Le Pentagone a publié mercredi 30 octobre une vidéo et des photos du raid des forces spéciales américaines qui a entraîné la mort du leader de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) Abou Bakr al-Baghdadi.
Des images en noir et blanc granuleuses montrent les soldats américains s'approchant à pied de l'enceinte entourée de hauts murs dans le nord-ouest de la Syrie, où se retranchait al-Baghdadi.
Le Pentagone a également publié une vidéo des frappes aériennes contre un groupe de combattants inconnus sur le terrain, qui avaient ouvert le feu contre les hélicoptères qui amenaient les soldats américains pour l'attaque contre le repaire d'al-Baghdadi dans la province d'Idlib.
Il a également diffusé quelques images avant et après de ce complexe isolé.
Le lieu a été rasée à l'issu de ce raid, laissant le site semblable à « un parking truffé de larges nids de poule », a expliqué le général des Marines Kenneth McKenzie, commandant de l'US Central Command.
McKenzie a également fourni plusieurs autres détails nouveaux sur ce raid de dimanche.
Il a expliqué que deux enfants avaient été tués, et non trois comme cela avait été dit plus tôt, lorsqu'al-Baghdadi s'est fait exploser dans un tunnel alors qu'il tentait d'échapper aux troupes américaines.
Il a précisé que ces enfants semblaient être âgés de moins de 12 ans.
« Concernant les derniers moments d'al-Baghdadi, je pourrais vous dire ceci », a-t-il expliqué. « Il a rampé dans un trou en compagnie de deux petits enfants et s'est fait exploser pendant que ses partisans restaient sur le terrain. »
Al-Baghdadi « a peut-être tirer depuis son trou durant ses derniers instants », a-t-il ajouté.
McKenzie a de plus indiqué qu'outre ces deux enfants, quatre femmes et un homme ont été tués dans l'enceinte.
Il a expliqué que ces femmes avaient agi « de manière menaçante » et portaient des ceintures d'explosifs.
L'EIIS reste dangereux
McKenzie a précisé qu'une quantité « substantielle » de matériel électronique et de documents avaient été récupérés sur les lieux.
Il a ajouté que le corps d'al-Baghdadi avait été ramené à la base de départ de l'opération pour y être identifié, et qu'il l'avait été en comparant des échantillons d'ADN qui avaient été conservés depuis sa détention en 2004 dans une prison irakienne.
Al-Baghdadi a ensuite été inhumé en mer dans les 24 heures qui ont suivi sa mort, « en accord avec le droit des conflits armés », a poursuivi McKenzie.
Il a tenu à préciser que malgré la mort d'al-Baghdadi, l'EIIS restait « dangereux ».
« Nous savons très bien qu'il ne disparaîtra pas juste parce que nous avons abattu al-Baghdadi », a-t-il poursuivi. « Il restera. »
« Nous voulons la justice »
Nadia Murad, lauréate du Prix Nobel de la paix, a déclaré mercredi que la mort d'al-Baghdadi ne suffisait pas à compenser les atrocités commises par l'EIIS.
« Nous ne voulons pas juste voir des membres du groupe EI, comme al-Baghdadi, juste tués. Nous voulons la justice », a ajouté Murad, une Yézidie qui a survécu à trois moins de captivité en Irak en 2014 aux mains de l'EIIS.
Murad est devenue la voix des Yézidis, fondant une organisation pour aider les femmes et les enfants victimes de génocides, d'atrocités de masse et de trafic d'êtres humains.
Elle a indiqué avoir parlé à plusieurs survivants yézidis de la mort d'al-Baghdadi.
Leur réponse, a-t-elle ajouté, a été de dire : « D'accord, mais c'est juste al-Baghdadi. Quid de tous les [combattants] de l'EIIS ? Ils ont encore nos filles, nos enfants. Quid des milliers de yézidis toujours portés disparus ? ».
« Il existe des milliers de djihadistes comme lui, qui sont prêts à faire ce qu'il a fait, ils l'ont déjà fait et ils n'abandonneront pas. Donc on veut voir davantage, on veut les voir devant la justice», a-t-elle conclu.