Économie

Signature d'accords énergétiques et commerciaux entre la Jordanie et l'Irak

Mohammed Ghazal à Amman

Les Premiers ministres jordanien et irakien participent à une cérémonie organisée le 2 février à la frontière pour annoncer de nouveaux accords commerciaux. [Photo extraite de la page Facebook de la primature jordanienne]

Les Premiers ministres jordanien et irakien participent à une cérémonie organisée le 2 février à la frontière pour annoncer de nouveaux accords commerciaux. [Photo extraite de la page Facebook de la primature jordanienne]

Les gouvernements jordanien et irakien ont signé début février plusieurs accords destinés à renforcer leur coopération, notamment dans les secteurs de l'énergie et du commerce.

Ces accords ont été annoncés lors des entretiens du 2 février au poste frontialier d'al-Karama-Trebil entre le Premier ministre jordanien Omar al-Razzaz et le Premier ministre irakien Adel Abdoul Mahdi, accompagnés de plusieurs ministres et responsables.

L'un des principaux accords prévoit que la Jordanie fournira de l'électricité à l'Irak grâce au raccordement des réseaux électriques des deux pays.

Les deux parties sont par ailleurs convenues de lancer des études techniques et de lever les fonds nécessaires à la mise en œuvre de ce projet d'ici trois mois, la Jordanie devant commencer à exporter de l'électricité en Irak d'ici deux ans.

Les deux pays ont également convenus d'entamer les études devant conduire à la mise en place d'un oléoduc irakien partant de Basra jusqu'au port jordanien d'Aqaba en passant par Haditha dans la province irakienne de l'Anbar, pour permettre à l'Irak de diversifier ses marchés à l'exportation.

En vertu de ces accords, l'Irak fournira à la Jordanie 10 000 barils par jour de pétrole de Kirkouk, ce qui ouvrira la porte à l'exportation de pétrole irakien vers la Jordanie et stimulera l'activité de transport et de camionnage dans les deux pays.

Une zone industrielle commune

L'Irak a accepté d'activer une décision du gouvernement datant de 2017 d'exempter plusieurs produits jordaniens de droits de douane, à l'issu de négociations visant à identifier les produits dont l'importation n'occasionnerait aucun tort aux entreprises ou aux produits agricoles irakiens.

Les marchandises ainsi exemptées ne sont pas produites en Irak ou si elles le sont, elles ne suffisent pas à couvrir les besoins du marché irakien.

Dans un autre accord, la Jordanie a décidé d'exempter les biens irakiens importés par le port d'Aqaba de 75 % des taxes appliquées par l'Autorité de la zone économique spéciale d'Aqaba (ASEZA).

Cela signifie que seuls 25% des taxes de manutention sont payés par l'importateur irakien.

Dans le cadre des échanges commerciaux et de l'intégration, les deux parties ont mis en œuvre plusieurs mesures pour faire progresser la mise en place d'une zone industrielle commune irako-jordanienne.

Cela constitue une opportunité pour les produits et les entreprises irakiennes de bénéficier d'exemptions et d'avantages en vertu de différents accords de libre échange.

De plus, le mécanisme de transport « porte à porte » a été mis en œuvre pour les marchandises et les produits pétroliers, ce qui permet aux camions jordaniens d'entrer dans les villes irakiennes et aux camions irakiens de pénétrer en territoire jordanien.

Ce dispositif remplace le mécanisme précédent, rendu nécessaire du fait de la situation en Irak, qui exigeait des camions qu'ils déchargent leurs marchandises à la frontière et aux camions de l'autre pays de les transporter jusqu'à leur destination finale à partir de là.

Ces restrictions au transport avaient été imposées en 2014, après que « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) se fut emparé de vastes régions côté irakien de la frontière.

Des accords favorables aux deux parties

Les accords passés entre la Jordanie et l'Irak « ouvrent la voie à une reprise d'échanges commerciaux massifs entre les deux pays, et renforcent l'activité et la coopération commerciales », a expliqué à Al-Mashareq l'économiste Wajdi Makhamreh.

« La Jordanie fournira à l'Irak de l'électricité, et en retour, les marchandises jordaniennes seront exemptées de droits de douane », a-t-il précisé. « Cela revêt une très grande importance pour l'industrie jordanienne, car cet accord permet aux produits jordaniens d'entrer à nouveau sur le marché irakien».

Le marché irakien est l'un des principaux marchés pour les exportations jordaniennes, et la fermeture du point de passage de Trebil entre les deux pays en 2014 avait entraîné de lourdes pertes financières.

La reprise de la coopération énergétique revêt une importance clé pour la Jordanie, qui recevra un pétrole irakien qui couvrira environ 7 % de ses besoins journaliers, a-t-il poursuivi. Cela « aidera à revitaliser le secteur des tankers pétroliers, et à réduire les coûts pour la Jordanie ».

Il est également important de faire avancer le projet d'oléoduc, a-t-il précisé, soulignant qu'il était vital pour les deux pays et créera des milliers d'emplois.

« Optimistes pour la phase suivante »

« Des dizaines de camions jordaniens sont entrés en territoire irakien après la signature de ces accords en début de mois », a expliqué à Al-Mashareq Mohammed Khair al-Daoud, le président de l'Union jordanienne des propriétaires de camions.

Ce nombre ne fera qu'augmenter, a-t-il poursuivi.

Exempter plusieurs produits de droits de douane sera un facteur important pour le commerce, et cela permettra de revitaliser le secteur du transport terrestre, qui a perdu plus de 700 millions de dinars jordaniens (987 millions dollars) depuis la fermeture de la frontière, a-t-il ajouté.

« Malheureusement après la fermeture de la frontière, de nombreux exploitants et chauffeurs de camions se retrouvèrent sans travail », a-t-il expliqué. « Mais nous sommes optimistes pour la phase suivante, et les accords qui ont été annoncés sont très importants».

Il a souligné que plus de 700 camions passaient en Irak chaque jour avant la fermeture de la frontière.

L'exemption de plus de 300 produits jordaniens de droits de douane contribue à renforcer l'industrie jordanienne et à renforcer sa compétitivité, a expliqué Yanal al-Bermawi, porte-parole du ministère de l'Industrie du Commerce et des Approvisionnements.

« Cette décision d'exemption tombe dans le cadre de l'accord de libre échange entre les deux pays », a-t-il ajouté dans sa déclaration à Al-Mashareq.

« Ces accords sont importants et laissent entrevoir un avenir prometteur dans la coopération entre les deux pays », a-t-il conclu.

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