Répondre aux besoins du peuple yéménite en 2019 nécessitera 4 milliards de dollars, ont affirmé les Nations unies le mois dernier, en lançant le grand appel de leur histoire en faveur d'un pays.
Cet appel pour le Yémen s'inscrit dans le cadre de l'Appel humanitaire mondial des Nations unies pour 2019.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres va organiser une conférence des bailleurs de fonds le 26 février à Genève destinée à lever des fonds pour le Yémen, avec la Suède et la Suisse.
« Le Yémen est le pays qui connaîtra la plus grave crise en 2019 », a déclaré Mark Lowcock, coordonnateur de l'aide d’urgence des Nations unies, lors de son appel du 4 décembre.
Pour aider à répondre aux besoins du Yémen, les Nations unies demandent 4 milliards de dollars pour 2019, a-t-il fait savoir, soulignant que 24 millions de personnes au Yémen auront besoin d'une aide humanitaire cette année.
La récente analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (CSA) est alarmante, a indiqué dans une déclaration Lise Grande, coordinatrice résidente des Nations unies au Yémen.
Au Yémen,« 65 000 personnes survivent à peine à l'heure actuelle, et pour au moins un quart de million de personnes, les perspectives pour cette année sont extrêmement sombres », a-t-elle poursuivi.
« Tout changement dans leur situation, notamment une moindre capacité à accéder à la nourriture de façon régulière, les placera dans une situation de très grand danger. »
Le Yémen est entré dans une guerre civile en 2014, après que les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran, eurent pris le contrôle de la majorité du pays, y compris la capitale Sanaa, forçant le gouvernement à se déplacer vers Aden.
La guerre a dévasté les infrastructures du pays, les Nations unies décrivant la situation comme étant l'un des pires désastres humanitaires des temps modernes.
Hausse du nombre de personnes souffrant de la faim
Cette insistance en faveur d'un appel humanitaire est due la hausse du nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire, a expliqué Zaid al-Alaya, agent d'informations publiques au Yémen pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH).
« Le nombre de personnes visées par l'aide alimentaire fournie par le Programme alimentaire mondial passera à douze millions, alors qu'il était de huit millions en 2018 », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
« En 2018, l'appel humanitaire se montait à 2,96 milliards de dollars, dont 78 %, soit 2,32 milliards, ont été couverts par les bailleurs de fonds et les soutiens », a rapporté al-Alaya.
« Le financement promis au Yémen pour 2018, à la fois dans le cadre du plan de réponse humanitaire et en dehors de celui-ci, dépasse 4 milliards de dollars », a indiqué Moustafa Nasr, directeur du Centre d'études et de médias économiques.
« C'est une somme gigantesque, compte tenu de [la petite taille de] l'économie yéménite, dont le budget général dans les circonstances normales d'avant-guerre ne dépassait pas les 11 milliards de dollars », a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.
Le fait que le volume d'aide humanitaire ait atteint ce niveau « souligne l'importance que les pays de la région et du monde accordent à la tragédie humanitaire causée par la guerre au Yémen », a ajouté Nasr.
« Les flux d'aide humanitaire entrant ainsi au Yémen requièrent une gestion efficace des es ressources pour garantir qu'ils parviennent bien à ceux qui en ont besoin », a-t-il déclaré.
La guerre exacerbe les souffrances
« L'État yéménite a été renversé », a expliqué le journaliste Mounir Talal à Al-Mashareq, et en conséquence, « les secteurs de l'éducation et de la santé subissent un recul majeur ».
« Les enseignants et les fonctionnaires ne perçoivent plus leurs salaires, et ils ont besoin d'une aide urgente », a-t-il rapporté.
Cette longue guerre a entraîné « la détérioration des services sociaux, éducatifs et de santé, ainsi que la destruction des infrastructures », a fait savoir Nawal Abdel Rahman, chercheuse au Centre d'études de la population de l'université de Sanaa.
« L'effondrement de l'économie, la perte de plus de la moitié de sa valeur du riyal yéménite, la suspension des salaires pendant plus de deux ans, et l'arrêt du travail dans les secteurs de la production, qui a laissé des dizaines de milliers de personnes sans travail, ont fait basculer au moins un million de personnes dans la pauvreté », a-t-elle expliqué.
« Ce nombre grandit chaque jour », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.
Abdel Rahman a appelé les Nations unies et d'autres à contribuer au paiement des salaires des fonctionnaires dans toutes les provinces, déclarant que cela allégerait la crise humanitaire encore plus efficacement que la distribution de rations alimentaires.
Ces rations pourraient en effet ne pas atteindre les bénéficiaires escomptés, a-t-elle ajouté, pointant les récents problèmes de la distribution de l'aide alimentaire.
Lundi 31 décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu les Houthis (Ansarallah) qu'il pourrait être contraint d'interrompre la fourniture de l'aide dans les zones sous le contrôle du groupe après avoir appris que beaucoup de personnes à Sanaa ne recevaient pas les rations alimentaires qui leur étaient destinées.
Dans d'autres zones contrôlées par les Houthis, soutenus par l'Iran, les personnes touchées par la faim n'ont reçu qu'une partie des rations auxquelles elles ont droit, a fait savoir le PAM après une enquête.