Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien interfère avec les systèmes de communication et de navigation des navires commerciaux dans le détroit d'Ormuz et les eaux du Golfe, ont déclaré des experts régionaux à Al-Mashareq.
Il s'agit d'un jeu politique visant à perdre les navires afin qu'ils aillent par inadvertance dans les eaux iraniennes, où les forces du CGRI les saisiront, ont-ils expliqué.
Dans un avis maritime publié le 7 août, l'administration maritime du Département des transports des États-Unis a mis en garde les navires commerciaux contre « une activité militaire renforcée et des tensions politiques accrues » dans la région du Golfe.
« Ces menaces s'accompagnent d'un risque d'erreur de calcul ou d'identification qui pourrait mener à des mesures agressives », a précisé l'avis.
« Les navires opérant dans le golfe Persique, le détroit d'Ormuz et le golfe d'Oman peuvent également être confrontés à des interférences GPS, à l'usurpation des communications de pont et d'autres brouillages de communications avec peu ou pas d'avertissement », a-t-il indiqué.
Présentant une liste de plus d'une douzaine d'incidents maritimes survenus dans les eaux du Golfe depuis mai, l'avis a établi que dans au moins deux cas des navires ont signalé des interférences GPS.
« Les navires ont également signalé des communications de pont usurpées provenant d'entités inconnues se faisant passées pour des navires de guerre américains ou de la coalition », a fait savoir l'avis.
Navires mal orientés
« Du point de vue technique et militaire, il est très probable que le CGRI puisse manipuler l'équipement de navigation des navires traversant le détroit d'Ormuz », a affirmé à Al-Mashareq Abdoullah al-Ameri, officier retraité de l'armée des Émirats arabes unis.
Les messages et signaux GPS peuvent être manipulés pour qu'ils semblent provenir de navires ou points d'observation américains ou britanniques, a-t-il indiqué, et ils pourraient être utilisés pour mal orienter les navires ou les amener à changer leur cap.
Une fois hors des eaux internationales, ces navires pourraient être maîtrisés et saisis sous divers prétextes, a-t-il rapporté, notant que cela a pu être le cas du navire britannique Stena Impero, que la marine iranienne a saisi le 19 juillet.
De telles actions constituent une sorte de piraterie maritime, a-t-il affirmé.
« Les pirates somaliens, par exemple, négocient pour de l'argent, et le CGRI négocie pour des gains politiques qui lui permettraient d'échapper aux conséquences de ses actes provocateurs et hostiles envers la région et le monde », a précisé al-Ameri.
La prévention de tels incidents et interférences nécessite la mise en œuvre d'une série de mesures supplémentaires pour renforcer les procédures et améliorer la communication entre les navires militaires et commerciaux, a-t-il déclaré.
L'impact sur l'approvisionnement en pétrole
Le CGRI a l'intention de perturber l'environnement sécuritaire du détroit d'Ormuz et du Golfe et d'entraver la navigation maritime, a expliqué Fathi al-Sayed, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques, spécialiste des affaires iraniennes.
L'objectif est de perturber l'approvisionnement en pétrole, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, étant donné que cette région alimente la plupart des pays du monde en pétrole, et que toute perturbation de cet approvisionnement aurait un impact négatif sur les prix mondiaux du pétrole.
Cela attiserait les tensions dans la région du Golfe, au Moyen-Orient et dans le monde en général, a-t-il expliqué, et détournerait l'attention du problème fondamental du comportement du CGRI dans la région et de la déstabilisation qui en résulterait.
« La détermination du CGRI à attiser les tensions dans le détroit d'Ormuz tient au fait que la majeure partie du pétrole produit par les pays du Golfe passe par là », a déclaré à Al-Mashareq Shaher Abdoullah, professeur d'économie à l'université Ain Shams.
Au total, 99% des exportations pétrolières des Émirats arabes unis, 88% de celles de l'Arabie Saoudite, 98% de celles de l'Irak et 100% de celles du Qatar, de l'Iran et du Koweït passent par le détroit, a-t-il fait savoir.
« Les États-Unis et leurs alliés dans la région du Golfe cherchent d'abord des solutions pacifiques et n'envisageront pas de solutions militaires à moins que cela ne soit absolument nécessaire », a-t-il affirmé.