Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) cherche à étendre son influence en prenant le contrôle de régions clés situées le long des frontières avec la Syrie et l'Irak dans le but de mettre en place une liaison terrestre transrégionale, ont expliqué des spécialistes à Diyaruna.
Cette liaison faciliterait le déplacement des forces du CGRI et de ses milices alliées, ont-ils ajouté, et lui permettrait de transporter des armes, des munitions et d'autres fournitures vers ses divers postes avancés.
Pour ce faire, le CGRI et ses alliés ont pris le contrôle de la ville syrienne d'Abou Kamal dans la province de Deir Ezzor, un point stratégique sur la frontière avec l'Irak, a précisé à Diyaruna l'avocat syrien Me Bashir al-Bassam.
Outre ce poste-frontière officiel, qui relie la ville syrienne à la ville frontalière irakienne d'al-Qaim, le CGRI a mis en place un poste de contrôle militaire et un second point de passage dans la même région pour ses propres fins, a-t-il ajouté.
Celui-ci est entièrement contrôlé par le CGRI, hors de toute supervision par le régime syrien, selon des témoins oculaires, qui affirment qu'il « permet la libre circulation de camions et de bus civils et militaires transportant des activistes », a poursuivi al-Bassam.
Déplacements forcés de la population
Par ailleurs, les habitants d'Abou Kamal ont été déplacés de force par le CGRI et ses affiliés, qui continuent d'exercer « toutes formes de pression pour vider la ville de ses habitants et les remplacer par des familles du CGRI », a-t-il indiqué.
Cela a pour effet de mettre en place un cordon de sécurité autour de ce nouveau point de franchissement.
Abou Kamal est le seul point par lequel le CGRI peut « réaliser son rêve de connecter les régions commerciales d'Iran à la Méditerranée » via l'Irak et la Syrie, a précisé al-Bassam.
D'autres forces contrôlent le reste de la bande frontalière irako-syrienne, a-t-il poursuivi, ce qui explique « les efforts désespérés [du CGRI] de prendre le contrôle total d'Abou Kamal et d'en chasser toutes les autres forces militaires, y compris les forces du régime ».
Le CGRI a également cherché à exercer son contrôle sur les points de franchissement terrestres entre l'Iran et l'Irak pour mettre en place des lignes d'approvisionnement pour ses milices dans la région et sécuriser les voies de transport et de rotation des miliciens, a expliqué à Diyaruna Sheyar Turko, spécialiste des groupes affiliés au CGRI.
« Ces postes de franchissement sont devenus essentiels au vu de la stricte surveillance du transport aérien par rapport au transport terrestre, », a-t-il ajouté.
La possibilité de voyager par voie terrestre entre Téhéran et la côte syrienne sur la Méditerranée via l'Irak « permet au CGRI de contourner certaines des sanctions qui lui sont imposées et d'exporter et d'exporter des marchandises », a expliqué l'expert en stratégie militaire Yahya Mohammed Ali.
L'Iran est en effet fortement dépendant du transport maritime, a-t-il précisé à Diyaruna, et le passage des marchandises iraniennes vers l'Irak et au-delà vers la Méditerranée sera « un élément essentiel des mouvements commerciaux et une importante source de devises fortes ».
Projet de liaison ferroviaire
Outre ses plans visant à mettre en place une liaison terrestre qui relierait l'Iran à la côte syrienne en passant par la province irakienne de l'Anbar et la province syrienne de Deir Ezzor, l'Iran espère mettre en place une liaison ferroviaire vers la Syrie via le port irakien de Bassorah, a ajouté Ali.
L'Iran souhaite relier la ville iranienne de Shalamcheh dans la province du Khouzistan à Bassorah par une voie ferrée de 32 kilomètres de long, puis de relier Bassorah au port syrien de Latakia.
Le CGRI exerce le contrôle total sur ce projet au travers de son affilié Bonyad Mostazafan (Fondation pour les opprimés et les handicapés), a-t-il ajouté.
S'il voit le jour, ce projet facilitera les livraisons d'armes aux affiliés du CGRI en Syrie, en Irak et au Liban, et inondera ces marchés de produits iraniens.