Politique

Les Libanais affirment que le boycott des États-Unis par Nasrallah est risible

Nohad Topalian à Beyrouth

Le fils de Hassan Nasrallah, Jawad, porte un sweatshirt américain sur cette photo qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux depuis que le chef du Hezbollah a appelé au boycott des produits américains le 16 février.

Le fils de Hassan Nasrallah, Jawad, porte un sweatshirt américain sur cette photo qui a été largement diffusée sur les réseaux sociaux depuis que le chef du Hezbollah a appelé au boycott des produits américains le 16 février.

Si le récent appel au boycott des produits américains lancé par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été accueilli avec dérision et une avalanche de mèmes moqueurs sur les réseaux sociaux, certains mettent en garde que cette décision n'est pas une plaisanterie.

Ils insistent sur le fait que Nasrallah, un personnage que beaucoup considèrent comme cherchant à combler le vide laissé par Qassem Soleimani, le commandant de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique, tente de rapprocher encore plus le Liban de l'Iran.

Cela coûterait énormément au peuple libanais, ont-ils affirmé, qu'ils soutiennent ou non le boycott proposé par Nasrallah.

Nasrallah a fait cette déclaration lors d'un discours télévisé le 16 février, prononcé peu après l'anniversaire des 40 jours de la mort de Soleimani.

Un magasin de la ville libanaise de Tyr fait la publicité de produits américains. [Al-Mashareq]

Un magasin de la ville libanaise de Tyr fait la publicité de produits américains. [Al-Mashareq]

Immédiatement après, les réseaux sociaux se sont remplis de commentaires critiques et sarcastiques.

L'un des mèmes comportait une photo de Jawad, le fils de Nasrallah, portant un sweatshirt fabriqué aux États-Unis portant l'inscription « USA-73 » en anglais, accompagnée d'une photo de lui dans la même pose, torse nu, après le boycott de Nasrallah.

Dans une riposte sur les réseaux sociaux, le chef du Mouvement chiite libre, Cheikh Mouhammad Hajj Hassan, l'un des principaux opposants au Hezbollah, a adressé ces mots à Nasrallah :

« Avant de demander à votre public de boycotter l'Amérique, j'aimerais que votre fils enlève ce sweatshirt et qu'il porte des [vêtements] iraniens. »

« Juste pour votre information, rien que le marché du hamburger en Amérique est de 130 milliards de dollars, soit trois fois l'ensemble de l'économie iranienne », a déclaré le journaliste Nadim Koteish dans un autre message. « Allez-y doucement avec les demandes de boycott. »

L'appel de Nasrallah « nuit au Liban »

« À quelle époque al-Sayed Hassan veut-il nous ramener ? », s'est interrogé Ghassan Husami, secrétaire général de l'Association des commerçants de Tripoli.

« Comment veut-il combattre les produits américains alors que le Liban importe plus de 80 % de ses produits d'Amérique ? »

L'appel de Nasrallah « nuit au Liban et l'isole » à un moment où le pays a désespérément besoin d'aide, a indiqué Husami à Al-Mashareq.

« Ses sous-entendus latents sont effrayants », a-t-il ajouté, notant qu'il reflète une tentative « de nous contrôler et de servir les intérêts de l'Iran au Liban ».

La journaliste politique Badia Fahs a déclaré à Al-Mashareq que Nasrallah « s'attaque à des moulins à vent » avec son appel au boycott.

« Il appelle au boycott des produits américains alors qu'il sait très bien que nous sommes une société qui consomme et non une société qui produit, et que nous ne pouvons pas nous passer de ces produits », a-t-elle déclaré.

« Comment peut-il appeler au boycott et à la lutte économique contre l'Amérique alors que la plupart des appareils électriques dans nos foyers sont de fabrication américaine, [...] y compris ceux de sa propre maison et de celle de sa base ? », s'est interrogée Fahs.

Elle a noté que l'appel de Nasrallah a été accueilli « avec beaucoup de sarcasme, et les gens l'ont trouvé amusant, puisque son fief dans la banlieue sud de Beyrouth est une plaque tournante importante pour la vente de produits américains ».

Un certain nombre de chaînes de vente au détail américaines ont des magasins au cœur de cette zone, a-t-elle fait savoir.

Suite à l'annonce de Nasrallah, certains de ses partisans ont lancé une page Facebook intitulée « Indi badeel » (J'ai une alternative), sur laquelle ils présentent des produits américains à côté d'alternatives européennes, iraniennes et arabes.

La page a suscité une série de commentaires sarcastiques, dont celui-ci :

« Vous utilisez Facebook, Twitter et les réseaux sociaux américains pour appeler au boycott de l'Amérique. Vous appelez au boycott de l'Amérique par iPhone et depuis des 4x4 fabriqués aux États-Unis. Tout ce que vous utilisez pour lutter contre l'Amérique a été fabriquée par elle. »

Une décision aux dimensions dangereuses

Les paroles de Nasrallah « sont une moquerie, car il n'a rien d'autre à offrir que des illusions, comme celle de s'attaquer à l'économie américaine, comme si elle était basée uniquement sur les produits que nous en importons », a déclaré la journaliste Vera Bou Monsef à Al-Mashareq.

« Bien que son appel ait été tourné en dérision sur les réseaux sociaux, ses paroles ont une dimension dangereuse, comme s'il ouvrait la voie à une normalisation complète avec l'Iran en faisant subrepticement la promotion de produits iraniens », a-t-elle déclaré.

Bou Monsef a déclaré que l'appel de Nasrallah « précédait de quelques heures seulement la visite au Liban du président du Conseil iranien de la choura, Ali Larijani. Ses paroles ne sont donc pas innocentes, mais ont plutôt une motivation et un objectif sous-jacents ».

Elle a déclaré à propos des discours télévisés de Nasrallah : « Je ne le vois pas comme une personne ayant une identité libanaise, mais plutôt comme un Iranien qui parle pour l'Iran ».

« Je vois aussi l'image du Guide suprême Ali Khamenei derrière lui. »

Bou Monsef admet avoir ri la première fois qu'elle a entendu parler du boycott de Nasrallah.

« Mais ensuite, je suis devenue inquiète », a-t-elle rapporté. « J'ai senti que nous nous dirigions vers des jours sombres. C'est comme si en appelant au boycott des produits américains, il cherchait délibérément à étouffer et à noyer le Liban. »

« Nous vivons nos pires jours avec lui », a-t-elle conclu.

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2 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Cet article est comme un bâton de différentes vallées. Collectez-en quatre et gagnez, haha.

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Vous êtes trop naïf pour comprendre les dimensions des paroles de Son Éminence, et votre neige américaine fondra bientôt, si Dieu le veut.

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