Les milices appuyées par l'Iran qui opèrent en Irak utilisent leur influence pour extorquer de l'argent de protection aux chefs d'entreprises, en particulier dans les zones libérées de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), ont expliqué des citoyens et des responsables irakiens.
Les menaces répétées de ces milices, qui opèrent comme de véritables gangs, ont poussé un certain nombre d'Irakiens à renoncer à leur gagne-pain et à quitter les villes.
Asaib Ahl al-Haq en particulier a « étranglé Salaheddine » par sa cupidité, a expliqué un habitant de la province qui a demandé à conserver l'anonymat par peur de représailles.
À Salaheddine, les milices épaulées par l'Iran « s'immiscent dans chaque aspect de la vie des gens et les forcent à verser de l'argent en prétextant qu'elles protègent leurs intérêts », a-t-il précisé à Diyaruna.
« Tout le monde, y compris les agriculteurs, les propriétaires de restaurants et de magasins, les artisans et même les vendeurs des rues doivent verser une partie de leurs revenus à ces milices », a-t-il expliqué, ajoutant que refuser peut leur coûter la vie.
Un habitant de Mossoul qui a lui aussi demandé à rester anonyme a expliqué à Diyaruna que le racket pratiqué par ces milices ne lui a laissé, à lui et à d'autres propriétaires de magasins, « d'autre choix que de fermer boutique et de partir pour échapper à la pression ».
« Les membres de la milice parcourent le marché pour voir combien de magasins s'y trouvent et combien gagne chaque commerçant afin de pouvoir calculer le montant de l'extorsion, qui peut parfois atteindre plusieurs centaines de dollars », a-t-il ajouté.
« Ils nous ont rendu la vie insupportable et nous et nos familles ne nous sentons plus en sécurité », a-t-il poursuivi. « L'EIIS a été la raison de notre déplacement, et aujourd'hui la pression que nous imposent ces milices nous a une fois de plus poussés à partir. »
« Un chantage flagrant contre les habitants »
Dans la province de Ninive, les milices armées irakiennes qui doivent leur loyauté à l'Iran qui les finance « rackettent de manière flagrante et forcent les habitants à leur verser de l'argent pour leur protection », a expliqué le député de Ninive Hassan al-Alaw al-Jubouri.
« La plupart des gens paient par crainte de la tyrannie des miliciens », a-t-il raconté à Diyaruna, soulignant que les gens sont furieux qu'après la défaite de l'EIIS une autre force soit venue le remplacer.
Les forces irakiennes opérant dans la province ont signalé ces tentatives d'extorsion au gouvernement fédéral, a poursuivi al-Jubouri, précisant qu'il avait lui-même à plusieurs reprises soulevé la question au parlement.
La seule véritable solution consiste à « retirer les milices et les factions armées des villes et des villages », a-t-il estimé, et d'affirmer clairement que la police irakienne est chargée de faire appliquer la loi et que « personne n'est au-dessus de la loi ».
« C'est la seule façon dont nous souhaitons régler cette question », a-t-il continué.
De la même manière, le chef de la Coalition Qarar irakienne Athil al-Nujaifi a appelé à ce que ces « factions armées impopulaires » soient retirées des villes, soulignant que la seule présence officielle devrait être celle des forces de sécurité irakiennes.
« Aucune entité parallèle n'a le droit d'exister et de mener des activités illégales qui victimisent les civils », a-t-il ajouté à Diyaruna, indiquant le rôle d'Asaib Ahl al-Haq dans la récente catastrophe du ferry à Mossoul.
Le naufrage d'un ferry qui franchissait le Tigre à Mossoul, un accident qui a coûté la vie à près de 100 personnes, a fait apparaître au grand jour la corruption qui sévit dans les régions d'Irak où les milices appuyées par l'Iran exercent leur influence.
Les milices visent avant tout les régions libérées
Les milices irakiennes liées au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), en particulier Asaib Ahl al-Haq et Kataeb Hezbollah, comptent sur ce racket pour financer leurs opérations, a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Alaa al-Nashou.
Ces milices opèrent dans tout l'Irak, a-t-il poursuivi, mais « elles visent avant tout les régions libérées où la sécurité est fragile, pour laisser croire aux habitants que leur présence est essentielle et indispensable pour protéger leurs vies et sécuriser leurs biens ».
« Cela leur permet en fin de compte de faire chanter la population locale pour de l'argent de protection ou de voler les ressources », a-t-il ajouté, soulignant que « selon certains rapports, ce sont près de 20 % de l'économie du pays qui sont entre les mains des milices ».
Ces milices collectent l'argent de la protection alors que leur financement se tarit par suite des sanctions américaines imposées à l'Iranet du contrôle des transactions bancaires illégales liées à leurs sources de financement, a ajouté al-Nashou.
« Ces milices menacent et extorquent maintenant de l'argent aux commerces de gros et de détail, ainsi qu'au secteur privé et même aux petites et moyennes entreprises dans les régions où la sécurité est faible », a-t-il poursuivi.
Les revenus des parkings publics et de ceux des hôpitaux, des centres commerciaux et des camions de transport de marchandises sont également visés par ces milices, a-t-il ajouté.
Les opérateurs de services municipaux et publics ont eux aussi été poussés à octroyer des contrats et des appels d'offres à ceux qui paient les pots-de-vin et les taxes aux milices, a-t-il conclu.
C'est vrai. Vous ne voulez pas d'un État ou de la charia ; prenez ça, alors!
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