Les fonds fournis en 2018 en soutien au Plan de réponse de la Jordanie à la crise en Syrie (JRPSC) n'ont représenté que 38,4 % du montant demandé.
La Jordanie a reçu 954 millions de dollars de financement sur les 2,48 milliards de dollars que le royaume avait demandés en 2018 pour financer son plan, un mécanisme de partenariat stratégique qui lui permet de supporter la charge de la crise des réfugiés, piloté par le ministère de la Planification et de la Coopération internationale.
Ce plan recouvre plusieurs programmes pour aider les réfugiés syriens et les communautés d'accueil, et pour alléger la charge financière liée à l'accueil de ces réfugiés.
Sur le montant total de l'aide reçue en vertu de ce plan, le secteur de l'éducation s'est vu attribuer 94 millions de dollars, le secteur de la protection sociale 95 millions, celui de la santé 110 millions, celui de l'eau 54 millions, et les services municipaux 39 millions de dollars.
Le gouvernement et la communauté internationale avaient lancé ce Plan de réponse jordanien à la crise syrienne (2018-2020) en lançant un appel à 7,3 milliards de dollars sur trois ans, soit chaque année en moyenne près de 2,4 milliards de dollars.
Cette enveloppe de 7,3 milliards vise à soutenir le bien-être des réfugiés syriens et des communautés d'accueil jordaniennes, tout en renforçant les capacités nationales.
Baisse du soutien international
« Ce déficit de financement illustre l'attention réduite qu'accorde la communauté internationale à la crise syrienne au regard des nombreuses évolutions qui ont eu lieu en 2018 », a expliqué l'économiste Wajdi Makhamreh.
Celles-ci comprennent la réouverture du poste-frontière de Jaber-Nassib entre la Syrie et la Jordanie, et la reprise par le régime syrien de larges portions de territoire, a-t-il précisé à Al-Mashareq.
« La baisse de soutien à ce plan intervient dans un contexte de déclin généralisé du soutien international à la crise syrienne », a-t-il poursuivi, soulignant que cela aura un impact négatif sur les pays qui accueillent des réfugiés, en particulier la Jordanie et le Liban.
« La Jordanie doit continuer à exercer des pressions politiques sur les pays donateurs afin qu'ils continuent leurs programmes et leur assistance jusqu'au retour de ces réfugiés », a-t-il ajouté.
La Jordanie a annoncé qu'elle devra avoir recours à l'emprunt et à des prêts bonifiés pour couvrir le déficit budgétaire de l'année en cours et réduire la dette publique, qui dépasse 650 millions de dinars jordaniens (917 millions USD).
« La Jordanie ne doit pas être la seule à supporter la charge de cette crise des réfugiés syriens », a-t-il ajouté, soulignant le besoin de poursuivre les programmes d'assistance, notamment dans les camps de réfugiés.
Ces camps abritent entre 10 et 15 % du nombre de Syriens présents en Jordanie.
Espoirs de retour
Les organisations internationales doivent continuer à mettre en œuvre des programmes de soutien aux réfugiés, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé, pour éviter des lacunes dans la fourniture de services, a expliqué l'économiste Mazen Marji à Al-Mashareq.
« Les évolutions survenues en Syrie n'ont pas mis fin la crise des réfugiés », a-t-il poursuivi.
Marji a souligné le fait que les réfugiés ne doivent pas être tenus pour responsables des pressions économiques que subit la Jordanie.
« Le million de réfugiés syriens présents en Jordanie représentent un colossal pouvoir d'achat qui a joué un rôle dans la stimulation de l'économie ces dernières années », a-t-il expliqué.
Malgré les pressions exercées sur certains secteurs, les pays donateurs ont mis en œuvre plusieurs programmes qui ont joué un rôle essentiel dans l'allègement du fardeau qui pèse sur la Jordanie, a-t-il ajouté.
« Je pense qu'un grand nombre de réfugiés syriens rentreront en Syrie en 2019, et qu'en conséquence la communauté internationale ne continuera pas à fournir une assistance au même rythme », a ajouté Marji.
Le nombre exact de réfugiés rentrés en Syrie reste encore à ce stade inconnu, certaines sources parlant de plus de 30 000 retours.
Selon le représentant du HCR en Jordanie Stefano Severe, ce chiffre est un peu exagéré et reflète le trafic général à la frontière, plutôt que le nombre réel de réfugiés sur le retour.
« Il existe des idées fausses sur qui est un réfugié rentrant et qui est un Jordanien ou un Syrien effectuant simplement un déplacement transfrontalier dans le cadre de procédures normales d'immigration ou commerciales », a-t-il ajouté.
Grâce à sa base de données, le HCR a été en mesure de vérifier que 3 852 réfugiés étaient rentrés en Syrie entre le 15 octobre et le 1er décembre, tandis qu'une liste publiée par le gouvernement jordanien portait ce nombre à 4 300.
« Bien que ces chiffres soient différents, il existe également de nombreux Syriens qui ne sont pas inscrits auprès du HCR, ce qui constitue la principale raison de cet écart », a conclu Severe.