Sécurité

Des pétroliers saoudiens « sabotés » dans le Golfe

AFP

Une photo prise le 13 mai montre le pétrolier Amjad, l'un des deux pétroliers signalés comme ayant été endommagés lors de mystérieuses « attaques de sabotage » au large de l'émirat de Fujairah. [Karim Sahib/AFP]

Une photo prise le 13 mai montre le pétrolier Amjad, l'un des deux pétroliers signalés comme ayant été endommagés lors de mystérieuses « attaques de sabotage » au large de l'émirat de Fujairah. [Karim Sahib/AFP]

L'Arabie saoudite a déclaré lundi 13 mai que deux de ses pétroliers avaient été endommagés lors de mystérieuses « attaques de sabotage » dans le golfe d'Oman, alors que les tensions régionales augmentent dans cette région.

Le royaume a condamné « les actes de sabotage qui ont visé des navires commerciaux et civils près des eaux territoriales des Émirats arabes unis », a déclaré une source du ministère des Affaires étrangères.

« Cet acte criminel représente une menace sérieuse envers la sécurité de la navigation maritime et a un effet négatif sur la paix et la sécurité régionale et internationale », a ajouté la source.

Les Émirats arabes unis ont fait savoir dimanche que quatre navires de commerce de diverses nationalités avaient été la cible d'actes de sabotage au large de l'émirat de Fujairah.

Le ministre saoudien de l'Énergie Khalid al-Falih a déclaré que ces deux pétroliers avaient subi « d'importants dégâts », mais qu'il n'y avait pas eu de victimes ni de marée noire.

Ni l'Arabie saoudite ni les Émirats arabes unis n'ont fourni de détails sur la nature des attaques.

« Sabotage délibéré »

Anwar Gargash, ministre d'État émirien des Affaires étrangères, a déclaré que les Émirats allaient enquêter sur le « sabotage délibéré » de ces navires.

« L'enquête sera menée de manière professionnelle, les faits seront établis et nous en tirerons nos propres lectures et conclusions », a-t-il déclaré.

Le port de Fujairah est le seul terminal émirati situé sur la mer d'Arabie, contournant le détroit d'Ormuz, par lequel passent la plupart des exportations de pétrole du Golfe.

L'Iran a à plusieurs reprises menacé de fermer le détroit alors que les tensions augmentent avec les États-Unis.

L'un des deux pétroliers attaqués allait être chargé de pétrole brut dans un terminal saoudien pour des clients aux États-Unis, a indiqué al-Falih.

Les prix du pétrole ont augmenté sur les marchés mondiaux lundi, le pétrole brut Brent de la mer du Nord, qui sert de référence, a ainsi augmenté de 1,8 %, passant à 71,90 dollars le baril à Londres.

Les marchés boursiers du Golfe ont enregistré des pertes, et la bourse saoudienne a baissé de 2,7 % .

« Événement grave »

Les Émirats arabes unis n'ont accusé personne, mais ont averti que « le fait de saboter des navires commerciaux et civils et de menacer la sécurité et la vie des personnes à bord est un événement grave ».

Abu Dhabi a appelé les puissances mondiales à contribuer à la sécurité du trafic maritime.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, s'est dit préoccupé par cet incident et ses possibles conséquences.

« Les incidents dans la mer d'Oman sont alarmants et regrettables », a confié Mousavi.

Il a « mis en garde contre les complots de personnes malveillantes voulant perturber la sécurité régionale » et a « appelé à la vigilance des États régionaux face à la témérité d'éléments étrangers ».

Presque toutes les exportations de pétrole de l'Arabie saoudite, de l'Irak, des Émirats arabes unis, du Koweït, du Qatar et de l'Iran lui-même, au moins quinze millions de barils par jour, passent par le détroit d'Ormuz.

Le ministre saoudien a dénoncé l'attaque contre ces navires, affirmant qu'elle « vise à saper la liberté de la navigation maritime et la sécurité des approvisionnements pétroliers des consommateurs du monde entier ».

« Escalade dangereuse »

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), composé de six pays, dont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a condamné l'incident de dimanche, tout comme la Ligue arabe.

« C'est une escalade dangereuse qui représente les mauvaises intentions de ceux qui ont planifié et exécuté cette opération », a expliqué dans un communiqué le secrétaire général du CCG, Abdoullatif al-Zayani.

Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a déclaré quant à lui que « ces actes criminels constituent une violation dangereuse de la liberté et de la sécurité du commerce ».

Le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a appelé à « une période de calme ».

« Nous sommes très préoccupés par le risque de déclenchement accidentel d'un conflit à cause d'une escalade non voulue de part et d'autre, mais qui se termine par un conflit d'une nature ou d'une autre », a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour une réunion des ministres européens des Affaires étrangères.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a renoncé à une visite prévue à Moscou pour se rendre à Bruxelles et s'entretenir avec des responsables européens sur des « questions urgentes », dont l'Iran, a indiqué un responsable du département d'État.

L'année dernière, l'Arabie saoudite avait temporairement suspendu ses expéditions de pétrole par le détroit de Bab el-Mandeb après que deux de ses bateaux eurent été attaqués par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran.

Le Pentagone a déclaré vendredi qu'il déployait un navire d'assaut amphibie et une batterie de missiles Patriot au Moyen-Orient pour renforcer un groupe d'attaque de porte-avions et une force d'action de bombardiers envoyés pour contrer les menaces iraniennes présumées.

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