Terrorisme

Les experts réfléchissent à l'avenir du Hezbollah après Soleimani

Junaid Salman à Beyrouth

Des partisans du Hezbollah brandissent des posters de Qassem Soleimani, le commandant de la FQ-CGRI, alors que le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah prononce un discours retransmis sur un écran dans la banlieue sud de Beyrouth le 5 janvier. [Anwar Amro/AFP]

Des partisans du Hezbollah brandissent des posters de Qassem Soleimani, le commandant de la FQ-CGRI, alors que le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah prononce un discours retransmis sur un écran dans la banlieue sud de Beyrouth le 5 janvier. [Anwar Amro/AFP]

Les intermédiaires régionaux de l'Iran essaient toujours de se remettre de la mort, le 3 janvier, du commandant de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) Qassem Soleimani et de comprendre ce que cela signifie pour leurs opérations.

Soleimani, qui parlait couramment arabe, était chargé de superviser les opérations extérieures du CGRI et était fortement impliqué dans la direction et la coordination des actions des milices soutenues par l'Iran dans la région.

Depuis sa mort, ces groupes sont en difficulté, et beaucoup se demandent quel rôle le plus important d'entre eux, le Hezbollah libanais, jouera à l'avenir.

Dans un discours prononcé à Beyrouth, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a révélé que Soleimani lui avait rendu visite peu avant son assassinat et qu'il s'était régulièrement rendu au Liban depuis sa nomination au poste de commandant de la FQ-CGRI en 1998.

Après que Soleimani a pris son poste, a raconté Nasrallah, « nous n'avions plus besoin d'envoyer de délégations en Iran pour demander un soutien ou une assistance, ou pour expliquer les circonstances, les conditions ou les difficultés. Il est venu nous voir, nous rendant fréquemment visite ».

« L'aide qu'il nous a fournie était idéologique, financière et morale, en plus d'une présence constante à nos côtés », a-t-il déclaré, ajoutant que le CGRI avait également fourni au Hezbollah « des ressources, des fonds, des armes et du matériel ».

Nasrallah a ajouté que Soleimani avait plus tard demandé au Hezbollah de jouer un rôle en Irak lors de l'incursion de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Il est possible que la mort de Soleimani conduise à un rôle accru du Hezbollah en Irak, principal théâtre d'opérations de l'ancien commandant de la FQ-CGRI, ont expliqué des spécialistes des affaires iraniennes à Al-Mashareq.

Impact sur le Hezbollah

Contrairement à son rôle en Irak, où il était commandant et décideur, la relation de Soleimani avec le Hezbollah consistait principalement à coordonner les actions, a déclaré le chercheur Mohanad Hage Ali du Carnegie Middle East Centre de Beyrouth.

« La question qui se pose est la suivante : l'absence [de Soleimani] va-t-elle se répercuter sur le rôle et la fonction [du Hezbollah] dans la région », s'est-il interrogé.

« En d'autres termes, le parti aura-t-il un rôle plus important dans les questions régionales ? Si c'est le cas, cela aura des répercussions sur la position du Liban, et c'est là que réside le danger », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Il a rappelé les déclarations faites à Téhéran par le commandant en second du Hezbollah, Naim Qassem, après la mort de Soleimani, dans lesquelles Qassem suggérait que l'assassinat du chef de la FQ-CGRI impliquait de nouvelles responsabilités pour la milice.

« Quelles sont ces responsabilités », a demandé Hage Ali ? « C'est ce que nous attendons de découvrir dans les jours qui viennent. »

Les déclarations de Qassem pourraient être une référence au rôle du Hezbollah en Irak, a-t-il poursuivi, qui a été mis en lumière dans des rapports concernant une réunion à Beyrouth destinée à unifier et organiser les milices irakiennes soutenues par l'Iran pour venger Soleimani.

« Le discours dur du Hezbollah indique qu'il joue un rôle de plus en plus important », a-t-il déclaré.

L'Iran essaie d'aller de l'avant

L'impact de l'absence de Soleimani sera ressenti par les leaders de l'axe iranien et les obligera à redéfinir leurs actions et leurs positions, a affirmé l'expert militaire Khalil Helou à Al-Mashareq.

Pour le Hezbollah, a-t-il suggéré, l'impact n'ira pas plus loin qu'une perte de moral, car le parti a acquis une vaste expérience du combat en Syrie « et n'a plus besoin de l'aide directe de l'Iran sur le terrain ».

Le Hezbollah est cependant toujours gêné par les sanctions financières qui lui ont été imposées, tout comme l'Iran, et qui ont limité ses ressources et les mouvements d'aide militaire en provenance d'Iran, a-t-il ajouté.

Bien que Soleimani soit mort, la Force al-Qods va continuer comme avant, a déclaré Qasim Qassir, spécialiste des affaires des groupes extrémistes.

Le CGRI et le Hezbollah agissent chacun dans un cadre institutionnel, a-t-il rapporté à Al-Mashareq, de sorte que l'absence d'individus spécifiques, quel que soit leur statut élevé, n'a pas vraiment d'impact sur le flux des opérations.

La preuve en est la « nomination rapide d'un successeur à Soleimani », a-t-il déclaré, notant que lors de récentes réunions, le Conseil national de sécurité iranien a alloué environ 200 millions de dollars à la Force al-Qods.

Cela semble indiquer que le régime iranien cherche à intensifier son activité régionale, a indiqué Qassir, ajoutant qu'il pense que la réponse à l'assassinat de Soleimani « ne viendra pas en faisant intervenir les unités de terrain du Hezbollah », mais aura lieu en Irak.

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