Politique

Le fait que l'Iran s'appuie autant sur les milices étrangères montre l'étendue de la crise du CGRI

Waleed Abou al-Khair au Caire

Le major général Qassem Suleimani, commandant de la force al-Qod du CGRI, rencontre des officiers supérieurs du CGRI et les dirigeants des milices irakiennes fidèles à l'Iran lors d'une réunion « de crise » organisée à Ahwaz. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le major général Qassem Suleimani, commandant de la force al-Qod du CGRI, rencontre des officiers supérieurs du CGRI et les dirigeants des milices irakiennes fidèles à l'Iran lors d'une réunion « de crise » organisée à Ahwaz. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

En décidant de faire venir des milices étrangères pour l'aider à réprimer la dissidence dans les zones touchées par les inondations, le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) a révélé l'ampleur de la crise à laquelle il est confronté, ont déclaré des spécialistes de l'Iran à Al-Mashareq.

La colère populaire couve en Iran sur la façon dont la République islamique a réagi aux inondations catastrophiques, et sur la grave négligence des infrastructures qui en a aggravé les effets dévastateurs.

Le déploiement de milices affiliées au CGRI depuis des pays comme l'Irak et le Liban a contribué au climat de dissidence grandissant qui a suivi les inondations, qui ont déplacé des milliers d'Iraniens et causé des dégâts très importants.

Des factions des Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, du Hezbollah libanais et de la Brigade Fatemiyoun, une milice soutenue par le CGRI composée de combattants afghans, ont été vues dans les régions d'Ahwaz, du Khuzestan et du Lorestan.

Des membres du Hezbollah libanais font flotter leur drapeau dans la région iranienne d'Ahwaz frappée par les inondations. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des membres du Hezbollah libanais font flotter leur drapeau dans la région iranienne d'Ahwaz frappée par les inondations. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les dégâts causés par les inondations ont ravagé plusieurs régions d'Iran et déclenché des protestations contre la réponse apportée par le gouvernement. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les dégâts causés par les inondations ont ravagé plusieurs régions d'Iran et déclenché des protestations contre la réponse apportée par le gouvernement. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Ahwaz a été le théâtre de manifestations populaires contre le CGRI et le gouvernement, selon Fathi al-Sayed, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques spécialisé dans les affaires iraniennes.

« Ces groupes se déploient autour de [ces] régions et les encerclent pour réprimer toute action populaire », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

En faisant venir ses affiliés étrangers pour aider à réprimer les manifestations, le CGRI veut faire savoir au peuple iranien « qu'une répression extrême attend ceux qui se rebellent », a déclaré al-Sayed.

Pour l'extérieur, a-t-il poursuivi, le déploiement de milices étrangères vise à rappeler que « le CGRI peut déplacer ses forces par-delà les frontières au Moyen-Orient ou, en d'autres termes, peut répondre à toute menace, où qu'elle se trouve ».

Détournement de fonds d'aide

L'une des principales sources de colère du public est le détournement par le CGRI de fonds destinés par les donateurs locaux et étrangers à l'aide aux victimes d'inondations.

« Le CGRI a fait main basse sur l'argent de l'aide récolté en Iran, ainsi que sur l'argent donné par certains pays occidentaux et arabes qui était destiné aux personnes touchées par les inondations », a expliqué le politologue Ali Narimani à Al-Mashareq.

« Cependant, aucune aide en espèces ou en nature n'a jusqu'ici été signalée comme distribuée aux victimes », a-t-il indiqué, notant qu'elle a probablement été détournée vers les milices étrangères qui « sont soi-disant venues aider et porter secours ».

Narimani a déclaré que les inondations ont donné lieu à une sorte de solidarité sociale entre les milliers de personnes des zones dévastées par les inondations, qui ont pris l'initiative d'organiser des équipes de secours pour aider à nettoyer les conséquences des inondations.

Mais les forces affiliées au CGRI ont arrêté 40 personnes impliquées dans cet effort, a-t-il rapporté, en plus de confisquer les fonds d'aide qu'elles avaient collectés pour aider les victimes.

« Dans le même temps, des éléments du Hezbollah [libanais] et du Harakat al-Nujaba [irakien] sont ouvertement déployés et hissent leurs drapeaux d'une manière provocatrice pour les civils », a déclaré Narimani.

Ces milices n'ont entrepris aucun travail humanitaire, a-t-il souligné, et sont simplement stationnées à des endroits précis d'où elles peuvent rapidement réagir pour réprimer les manifestations.

Le CGRI protège ses propres intérêts

Dans sa réponse aux inondations, la priorité évidente du CGRI a été de protéger ses propres investissements générateurs de revenus dans la zone, parmi lesquels les champs pétroliers et les plantations de canne à sucre appartenant à des entreprises du CGRI.

Cela a également « suscité la colère des civils », a fait savoir Narimani.

« L'utilisation par le CGRI de ses affiliés étrangers est une indication très sérieuse et importante qu'il ne fait pas confiance aux forces de sécurité locales pour réprimer les manifestations qui pourraient avoir lieu contre le gouvernement ou le CGRI », a affirmé Sheyar Turko, chercheur en affaires iraniennes.

« L'arrivée de ces groupes armés n'est pas bien vue, même par ceux qui sont proches des cercles décisionnels », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, surtout après qu'il a été découvert que l'arrivée de ces groupes a été organisée unilatéralement par le CGRI.

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