Éducation

Jordanie : des élèves du gouvernorat de Maan reçoivent de nouveaux cartables

Noor al-Saleh à Amman

Des élèves de l'école primaire pour filles Khadija Bint Khuwaylid à Maan reçoivent des cartables remplis de fournitures scolaires le 21 novembre, grâce à une initiative destinée à contrer l'idéologie extrémiste dans le gouvernorat. [Photo fournie par l'école Khadija Bint Khuwaylid]

Des élèves de l'école primaire pour filles Khadija Bint Khuwaylid à Maan reçoivent des cartables remplis de fournitures scolaires le 21 novembre, grâce à une initiative destinée à contrer l'idéologie extrémiste dans le gouvernorat. [Photo fournie par l'école Khadija Bint Khuwaylid]

Dans la ville appauvrie de Maan, dans le sud de la Jordanie, plus de 1000 enfants ont reçu de nouveaux cartables le 21 novembre.

Cette campagne s'inscrit dans le cadre d'initiatives pédagogiques plus vastes pour les aider et les protéger contre l'idéologie extrémiste.

Cette campagne, sponsorisée par le programme Overseas Humanitarian, Disaster and Civic Aid (OHDACA), en coopération avec la direction de l'éducation de Maan, est destinée aux élèves de l'école primaire pour filles Khadija Bint Khuwaylid et l'école primaire pour garçons Khalil Ben Ahmed.

« Ces cartables ont été garnis de fournitures scolaires et offerts aux élèves des deux écoles, quelle que soit leur situation économique », a rapporté Ibrahim Shqeirat, à la tête de la direction de l'éducation de Maan.

Dans la ville de Maan, au sud d'Amman, un garçon reçoit un cartable rempli de fournitures scolaires, dans le cadre d'une campagne de distribution d'aide pour ce gouvernorat pauvre. [Archive]

Dans la ville de Maan, au sud d'Amman, un garçon reçoit un cartable rempli de fournitures scolaires, dans le cadre d'une campagne de distribution d'aide pour ce gouvernorat pauvre. [Archive]

Plus de 1000 cartables ont été distribués aux élèves de deux écoles primaires de la ville de Maan le 21 novembre. [Archive]

Plus de 1000 cartables ont été distribués aux élèves de deux écoles primaires de la ville de Maan le 21 novembre. [Archive]

« Il est vital que les gouvernements et les partenaires au développement travaillent ensemble pour encourager l'éducation et identifier les différents moyens dont elle peut être utilisée pour renforcer la résilience et réduire l'extrémisme », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Selon les données du gouvernement, Maan a le taux de chômage le plus élevé du pays, avec une moyenne de près de 17 %, un chiffre qui peut atteindre 30 % chez les moins de 25 ans.

C'est également le gouvernorat le plus pauvre du pays, où de nombreuses personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Enchâssé dans un paysage de poussière sans fin, Maan souffre de mauvaises conditions économiques et d'une grande marginalisation, qui font de ses jeunes des proies faciles pour les groupes radicaux, a déclaré Shqeirat.

Malgré cela, le nombre d'inscriptions à l'école a augmenté à Maan par rapport aux années précédentes, a-t-il fait savoir, notant la montée de la « sensibilisation culturelle » dans ce gouvernorat de 121 000 habitants.

Les ministères de l'Intérieur et de l'Éducation, et le ministère islamique des Dotations travaillent de concert pour mener des campagnes de sensibilisation « visant à réduire l'extrémisme », a-t-il indiqué.

Donner des moyens aux élèves

« Bien que le taux d'inscription de Maan soit relativement bon, la ville connaît un fort taux d'échecs et d'abandons scolaires », a déclaré Thouqan Obeidat, spécialiste de l'éducation et ancien secrétaire général au ministère de l'Éducation.

D'après le Département jordanien des statistiques, Maan a connu le plus fort taux d'abandons scolaires du royaume pour 2016, a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.

« La pauvreté, le manque d'éducation, le radicalisme, l'influence tribale et l'emplacement géographique [isolé] de Maan » ont contribué à l'augmentation de l'idéologie radicale dans la région, en particulier chez les jeunes, a-t-il déploré.

Bien que la Jordanie soit en train de modifier son programme d'enseignement, « il faut le bon type de changement », a affirmé Obeidat.

« Il faut apporter aux élèves des cours sur les sciences humaines, la philosophie, la pensée critique et la logique, les arts et les compétences de vie, afin qu'ils ne deviennent pas les proies de n'importe quelle [idéologie] », a-t-il rapporté.

Ils doivent être formés à la résolution de problèmes, aux compétences de négociation et au respect des opinions d'autrui, a-t-il ajouté.

« Nous devons donner les moyens aux élèves de réfléchir de façon critique et de remettre en question des idées », a expliqué Obeidat.

En plus d'enseigner les mathématiques et les sciences, il faut mettre l'accent sur les compétences de vie de base pour garantir que « nous bâtissons une génération qui peut remettre en question des idées et ne pas tout accepter sans réfléchir », a-t-il déclaré.

La pauvreté et l'ignorance ne sont pas les seuls facteurs qui entraînent l'extrémisme, a-t-il poursuivi, « car l'on peut trouver des éducateurs et des professeurs qui ont des opinions extrémistes qu'ils transmettent à leurs élèves par un contact direct et continu ».

« Combattre la pauvreté ne suffit donc pas », a-t-il déclaré. « Nous devons modifier notre programme et nos méthodes d'enseignement pour être sur la bonne voie. »

« Il nous faut la volonté politique pour un plan socioculturel et éducatif si nous voulons combattre l'extrémisme », a-t-il affirmé.

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