Économie

Déclin d'Iran Air en raison des sanctions

Sultan al-Barei à Riyad

Un appareil appartenant à Iran Air, la compagnie aérienne du pays, sur le tarmac d'un aéroport iranien. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un appareil appartenant à Iran Air, la compagnie aérienne du pays, sur le tarmac d'un aéroport iranien. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les sanctions imposées à Iran Air ont eu un effet négatif sur la flotte déjà vieillissante de la compagnie aérienne nationale, et ont encore réduit la capacité du public iranien à voyager, ont déclaré des spécialistes à Al-Mashareq.

En plus de désigner Iran Air, car elle est « possédée ou contrôlée par le gouvernement iranien », le Trésor américain a désigné le 5 novembre 67 avions utilisés par la compagnie.

Cinquante de ces appareils avaient déjà fait l'objet de sanctions avant l'accord nucléaire de 2015 que l'Iran a annoncé avoir rompu au début du mois.

Les sanctions imposées à l'Iran « ont eu un impact direct sur de nombreux secteurs, dont celui de l'aviation », a rapporté le politologue Abdoul Nabi Bakkar à Al-Mashareq.

Les manifestations qui se sont déroulées en Iran au sujet de la situation économique devraient s'intensifier après les sanctions imposées à Iran Air, ont expliqué des experts à Al-Mashareq. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les manifestations qui se sont déroulées en Iran au sujet de la situation économique devraient s'intensifier après les sanctions imposées à Iran Air, ont expliqué des experts à Al-Mashareq. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

La flotte vieillissante et en mauvais état d'Iran Air a besoin d'une révision et d'une modernisation complètes, a-t-il affirmé, ajoutant qu'en vertu des sanctions, la compagnie aérienne ne peut ni acquérir des pièces de rechange pour réparer ses appareils défectueux, ni acheter de nouveaux avions.

Les préoccupations en matière de sécurité pourraient contraindre l'entreprise « à mettre fin progressivement à ses opérations, laissant les Iraniens pris au piège et incapables de quitter leur pays », a indiqué Bakkar.

La plupart des compagnies aériennes internationales ont déjà suspendu leurs vols à destination et en provenance de l'Iran en réponse aux sanctions, a-t-il poursuivi.

« Cela pourrait être le signe d'une éruption publique imminente, car le peuple [iranien] ne peut plus résister aux pressions internes auxquelles il est confronté depuis des années en raison de l'effondrement de l'économie », a déclaré Bakkar.

Il a souligné que la détérioration de l'économie iranienne était due « non seulement aux sanctions, mais aussi au détournement de fonds publics par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien vers ses intermédiaires régionaux ».

Mécontentement croissant

L'arrêt des vols vers l'étranger aura un impact négatif sur tous les Iraniens qui cherchent à se rendre à l'étranger, y compris les étudiants, les hommes d'affaires et les commerçants, a affirmé Fathi al-Sayed, chercheur en affaires iraniennes au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Cela aura pour effet de « piéger » les Iraniens à l'intérieur du pays, a-t-il poursuivi, soulignant que cela alimentera très certainement le ressentiment du public contre les actions et les politiques du régime iranien.

« Cela les amènera à accuser le CGRI, en raison de ses plans et politiques extérieures », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, ajoutant qu'il est probable que cela « augmentera l'importance et l'impact des manifestations nationales ».

La flotte d'Iran Air devrait se réduire progressivement à mesure que d'autres avions seront cloués au sol, a expliqué l'avocat syrien Bashir al-Bassam, précisant que ses avions vieillissants ont grandement besoin de pièces de rechange et d'entretien.

Les avions iraniens se heurtent à un obstacle supplémentaire lorsqu'il s'agit de ravitaillement en carburant, a-t-il précisé à Al-Mashareq, « car de nombreux pays ont commencé à s'abstenir de le faire ».

Des informations indiquent que des fournisseurs de carburant sur certaines liaisons internationales ont refusé de ravitailler les vols d'Iran Air, de peur d'être eux-mêmes sanctionnés.

Ce refus de service peut également s'étendre à d'autres prestataires de services au sol.

Cela pose « de nombreux problèmes pour Iran Air, qui entraînent des retards, des horaires irréguliers et une augmentation du coût des vols », a rapporté al-Bassam.

En 2011, les États-Unis avaient imposé des sanctions à Mahan Air, première compagnie aérienne privée d'Iran, affirmant qu'elle apportait un soutien financier et autre au CGRI.

En mars 2019, la France a révoqué la licence d'exploitation de Mahan Air dans le pays, l'accusant de transporter du matériel et du personnel militaires vers la Syrie et d'autres zones de guerre du Moyen-Orient. Cette décision a été prise après que l'Allemagne eut interdit la compagnie aérienne en janvier.

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