Politique

Des experts réfutent la prétendue « attaque au missile » de l'Iran contre un pétrolier iranien

Sultan al-Barei à Riyad

Cette photo diffusée dans les médias iraniens montre une prétendue attaque de missile contre le pétrolier Sabiti, battant pavillon iranien. Des experts affirment à Al-Mashareq que les preuves n'étayent pas l'affirmation de l'Iran selon laquelle le pétrolier a été attaqué. [Photo via Fars News]

Cette photo diffusée dans les médias iraniens montre une prétendue attaque de missile contre le pétrolier Sabiti, battant pavillon iranien. Des experts affirment à Al-Mashareq que les preuves n'étayent pas l'affirmation de l'Iran selon laquelle le pétrolier a été attaqué. [Photo via Fars News]

En propageant une affirmation controversée selon laquelle un pétrolier battant pavillon iranien aurait été attaqué au large des côtes de l'Arabie saoudite, l'Iran a cherché à se présenter comme une victime et à justifier des attaques « en représailles », ont expliqué des experts à Al-Mashareq.

Or, un examen plus attentif de l'incident du 11 octobre montre que la République islamique s'est engagée dans une campagne de désinformation afin d'obtenir la sympathie internationale et de couvrir ses propres actions, ont-ils indiqué.

L'objectif de l'Iran en diffusant des informations sur « l'attaque au missile » contre l'un de ses pétroliers semble avoir été de permettre à son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) de mener des attaques sous prétexte d'autodéfense, ont-ils déclaré.

Le 14 octobre, le président iranien Hassan Rohani a affirmé qu'un « gouvernement » était derrière une attaque présumée contre le Sabiti, un pétrolier battant pavillon iranien qui se trouvait alors à proximité du port de Djeddah, sur la mer Rouge.

Cette photo diffusée par les médias iraniens montre ce que l'Iran prétend être un trou dans le pétrolier Sabiti causé par un missile, une affirmation contestée par les experts. [Photo via Fars News]

Cette photo diffusée par les médias iraniens montre ce que l'Iran prétend être un trou dans le pétrolier Sabiti causé par un missile, une affirmation contestée par les experts. [Photo via Fars News]

L'Iran affirme que le Sabiti, ici en photo, a été attaqué avec des missiles par « un gouvernement » le 11 octobre, une affirmation que contestent plusieurs experts. [Photo via Fars News]

L'Iran affirme que le Sabiti, ici en photo, a été attaqué avec des missiles par « un gouvernement » le 11 octobre, une affirmation que contestent plusieurs experts. [Photo via Fars News]

L'Iran a présenté des photographies de la coque endommagée du pétrolier qui aurait été touché par deux explosions distinctes, et a juré que l'attaque contre le Sabiti ne resterait pas sans réponse.

L'entreprise publique National Iranian Tanker Company, propriétaire du Sabiti, a fait savoir que sa coque avait été touchée par deux explosions distinctes, mais a nié que l'attaque provenait du territoire saoudien.

Selon les gardes-frontière saoudiens, le capitaine du Sabiti avait envoyé un e-mail indiquant que l'avant du navire avait été fracturé, entraînant un déversement d'hydrocarbures, a rapporté la Saudi Press Agency (SPA).

Le royaume était prêt à apporter son aide, a déclaré la SPA, mais le pétrolier « a éteint son système de repérage sans répondre aux appels du centre [de coordination] ».

Les images satellites de Tanker Trackers, un site internet de suivi international des pétroliers, a montré que le Sabiti avait rejoint un navire-espion iranien, le Saviz, pendant environ 14 heures après l'incident.

Le Saviz, un navire iranien immatriculé comme bâtiment de transport, est ancré dans la mer Rouge depuis quelques années et apporterait une aide militaire et logistique importante aux Houthis (Ansarallah) au Yémen.

Désinformation habituelle

L'Iran propage ce genre de mensonges pour justifier les attaques menées par le CGRI, a affirmé l'expert militaire saoudien Mansour al-Shehri à Al-Mashareq.

Il tente ainsi de « toujours se poser en victime qui se défend elle-même et tout autre groupe disant avoir besoin d'aide », a-t-il ajouté.

C'est une tactique utilisée par le CGRI depuis leur arrivée au pouvoir en 1979, a-t-il fait savoir.

Avec l'incident du Sabiti, a-t-il poursuivi, Téhéran essaie de « faire croire au monde qu'il a été victime d'attaques terroristes menées par des pays du Golfe et qu'il a le droit de se défendre ».

L'objectif est de justifier toute attaque qu'il a menée par le passé et qu'il pourrait mener à l'avenir, soit directement soit par le biais de ses intermédiaires dans la région, a expliqué Al-Shehri.

L'Arabie saoudite et d'autres États du Golfe se sont engagés à « faire preuve de la plus grande retenue », a-t-il ajouté, et essaient de ne pas se laisser entraîner dans « les projets iraniens visant à accroître les tensions dans la région ».

Selon les médias iraniens, le Sabiti n'a pas reçu de réponse définitive à son appel de détresse, a rapporté à Al-Mashareq Fathi al-Sayed, chercheur en affaires iraniennes.

Mais l'Arabie saoudite a clairement indiqué avoir répondu à l'appel et que l'équipe qui se rendait vers le pétrolier pour y répondre et lui porter assistance a été surprise de voir le Sabiti poursuivre sa route.

Les preuves « ne collent pas »

Un examen attentif des photos du pétrolier diffusées par les médias iraniens montre que la taille des deux trous dans sa coque ne correspond pas aux dégâts qu'il aurait subis avec ces missiles, a déclaré l'expert militaire Talaat Moussa.

« Un missile qui perfore un tel trou à un point bas de la coque causerait beaucoup plus de dégâts, qui mettraient le navire hors-service ou l'arrêteraient net, il ne pourrait pas poursuivre son chemin et retourner en Iran », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Il semble qu'avec ses rapports d'attaque sur le navire, l'Iran cherche « une justification pour mener une opération militaire dans la région, que ce soit sur les côtes saoudiennes ou contre une cible navale saoudienne », a-t-il ajouté.

Si les pétroliers iraniens avaient été attaqués, cela aurait été facilement détecté par satellite, a indiqué Talaat, notant que même si l'attaque avait été menée à partir de bateaux ou de petits navires, les sites de suivi maritime l'auraient facilement repéré.

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