Santé

La pandémie du virus, un coup dur aux pauvres travailleurs égyptiens

AFP

Des hommes égyptiens portant des masques attendent devant un centre de l'ONG Egyptian Food Bank (la banque alimentaire égyptienne) au Caire pour recevoir des cartons de nourritures le 5 avril, alors que l'organisme de charité distribue l'aide aux gens qui ont perdu leurs emplois à cause de la crise de la pandémie du coronavirus. [Mohammed al-Shahed/AFP]

Des hommes égyptiens portant des masques attendent devant un centre de l'ONG Egyptian Food Bank (la banque alimentaire égyptienne) au Caire pour recevoir des cartons de nourritures le 5 avril, alors que l'organisme de charité distribue l'aide aux gens qui ont perdu leurs emplois à cause de la crise de la pandémie du coronavirus. [Mohammed al-Shahed/AFP]

Accablé et débraillé à cause du stress pour joindre les deux bouts, les travailleurs journaliers font la queue au Caire pour des colis alimentaires après avoir perdu leurs emplois suite au fort repli dû au nouveau coronavirus (COVID-19).

Sayed Shaaban, 42 ans, qui travaillait dans un café, a expliqué que pour lui, la pandémie n'est pas un simple souci de santé mais un coup écrasant à sa source de vie précaire.

Portant un masque et des gants, il faisait la queue devant un centre de charité de Egyptian Food Bank (la banque alimentaire égyptienne) dans le quartier de cité Salam, un quartier pauvre à l'est du Caire.

« Vous voyez que je n'ai qu'un bras valide-- je gagnais de l'argent en servant des boissons», affirme-t-il à l'AFP.

Un travailleur à l'ONG Egyptian Food Bank (la banque alimentaire égyptienne) prépare des cartons avec de la nourriture pour les distribuer aux gens qui ont perdu leurs emplois à cause de la crise de la pandémie du coronavirus, à la capitale égyptienne le Caire, le 5 avril. [Mohammed al-Shahed/AFP]

Un travailleur à l'ONG Egyptian Food Bank (la banque alimentaire égyptienne) prépare des cartons avec de la nourriture pour les distribuer aux gens qui ont perdu leurs emplois à cause de la crise de la pandémie du coronavirus, à la capitale égyptienne le Caire, le 5 avril. [Mohammed al-Shahed/AFP]

« Mais, maintenant, je n'ai même plus une piastre qui rentre ».

La banque alimentaire égyptienne, un grand organisme de charité basé au Caire, a été au centre d'un effort de secours public dans le pays arabe le plus peuplé.

Avec plus de 100 millions d'habitants, un tiers de la population égyptienne vit avec 1,5 dollars ou moins par jour.

Pour beaucoup d’entre eux qui luttaient pour leurs gagne-pains, les faibles revenus ont disparu depuis l'imposition d'un couvre-feu le 24 mars pour empêcher la propagation du virus.

L'Égypte a enregistré jusqu'à présent 94 décès de 1450 cas confirmés de la maladie respiratoire COVID-19.

Shaaban, père de deux enfants au quartier Salam City, a été confiné à la maison depuis que son café local « baladi » a été fermé.

« Nous n'avons pas de couverture sociale pour nous aider depuis la fermeture du café », a-t-il annoncé.

« Je ne serais pas venu ici si je n'étais pas dans le besoin».

Mohamed Said, 36 ans, un menuisier et père de trois, faisant queue derrière Shaaban, a affirmé que « depuis le début de la crise, nous sommes confinés à la maison sans aucun revenu ».

« Nous ne savons pas comment nourrir nos enfants... et si, Dieu nous en préserve, quelque chose arrive à l'un d'eux, je ne serai pas capable de régler la facture de l'hôpital».

'Situation d'urgence'

Le taux officiel de chômage en Égypte est de 10%, et plus de cinq millions de personnes travaillent comme ouvriers journaliers dans l'économie informelle, selon les estimations du gouvernement, et souvent sans aucune forme de couverture sociale.

Le directeur de la banque alimentaire égyptienne Mohsen Sarhan a annoncé que son association caritative travaillent pour livrer 10.000 colis de nourritures par jour, contenant les denrées de base telles que le riz, les pâtes, l'huile, le sucre, le boeuf en conserve -- bien beaucoup moins que ce dont ont besoin des centaines de milliers de familles dans le besoin.

« Nous avons senti une récession de l'économie à cause de la pandémie du coronavirus, nous avons ainsi lancé le 19 mars une initiative pour aider une grande section de la société qui serait négativement touchée», précise-t-il.

Des millions de livres de dons ont été reçus le mois dernier, mais la demande pour alléger la souffrance de pauvres travailleurs est d'autant plus grande.

La banque alimentaire égyptienne a prévu de distribué un lot initial de 500.000 colis d'aliments dans les 27 gouvernorats d’Égypte avec environ 5.000 associations de bienfaisance distribuant les colis.

« Nous sommes en situation d'urgence», a expliqué Sarhan. « Nous devons nourrir des centaines de milliers de personnes durant plusieurs semaines... le temps est critique ici».

'La vie s'est arrêtée'

Lundi, le président Abdel Fattah al-Sissi a émis une directive pour fournir une aide mensuelle de 500 livres (un peu plus que 30 dollars) par mois aux travailleurs journaliers pendant trois mois pour alléger leurs difficultés financières.

Mais les experts disent que cela amortira le coup partiellement.

« La pandémie va certainement causer une hausse massive dans le nombre de pauvres ouvriers dans des pays tels que l'Égypte», a précisé Adam Hanieh, chercheur en problèmes sociaux dans le monde arabe à l'école d'études orientales et africaines basée à Londres.

Le virus et son impact économique engendreront une « série de conséquences imprévisibles et inattendues », a-t-il dit, pointant vers des « perturbations importantes en provisions alimentaires » et « d'énormes pressions sur le système de santé du pays ».

« Cela provoquera sans doute des protestations sociales et -- si l'on juge à travers l'histoire d’Égypte -- un pic de la répression et l'utilisation accrue de mesures autoritaires», a mis en garde Hanieh.

Alors que les cas de COVID-19 augmentent, le menuisier Said a exprimé son sentiment profond d'impuissance.

« La situation me donne envie de tout plaquer mais je ne peux pas abandonner ma famille», a-t-il confié.

« Nous ne mendions pas, mais la vie s'est véritablement arrêtée».

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