Politique

Les séparatistes yéménites s’emparent de Socotra

AFP

Une vue de l'île yéménite de Socotra, un site d’importance mondiale pour la préservation de la biodiversité dans le nord-ouest de l’océan Indien, le 2 mars 2008. [Khaled Fazaa/AFP]

Une vue de l'île yéménite de Socotra, un site d’importance mondiale pour la préservation de la biodiversité dans le nord-ouest de l’océan Indien, le 2 mars 2008. [Khaled Fazaa/AFP]

Les séparatistes du sud du Yémen ont pris samedi 20 juin le contrôle de l’île stratégique de Socotra, sapant encore un peu plus l’autorité d’un gouvernement qui s’efforce de battre les Houthis (Ansarallah) épaulés par l’Iran retranchés dans le nord du pays.

Cette séquence intervient après que le ministre yéménite des Affaires étrangères Mohammed al-Hadhrami eut souligné jeudi la nécessité d’appliquer l’accord de partage du pouvoir signé à Riyad entre le gouvernement yéménite et les séparatistes.

Cette île, située au large de la Corne de l’Afrique, à environ 350 kilomètres du Yémen, est proche d’importantes voies maritimes et du fait de sa flore et de sa faune unique, elle est souvent qualifiée de « Galapagos de l’océan Indien ».

Elle a été largement épargnée par les violences qui ravagent le Yémen continental, où le gouvernement yéménite et la coalition arabe luttent contre les Houthis depuis plus de cinq ans.

Mais ces dernières années, elle est devenue une pomme de discorde dans le camp des anti-Houthis, qui regroupe le gouvernement yéménite appuyée par l’Arabie saoudite et les séparatistes formés par les Émirats arabes unis, un membre essentiel de la coalition arabe.

La chute de Socotra durant le week-end accentue encore la crise entre le Conseil de transition du Sud (CTS) et le gouvernement yéménite après l’échec d’un accord de partage de pouvoir dans les régions échappant au contrôle des Houthis.

Le CTS, qui a déclaré son autonomie dans le sud du Yémen le 26 avril, a fait savoir qu’il avait déjà commencé à appliquer l’autonomie sur l’île.

Des sources militaires ont indiqué que les combattants du CTS avaient pris samedi le contrôle après une opération qui avait commencé la veille, après des affrontements limités avec les forces pro-gouvernementales.

Les combattants du CTS étaient entrés dans la capitale Hadibo et y avaient mis en place des postes de contrôle, ont-elles ajouté.

Selon les séparatistes, farouchement hostiles aux groupes islamistes,les forces pro-gouvernementales basées sur l'île soutiennent largement Al-Islah, un parti islamiste allié au gouvernement internationalement reconnu.

Les Émirats arabes unis, qui affichent une politique de tolérance zéro à l’égard des islamistes, avaient débarqué des troupes sur Socotra en 2018, provoquant la colère du gouvernement, pour qui cette initiative ne pouvait se justifier parce qu’il n’y avait pas de forces houthies sur place.

Ce regain de tension, qui a souligné les ambitions émiriennes de renforcer leur présence au Yémen et en Afrique, a été désamorcé lorsque des troupes saoudiennes ont été déployées sur l’île et que les forces des Émirats se sont retirées.

« Véritable coup d’État »

Socotra est célèbre pour sa végétation unique et spectaculaire, notamment l’arbre de sang du dragon et sa canopée en forme de parasol et sa sève rouge.

La plupart de sa flore ne se retrouve nulle part ailleurs sur la planète, ce qui en fait un site d’importance mondiale de la biodiversité.

Un porte-parole du gouvernement yéménite a accusé le CTS d’avoir monté « un véritable coup d’État » sur l’île, affirmant que ses combattants avaient visé les institutions de l’État et lancé des attaques contre des camps militaires et des quartiers gouvernementaux.

Dans ses commentaires retransmis par les médias locaux, il a demandé à la coalition arabe de mettre un terme « au sabotage, au chaos et aux attaques » du CTS et de les obliger à mettre en œuvre l’accord de partage de pouvoir signé à Riyad en novembre dernier.

Le gouverneur de Socotra Ramzy Mahrous a indiqué que les forces du CTS avaient renversé les institutions d’État puis avaient « attaqué » la ville de Hadibo.

Il a indiqué dans un communiqué que le gouvernement et le peuple avaient été « abandonnés » et s’en est pris au « silence de ceux dont nous attendons qu’ils nous aident à parvenir à la victoire et se tiennent à nos côtés ».

La coalition arabe doit encore commenter ces événements.

Les séparatistes et le gouvernement yéménite sont techniquement alliés dans la lutte contre les Houthis, mais cette récente initiative menace de rallumer « une guerre dans la guerre » au Yémen.

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