Les principaux dirigeants des manifestations ont refusé dimanche 22 décembre une invitation par le premier ministre libanais désigné pour des discussions portant sur la formation d'un nouveau gouvernement, disant qu'ils n'étaient pas prêts à apporter leur soutien.
Leur refus suit les manifestations du vendredi durant lesquelles les routes ont été bloquées à travers le pays pourcondamner la nomination de Hassan Diab appuyé par le Hezbollahdans un vote controversé qui a provoqué l'agitation au sein des membres de la communauté sunnite.
Diab, 60 ans, professeur en ingénierie à l’Université Américaine de Beyrouth, et peu connu, a été désigné jeudi avec l'appui du Hezbollah et ses alliés mais sans l'appuie du principal bloc sunnite libanais.
Le Liban, criblé par les dettes, était sans gouvernement pleinement opérationnel depuis la démission de l'ancien premier ministre Saad al-Hariri le 29 octobre face aux protestations nationales.
Les protestataires demandent une réforme de l'établissement politique, insistant sur un gouvernement d'indépendants et d'experts sans lien avec les parties sectaires du pays.
Diab, chargé de former un gouvernement absolument nécessaire, a demandé aux protestataires de lui donner une « chance » pour former un gouvernement d'experts indépendants en quatre à six semaines.
Mais l'appel du sois-disant technocrate à des consultations avec les représentants du mouvement populaire dimanche n'a pas réussi à attirer les principaux chefs ou groupes de contestation.
Un petit groupe de protestataires s'est rassemblé devant la maison de Diab et ont dénoncé les visiteurs qui ont réclamé représenter le mouvement de contestation sans dirigeant au pays.
« Vous ne nous représentez pas», ont crié les protestataires.
Les quelques personnes qui ont répondu à l'appel de Diab comprenaient largement des individus inconnus et non reconnus comme représentants du mouvement de protestation.
'Pas convaincu' que Diab peut former un gouvernement
« Aucun groupe vraiment actif sur le terrain n'a rencontré aujourd'hui le premier ministre désigné car ils ne sont pas convaincus» et peut former un gouvernement de technocrates, a indiqué Wassef Harakeh, un activiste proéminent.
« Ils veulent nous plonger dans ce jeu de consultations», a-t-il précisé.
Dans le camp de contestation au centre de Beyrouth, les foules ont commencé à se rassembler dans l'après-midi.
« Les gens qui ont visité le premier-ministre désigné aujourd'hui ne représente pas la [contestation]», a affirmé Ali Haidar, un résident dans la banlieue sud de Beyrouth.
« Ces discussions étaient un échec», a-t-il précisé du camp de contestation.
Diab a tenu des discussions samedi avec les blocs parlementaires sur la formation d'un gouvernement mais s'est heurté à des défis vu que les principaux groupes ont insisté que le cabinet doit inclure les partis établis et non seulement les experts indépendants.
Le processus compliqué de former un gouvernement survient alors que le Liban est confronté à sa pire crise économique depuis la guerre civile de 1975-1990.
La livre libanaise, officiellement rattaché au dollar américain, a perdu environ 30% de sa valeur sur le marché noir, alors que les sociétés ont payé la moitié des salaires ces deux derniers mois et licencient leur personnel.