Réfugiés

Fuite des habitants de Deir Ezzor sous la pression du CGRI

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un membre armé d'une milice affiliée au CGRI dans la ville frontalière d'Albou Kamal, dans la province de Deir Ezzor. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux] 

Un membre armé d'une milice affiliée au CGRI dans la ville frontalière d'Albou Kamal, dans la province de Deir Ezzor. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux] 

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et ses milices affiliées accentuent la pression sur les habitants de la province syrienne de Deir Ezzor, déclenchant une nouvelle vague de déplacements civils, a fait savoir un militant local.

De nombreuses maisons abandonnées sont saisies par divers stratagèmes et transformées en logements pour les milices, notamment dans la ville frontalière stratégique d'Albou Kamal, a indiqué à Diyaruna Jamil al-Abed, un militant de Deir Ezzor.

Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'un processus par lequel le CGRI et ses milices affiliées vident systématiquement Deir Ezzor de ses habitants, en particulier à Albou Kamal et dans la campagne environnante et à al-Mayadeen, a précisé al-Abed.

Autres mesures visant à forcer les habitants à s'en aller, les milices interdisent à ces habitants de retirer les gravats laissés par la guerre et entravent leurs efforts pour trouver du travail ou restaurer les services de base, a-t-il indiqué.

Des milices affiliées au CGRI posent en compagnie de collaborateurs civils dans la campagne d'Albou Kamal. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des milices affiliées au CGRI posent en compagnie de collaborateurs civils dans la campagne d'Albou Kamal. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Cela a provoqué un exode de milliers de civils, a-t-il poursuivi, qui partent vers d'autres régions de Deir Ezzor, de Damas et des zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Dans le même temps, les milices renforcent leur influence et imposent leur contrôle sur les régions abandonnées par la population locale, transformant les maisons en postes de sécurité et en logements, a-t-il ajouté, indiquant que le village d'al-Suwaiiyyah avait été complètement repris.

Acquisition des maisons et des biens

Dans certains cas, des maisons et des biens ont également été achetés auprès de civils de la région par des membres de la milice ou par des collaborateurs spécialement missionnés pour ce faire par le CGRI, a-t-il indiqué.

Ces achats sont soit effectués lors de transactions directes, soit opérés par des intermédiaires syriens agissant pour le compte du CGRI, a-t-il précisé.

Lors des achats facilités par le régime syrien, les responsables du CGRI travaillent avec des institutions gouvernementales syriennes pour acquérir des usines appartenant à des propriétaires absents, des Syriens qui ont fui le pays il y a des années, a-t-il précisé.

Une fois la transaction terminée, les documents officiels sont remplis par le ministère syrien de l'Industrie, a-t-il poursuivi.

La tentative faite par l'Iran de renforcer son influence dans l'est de la Syrie sert son agenda dans la région visant à ouvrir un couloir vers le Liban et la Méditerranée par lequel il pourra faire passer des combattants et des armes et étendre ses activités.

Militants et civils sous pression

Les militants syriens ont alerté sur le déploiement des milices affiliées au CGRI dans Deir Ezzor, et ont souligné la présence d'éléments iraniens et de membres du Hezbollah libanais, de la Harakat al-Nujaba et des milices Fatemiyoun et Zainabiyoun, comprenant des combattants afghans et pakistanais, a-t-il précisé.

La plupart de ces milices sont présentes à Albou Kamal, qui touche l'Irak.

Après la publication de ces informations, les milices ont fermé plusieurs zones, ont déplacé leurs caches d'armes et ont ratissé la région à la recherche de ceux qui avaient publié ces informations, a poursuivi al-Abed.

Elles ont également imposé des restrictions strictes sur les communications et la photographie.

Les autres tactiques utilisées pour harceler les civils et empêcher le retour à la vie normale comprennent l'imposition de conditions virtuellement impossibles à la reconstruction des mosquées à Albou Kamal et Deir Ezzor, a-t-il souligné.

Les milices ont stipulé que ceux qui cherchent à rebâtir doivent obtenir des autorisations de sécurité avant que des permis de rebâtir ne puissent leur être accordés, même si le bailleur de fonds est un natif de la région, a-t-il expliqué.

Certains commerçants se sont même vu interdire de reconstruire leurs magasins, a-t-il ajouté.

Les milices ont également imposé des restrictions à l'utilisation des mosquées à Albou Kamal, al-Mayadeen et dans certaines parties de Deir Ezzor, a-t-il précisé, soulignant que des officines spéciales supervisent désormais les sermons du vendredi.

Pour leur part, les husseiniyas prolifèrent et fonctionnent librement, a-t-il conclu.

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