Les tensions entre les États-Unis et l'Iran sont montées d'un cran jeudi 26 septembre lorsque Washington a déployé des troupes supplémentaires dans le Golfe et que Téhéran a défié les États-Unis de fournir la preuve qu'il avait attaqué les installations pétrolières saoudiennes.
Le Pentagone a annoncé qu'il envoyait 200 hommes et des missiles Patriot pour renforcer les défenses de l'Arabie saoudite à la suite des frappes de ce mois qui ont mis à l'arrêt la moitié de la production de pétrole du royaume.
Cette annonce a fait suite à une semaine de diplomatie aux Nations unies, où les dirigeants européens ont tenté sans succès d'organiser une rencontre entre le président américain Donald Trump et le président iranien Hassan Rouhani.
Les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Arabie saoudite ont tous, à des degrés divers, imputé à l'Iran les attaques du 14 septembre contre les installations pétrolières saoudiennes.
Le secrétaire d'État Mike Pompeo a déclaré que les États-Unis avaient partagé des preuves des attaques avec d'autres pays à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies.
« Je pense qu'il est maintenant clair pour tous que la République islamique d'Iran n'est pas disposée à faire les bonnes choses et à se comporter comme une nation normale », a déclaré Pompeo jeudi.
Les Iraniens « ont utilisé leur méthode habituelle pour tenter de cacher leurs actions derrière une force intermédiaire. Ils auraient dû savoir que le monde entier se rallierait contre eux, et pourtant, ils ont choisi de le faire », a-t-il ajouté.
Téhéran réfute toute responsabilité, et ces attaques ont été revendiquées par les Houthis (Ansarallah) du Yémen épaulés par l'Iran.
Les Saoudiens appellent à un « front uni »
Dans son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, le ministre d'État saoudien chargé des Relations étrangères Adel al-Jubeir a demandé un front uni contre l'Iran.
« C'est un régime vil et couard, qui se cache derrière ses milices affiliées, les poussant à revendiquer ces attaques », a ajouté al-Jubeir.
« Ce régime ne sera contrôlé que par une position ferme et unifiée et l'application d'une pression maximale soutenue jusqu'à ce qu'il renonce à son comportement terroriste », a-t-il poursuivi.
Dans leur dernière décision d'accentuer la pression, les États-Unis ont refusé à de hautes personnalités du régime iranien et à leurs familles l'entrée aux États-Unis, après avoir annoncé plus tôt qu'ils puniraient des entreprises chinoises qui avaient acheté du pétrole iranien.
Le ministère américain de la Défense a indiqué que ce déploiement de troupes impliquerait une batterie de missiles sol-air, ainsi que quatre radars Sentinel utilisés pour les systèmes de défense aérienne et de missiles.
De plus, deux batteries supplémentaires de missiles Patriot et un système d'interception de missiles balistiques THAAD sont prêts à être déployés si la décision est prise de les fournir également aux Saoudiens, a expliqué le porte-parole du Pentagone Jonathan Hoffman.
« Ce déploiement renforcera la défense aérienne et par missiles des infrastructures civiles et militaires critiques du royaume », a-t-il poursuivi.
« Il est important de souligner que ces mesures démontrent notre engagement aux côtés de nos partenaires dans la région, en faveur de la sécurité et de la stabilité du Moyen-Orient », a-t-il précisé.
« D'autres pays ont refusé les dérives iraniennes dans la région, et nous attendons d'eux qu'ils contribuent à l'effort international visant à renforcer la défense de l'Arabie saoudite », a-t-il ajouté.
Nouvelle violation de l'accord nucléaire
Par ailleurs, l'organisme de contrôle nucléaire des Nations unies a confirmé jeudi que l'Iran avait commencé à utiliser des modèles avancés de centrifugeuses pour enrichir de l'uranium, en nouvelle violation de l'accord de 2015 signé avec les grandes puissances mondiales.
Plusieurs centrifugeuses avancées sur le site iranien de Natanz « accumulaient, ou étaient prêtes à accumuler de l'uranium enrichi », a fait savoir l'Agence internationale de l'énergie atomique dans un rapport que l'AFP a pu consulter.
Les centrifugeuses en question sont 20 centrifugeuses IR-4 et deux autres « cascades » de 30 centrifugeuses IR-6, a indiqué ce rapport.
L'uranium enrichi est nécessaire pour produire du combustible nucléaire, mais des niveaux d'enrichissement plus élevés peuvent également être utilisés pour fabriquer le cœur fissible d'une bombe atomique.
Pour multiplier les effets de l'enrichissement d'une seule machine, un grand nombre de centrifugeuses sont connectées entre elles pour former une cascade.
Le rapport de l'AIEA a expliqué que l'Iran progressait également dans ses plans signalés antérieurement d'installer de nouvelles cascades de centrifugeuses avancées.
Aux termes de l'accord de 2015 qui impose des limitations au programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions, Téhéran ne doit enrichir son uranium qu'en utilisant des centrifugeuses IR-1 moins efficaces.
Les modèles IR-4 et IR-6 peuvent produire de l'uranium enrichi bien plus rapidement que les modèles IR-1.
L'Iran a toujours insisté sur le fait que son programme nucléaire est à des fins pacifiques.