à Beyrouth, alors que le Liban se débat avec sa pire crise économique depuis la guerre civile. [Anwar Amro/AFP]

Les discussions entre le Liban frappé par la crise et le Fonds monétaire international (FMI) sont au point mort et les dirigeants hésitent à introduire les réformes. Cependant, sans cette aide vitale de quelques milliards de dollars, la situation semble sombre.

Le Liban se bat pendant plusieurs mois avec sa pire crise économique depuis la guerre civile. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu leurs emplois ou une partie de leurs salaires, alors qu'une grave pénurie du dollar a provoqué une inflation rapide.

Après que le pays était pour la première fois en défaut de paiement sur sa dette souveraine en mars, le gouvernement s'est engagé à faire des réformes et en mai il a commencé des discussions avec le FMI pour débloquer des milliards de dollars d'aide.

Mais après 16 séances, les négociations sont bloquées.

« Le FMI a quitté la table des négociations et les discussions sont suspendues», a confié un membre de l'équipe libanaise de négociations, parlant sous couvert de l'anonymat.

Une autre source libanaise proche des discussions a indiqué que les représentants du FMI n'ont pas « senti un engagement sérieux du côté de la délégation libanaise » envers la réforme.

« Chaque faction lutte pour ses intérêts personnels alors que le pays brûle», ont-ils affirmé.

Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU a alerté vendredi que la crise économique libanaise « devient rapidement hors de contrôle ».

Elle a appelé à des réformes internes urgentes couplées au soutien international pour empêcher davantage de chaos.

'Aidez-nous à vous aider'

Depuis octobre, la crise approfondie a provoqué des manifestations massives réclamant le retrait en bloc d'une classe politique considérée incompétente et corrompue.

La crise a causé une hausse de la pauvreté à environ 50% et le chômage à 35%.

Ces derniers jours, la livre libanaise a été échangée à plus de 9000 livres contre un dollar sur le marché noir.

En mars, le gouvernement avait promis des réformes demandées depuis longtemps par les bailleurs de fonds internationaux, y compris des réductions de budget, des hausses des impôts et la réforme du secteur de l'électricité, mais peu de choses ont été faites.

Une source occidentale a confié que la dernière séance « s'est mal passée », et poussant les négociateurs du FMI à exhorter les représentants du Liban à « arrêter de les mener en bateau ».

Deux principaux membres de l'équipe libanaise de négociation qui ont démissionné le mois dernier ont accusé le gouvernement de ne montrer aucun engagement clair vers la réforme.

Mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a affirmé qu'il était « très inquiet ».

« Aidez-nous à vous aider, » a-t-il crié.

L'analyste Nasser Yassin a précisé que la classe dirigeante manquait de volonté politique.

« Pour s'assurer qu'ils ne perdront pas tout, ils préfèrent que le pays reste au bord de l'effondrement que d'initier de sérieuses réformes», a-t-il confié.

De telles réformes, a-t-il dit « les priveront de leur pouvoir, de leur main-basse sur l’État, l'économie et la société », a-t-il expliqué.

'Les responsables en déni'

Le FMI demande aussi au Liban un audit de sa banque centrale et l'émission de contrôle officiel de capitaux pour remplacer les capitaux informels et les restrictions sur les transferts imposées depuis l'automne.

Il réclame aussi un flottement de sa monnaie pour que les libanais puissent suivre un unique taux de change.

Pour exacerber la situation davantage, les discussions avec le FMI surviennent alors que les tensions remontent entre les États-Unis et le Hezbollah, qui est un acteur politique clé au Liban.

« Le Hezbollah est une organisation terroriste et nous soutenons le Liban tant qu'il mène les bonnes réformes et qu'il n'est pas un État affilié à l'Iran», a affirmé le secrétaire d’État américain Mike Pompeo cette semaine.

« Je ne vois pas d'alternative à l'aide du FMI», a souligné la source occidentale. « Le pays s'écroule, ainsi que la livre libanaise, alors que les responsables sont dans le déni».

Le gouvernement libanais affirme qu'il a besoin de 20 milliards de dollars de financement externe, une estimation qui inclut un package d'aide de 11 milliards de dollars promis par les bailleurs de fonds lors d'une conférence à Paris en 2018.

Mais sans l'aide du FMI, il est peu probable que les donateurs débloquent les fonds au Liban, a indiqué la source occidentale, recommandant qu'un « accord du FMI aidera à corriger la réputation du Liban ».

La source libanaise s'est déclarée convaincue qu'un sauvetage du FMI aiderait le Liban à éviter le pire.

« Avec le taux de change flambant qui pourrait atteindre 25.000 à 50.000 livres libanaises contre un dollar et l’inflation croissante de jour en jour, le Liban, sans le FMI, se dirige vers l'enfer», a-t-il signalé.

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Mohamed al-Arabeed.

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