Les séparatistes yéménites ont repris le contrôle total d'Aden jeudi 29 août après des affrontements avec les forces gouvernementales, lesquelles se sont retirées de la ville portuaire du sud, ont rapporté des responsables de la sécurité des deux camps.
Les séparatistes ont apporté des renforts massifs d'autres régions dans ce qui semblait être un nouvel effort pour prendre les provinces voisines d'Abyan et de Shabwa aux forces gouvernementales.
« Les unités de la Ceinture de sécurité contrôlent entièrement la ville d'Aden et ses entrées », a fait savoir Haitham Nezar, porte-parole du Conseil de transition du sud (CTS).
Une source gouvernementale proche de la sécurité a confirmé qu'Aden était sous le contrôle total du CTS, ajoutant que les troupes gouvernementales qui avaient pénétré dans certaines parties de la ville un jour plus tôt s'étaient « retirées d'Aden » pour rejoindre la province d'Abyan.
Le gouvernement internationalement reconnu du président Abdrabbo Mansour Hadi a annoncé mercredi avoir repris Aden aux séparatistes qui avaient pris la ville le 10 août après une bataille meurtrière.
Nezar a déclaré que les forces de la Ceinture de sécurité visaient maintenant Abyan et Shabwa, qui avaient été reprises par les troupes gouvernementales plus tôt cette semaine.
Un nouveau front dans la guerre au Yémen
Le gouvernement yéménite a envoyé des renforts en provenance du nord, les deux parties semblant se préparer à un affrontement majeur pour la suprématie dans le sud du pays.
Pendant ce temps, des milliers de soldats des forces de la Ceinture de sécurité, dominées par le CTS, ont été rappelés de plusieurs régions du pays, y compris de la ville portuaire d'al-Hodeidah sur la mer Rouge, pour porter renfort aux séparatistes d'Aden.
Le vice-président du CTS, Hani ben Breik, a déclaré que les forces qui luttaient contre les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran dans le nord ont été envoyées dans le sud pour une bataille majeure.
Le CST lutte pour regagner l'indépendance du Yémen du Sud qui s'est unifié avec le Nord en 1990.
Les affrontements entre les deux camps, qui ont combattu côte à côte pendant des années contre les Houthis, ont suscité de nouvelles inquiétudes.
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, qui s'est entretenu à Washington avec le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khalid ben Salman, a appelé à une solution négociée avec les forces du CTS.
Pompeo et le prince « ont convenu que le dialogue représente le seul moyen de parvenir à un Yémen stable, unifié et prospère », a fait savoir le département d'État américain.
Empêcher la résurgence de l'extrémisme
Le gouvernement yéménite a déclaré que sa tentative de reprendre Aden, Abyan et Shabwa aux séparatistes avait pour but d'imposer le contrôle de l'État pour affronter les Houthis et combler les vides sécuritaires que les groupes extrémistes pourraient exploiter.
Lors d'une réunion du comité de sécurité de Marib mercredi 28 août, le Premier ministre Moeen Abdoulmalik a souligné que l'État rejette toute structure militaire ou de sécurité en dehors des institutions étatiques.
S'adressant aux médias locaux, il a déclaré que la prise d'Aden par le CST et son agression à Abyan et Shabwa « sont des indications claires de la gravité de cette affaire et de ses répercussions catastrophiques sur les institutions publiques et leurs fonctions ».
Les mesures prises par le CTS « ouvrent la porte à l'expansion et à l'exploitation de cette situation par des groupes terroristes », a-t-il ajouté.
Le ministère de l'Intérieur a entre-temps appelé les dirigeants du CTS à répondre à l'appel du gouvernement pour se joindre aux forces yéménites afin de récupérer le Yémen aux mains des Houthis, a déclaré à Al-Mashareq le général Abdoul Qawi Baash, responsable des relations publiques au ministère.
« Après cela, ils pourront chercher des solutions à la question du Sud, en consultation avec toutes les forces du Sud », a-t-il déclaré.
Martin Griffiths, l'envoyé des Nations unies au Yémen, a averti le 22 août que le chaos et la fragmentation de la sécurité pourraient permettre la réapparition de groupes extrémistes.
Il a noté que durant le seul mois de juillet, al-Qaïda et l'EIIS avaient lancé des attaques à Aden, Abyan et Al-Bayda.
Une nouvelle fragmentation de la sécurité à Aden et dans d'autres zones pourrait permettre à ces activités de s'étendre et de croître, avec de terribles conséquences pour la population et les perspectives de stabilité ultérieure, a expliqué Griffiths.
Demandes de retrait pour les forces du CTS
Le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdel-Hafeez a déclaré à Al-Mashareq que certains bureaux et institutions de l'État à Aden avaient été vandalisés et pillés.
Il a mis en garde contre toute ingérence de l'une des parties dans la supervision du travail des institutions de l'État « afin de ne pas accroître les souffrances des citoyens », appelant les forces du CTS à se retirer de toutes les institutions et installations étatiques.
Il a souligné l'importance de « rétablir la sécurité et la stabilité et de fusionner les différentes unités militaires et de sécurité sous le commandement des ministères de l'Intérieur et de la Défense ».
Cela permettra à ces autorités de « contrecarrer toute action d'al-Qaïda, de l'EIIS ou d'éléments des milices houthies vers le sud pour profiter de ces circonstances difficiles », a-t-il déclaré.
L'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Berman a également prévenu que les affrontements entre le CST et les forces gouvernementales yéménites pourraient créer un environnement favorable à « la reprise des activités terroristes par al-Qaïda et l'EIIS ».
Cependant, a-t-il ajouté, les circonstances difficiles ne se limitent pas à la sécurité.
« Le coup d'État du CTS a perturbé la fourniture de services aux citoyens, l'électricité ayant été coupée pendant plus de 17 heures », a-t-il rapporté plus tôt cette semaine.
« L'Autorité des passeports et de l'état civil et l'aéroport d'Aden ont également suspendu leurs activités, aggravant les souffrances des citoyens, en particulier des patients », a-t-il conclu.
Aden est aux mains de ses habitants du sud, pas comme vous écrivez. Nous sommes sunnites et ne suivons pas les Persans. Le Sud est arabe et tout le monde le sait.
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