Transports

Les passeports délivrés par les Houthis posent des problèmes aux voyageurs yéménites

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un jeune patient tient un passeport alors qu'il attend à l'aéroport international de Sanaa le 3 février pour être évacué à bord d'un avion des Nations unies à destination d'Amman pour y recevoir des soins. [Mohammed Huwais/AFP]

Un jeune patient tient un passeport alors qu'il attend à l'aéroport international de Sanaa le 3 février pour être évacué à bord d'un avion des Nations unies à destination d'Amman pour y recevoir des soins. [Mohammed Huwais/AFP]

Les passeports yéménites délivrés par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran sans autorisation du gouvernement ont créé des problèmes pour les Yéménites qui veulent se déplacer, ont rapporté des responsables et des analystes.

Selon Ibrahim al-Jahmi, attaché aux affaires des expatriés à l'ambassade du Yémen au Caire, plusieurs ressortissants iraniens et libanais se sont avérés être porteurs de passeports yéménites délivrés irrégulièrement.

Le gouvernement yéménite a depuis lors invalidé les passeports délivrés dans les zones contrôlées par les Houthis, a-t-il déclaré le 1er février, et ils sont en cours de révocation.

Après avoir pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2014, les Houthis ont commencé à interférer avec le travail du ministère de l'Immigration, de la Nationalité et des Passeports, ont fait savoir des responsables yéménites.

Une photo prise le 9 août 2018 montre un passager attendant de présenter ses documents de voyage à un agent de contrôle des passeports à l'aéroport international d'Aden. [Karim Sahib/AFP]

Une photo prise le 9 août 2018 montre un passager attendant de présenter ses documents de voyage à un agent de contrôle des passeports à l'aéroport international d'Aden. [Karim Sahib/AFP]

À la mi-avril de l'année dernière, le gouvernement légitime a invalidé les passeports délivrés par la branche de Sanaa, ainsi que ceux délivrés par les branches des autres provinces contrôlées par les Houthis.

Désormais, les Yéménites résidant dans les zones contrôlées par les Houthis ne peuvent voyager à l'étranger que par les aéroports des zones contrôlées par le gouvernement légitime, et seulement avec des passeports délivrés dans ces zones.

Des passeports vendus à des prix « très élevés »

Les Houthis ont délivré des passeports « à des responsables militaires iraniens et libanais, notamment des officiers, des experts militaires, des experts en missiles et des formateurs, afin de faciliter leur entrée au Yémen », a fait savoir le politologue Waddah al-Jalil à Al-Mashareq.

« Les Houthis ont très mal exploité tout ce qu'ils pouvaient exploiter dans les institutions de l'État », a-t-il déclaré, faisant remarquer que leur corruption ne s'arrête pas là.

Ils ont également « exploité les passeports diplomatiques à des fins financières, les vendant contre d'énormes sommes d'argent à ceux qui souhaitent se rendre en Europe et dans les pays occidentaux pour y chercher asile ou résidence », a-t-il déclaré.

« Il y a quelque temps, les autorités égyptiennes ont saisi plusieurs passeports diplomatiques délivrés à Sanaa qui étaient passés en contrebande et vendus », a indiqué al-Jalil.

Ce crime « a entraîné l'adoption de mesures extraordinaires contre les détenteurs de passeports diplomatiques dans les aéroports égyptiens », a-t-il ajouté.

Les Houthis cherchent également à utiliser de faux passeports « pour du travail de renseignement, et à faciliter le déplacement de leurs experts en sécurité, qui mènent des activités terroristes visant à saper la sécurité dans les zones libérées », a-t-il déclaré.

Des conseillers du Hezbollah entrent au Yémen

« Les Houthis ont mis en place un pont aérien entre Téhéran et Sanaa avec deux vols directs par jour après avoir renversé le gouvernement lors du coup d'État de septembre 2014 », a rapporté Nabil Abdoul Hafeez, vice-ministre des Droits de l'homme.

Ils ont fait venir des centaines de conseillers militaires iraniens et libanais du Hezbollah par ce pont aérien, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, notant que « cela s'est arrêté après le lancement de l'opération Resolute Storm le 26 mars 2015 ».

Des restrictions ont été imposées aux déplacements, et le gouvernement yéménite et la coalition arabe ont fermé l'aéroport de Sanaa, car les Houthis s'étaient livrés à « des pratiques de corruption avec les passeports » et avaient exploité l'aéroport lorsqu'ils avaient le contrôle, a-t-il déclaré.

Le gouvernement yéménite a fait une erreur en détachant le bureau des passeports de Sanaa de l'Autorité centrale et en le laissant aux mains des Houthis, a affirmé l'analyste politique Adel al-Shujaa, membre de la commission générale du Congrès général du peuple.

« Le gouvernement légitime aurait pu y relier le bureau des passeports de Sanaa par l'intermédiaire de l'unité centrale de liaison, puis contrôler la délivrance des passeports », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Au lieu de cela, les Houthis ont commencé à délivrer des passeports de leur propre chef, a-t-il déclaré, soulignant que cela « représente une menace sérieuse maintenant et à l'avenir ».

« Si les passeports délivrés par Sanaa avaient été reliés au niveau central, les passeports délivrés par les Houthis auraient été identifiables grâce à leurs numéros de série, et il aurait été facile de les suivre et d'établir l'identité de leurs détenteurs », a-t-il ajouté.

Exacerbation de la souffrance des patients

L'invalidation des passeports délivrés dans les zones contrôlées par les Houthis a également eu un impact négatif sur les patients qui doivent se rendre à l'étranger pour se faire soigner, a déclaré l'économiste Abdoul Aziz Thabet, notant que de nombreuses personnes en ont besoin.

On a assisté à une « détérioration des services de santé dans ces provinces », a-t-il rapporté à Al-Mashareq, soulignant que selon le Comité médical suprême, plus de 33 000 patients doivent se rendre à l'étranger pour se faire soigner.

« Il fallait autrefois deux à trois jours aux gens, en particulier aux malades, pour atteindre un aéroport situé dans une zone légitime contrôlée par le gouvernement, comme Aden ou Seiyun, afin de partir avec un passeport délivré par Sanaa », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« Après l'invalidation des passeports, ceux qui devaient voyager en premier devaient se rendre dans les zones contrôlées par le gouvernement pour s'y faire délivrer un passeport », a-t-il déclaré.

Ce processus pourrait prendre « un mois entier pour être mené à bien et pour un coût énorme », a-t-il déclaré.

Le coût et le délai d'obtention d'un passeport ont malheureusement ouvert la porte à des manipulations, ainsi qu'à l'achat et à la vente de passeports délivrés par Sanaa, a-t-il déploré.

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