Un nouveau programme de rémunération du travail de la province d'Abyan, dans le sud du Yémen, a pour but de lutter contre la pauvreté et d'aider les jeunes à trouver du travail et à les empêcher d'intégrer des groupes terroristes, déclarent des experts à Al-Mashareq.
Les autorités locales ont lancé ce programme dans les districts de Zinjibar et de Khanfar le 10 février lors d'une cérémonie à laquelle participaient le vice-gouverneur et le secrétaire général du conseil local d'Abyan, ainsi que d'autres responsables et représentants d'organisations soutenant le programme.
Celui-ci est mis en œuvre par Diversity Organisation (DO) avec le soutien de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), et est financé par le King Salman Humanitarian Aid and Relief Center (KSrelief) et les Émirats arabes unis.
Le programme de rémunération du travail vise à renforcer la résistance des communautés vulnérables, des déplacés internes (DI), des familles sans source de revenus, des personnes ayant des besoins spéciaux, des personnes souffrant de maladies chroniques et des familles n'ayant reçu aucune aide au cours des six derniers mois.
Il fournira aux bénéficiaires un capital pour lancer de petites entreprises qui contribuent à l'amélioration de leur qualité de vie, a déclaré Bashir al-Naqib, directeur régional de DO.
« Les activités principales devant être mises en place au cours de ce programme de quatre mois comprennent le retrait des arbres dangereux, des déchets de construction, de la terre et des détritus, ainsi que les travaux pour les eaux usées et la plantation d'arbres », a indiqué Naqib dans un discours prononcé lors de la cérémonie de lancement.
Des campagnes de sensibilisation seront également menées dans les écoles pour encourager au nettoyage de l'environnement, a-t-il rapporté.
Créer des opportunités d'emploi
« Le programme de rémunération du travail fournira des opportunités d'emploi à 350 personnes des districts de Khanfar et Zinjibar », a fait savoir à Al-Mashareq Nasser al-Mansari, secrétaire général du conseil local de Khanfar.
Soixante-dix d'entre eux seront à Zinjibar et 280 à Jaar, la capitale du district de Khanfar, a-t-il précisé.
« Ce programme aidera aussi des patients atteints de cancer ou d'insuffisance rénale, des personnes ayant des besoins spéciaux et des aveugles, en payant leurs dépenses de santé, à condition que leurs enfants ou leurs proches accomplissent le travail qui leur a été assigné », a-t-il expliqué.
La mise en œuvre d'un tel programme à Khanfar fournit du travail et assure une source de revenus aux jeunes, a-t-il rapporté, et les empêche d'être recrutés par les groupes terroristes.
« Certains jeunes intègrent ces groupes pour disposer d'une source de revenus pour leur famille », a-t-il indiqué, et les groupes extrémistes comme al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) exploitent la situation difficile des jeunes pour les recruter.
« Un outil efficace pour réduire l'extrémisme »
Les programmes de rémunération du travail font partie des outils humanitaires les plus efficaces pour améliorer la vie des communautés isolées et vulnérables qui sont touchées par le conflit, a affirmé l'expert en développement Abdel-Ilah Taqi à Al-Mashareq.
Ces programmes « répondent aux besoins humanitaires à court terme en fournissant de l'argent liquide », a-t-il fait savoir. Ils satisfont également aux besoins de développement à long terme en fournissant des services et en aidant la population concernée à acquérir de nouvelles compétences.
« Dans les zones qui étaient sous le contrôle d'al-Qaïda, comme Zinjibar et Jaar, la rémunération du travail est un outil efficace pour limiter l'extrémisme et le recrutement des groupes extrémistes », a-t-il rapporté.
Compte tenu des conflits chroniques que Zinjibar et Jaar ont subis pendant plusieurs années, « une aide transitoire ne suffit plus », a déclaré Taqi.
« La meilleure solution est ce que l'on appelle dans le milieu du travail humanitaire une « reprise précoce » économique et sociale grâce au mécanisme de rémunération du travail », a-t-il fait savoir.
Cette reprise précoce permet aux gens d'utiliser les bénéfices de l'action humanitaire afin de saisir les opportunités de développement, de renforcer leur résistance et d'établir un processus durable de récupération après la crise.
Relancer les économies locales
« Le mécanisme de ces programmes permet d'atteindre quatre objectifs, le premier étant de répondre aux cas d'urgence en fournissant des emplois rémunérés aux membres des familles de travailleurs pour pouvoir acheter des biens de première nécessité », a expliqué l'expert en économie Abdoul Jalil Hassan.
Le deuxième objectif est de fournir des services de base durables à la communauté, comme installer le revêtement des rues et des routes rurales, installer des réservoirs de collecte d'eau de pluie, réhabiliter des terres agricoles et protéger [la qualité] du sol et de l'eau pour améliorer la production agricole, a-t-il précisé à Al-Mashareq.
« Le troisième objectif est de fournir aux familles vulnérables et touchées l'occasion de suivre une formation aux travaux de construction et de production de biens, afin qu'elles puissent lancer leur propre entreprise », a-t-il indiqué.
L'objectif final est de voir l'argent versé pour les salaires et l'achat de matériaux de construction pour ces projets contribuer à relancer le commerce local, a déclaré Hassan.
Cela permettra de faire circuler des devises fortes au Yémen, a-t-il fait savoir, « et non de les dépenser pour importer des produits d'aide de l'étranger ».