Le gouvernement du Yémen, à travers la Banque centrale du Yémen à Aden et le Comité économique national, a réussi à renforcer la valeur du riyal yéménite face aux monnaies fortes en offrant des lettres de crédit aux commerçants de l'alimentaire.
Depuis l'entrée en vigueur de cette mesure en septembre, les commerçants et les importateurs de produits de base ont pu obtenir des devises fortes grâce à ce mécanisme, ce qui a ensuite mené à la chute du cours du dollar américain sur le marché local.
Un dépôt saoudien de 200 millions de dollars effectué auprès de la Banque centrale du Yémen le 3 octobre a aidé à soutenir le riyal yéménite face aux devises étrangères.
En janvier, l'Arabie saoudite avait versé deux milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen, située à Aden, la capitale temporaire, afin d'essayer de renforcer le riyal yéménite.
Début novembre, la banque centrale a utilisé 170 millions de dollars de l'apport saoudien sous forme de lettres de crédit afin de payer le coût d'importation de produits alimentaires de base, selon le ministère yéménite de la Planification et de la Coopération internationale.
Le 19 novembre, le gouvernement yéménite a félicité le Comité économique national et la banque centrale pour avoir offert des facilités bancaires aux commerçants de produits alimentaires de base et pour avoir assuré leurs besoins en devises étrangères.
Cette décision était destinée à garantir le flux de produits importés au Yémen et la constitution de stocks de nourriture pour répondre aux besoins humanitaires essentiels et empêcher l'effondrement de l'économie.
Le 22 novembre, la banque centrale a défini le taux de change pour les lettres de crédit des banques commerciales pour l'achat de denrées alimentaires de base à 520 riyals pour un dollar des États-Unis, contre 548 riyals à la mi-novembre et 585 riyals au 1er novembre.
« Un signe positif »
Le renchérissement du riyal yéménite face au dollar et à d'autres devises fortes est un « signe positif qui reflète la confiance accrue dans les mesures prises par la banque centrale », a fait savoir Moustafa Nasr, président du Centre d'études et de médias économiques.
« La banque centrale a réussi à retirer des liquidités du marché, de sorte que tout importateur qui souhaite importer de la nourriture pour 10 millions de dollars n'a à payer que l'équivalent en riyals yéménites au taux réduit », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Il a souligné la « simplification des procédures d'obtention de financement pour l'importation de produits de base en dollars grâce au dépôt saoudien et les demandes de [paiement] en riyals yéménites ».
Cela s'ajoute à l'ouverture de lettres de crédit, à l'élévation du taux d'intérêt à 27 % et à la création d'une réserve d'argent liquide de 500 milliards de riyals, a précisé Nasr.
« Toutes ces mesures sont renforcées par la capacité de la banque centrale à gérer les politiques monétaires et à limiter la spéculation », a-t-il affirmé, notant que « ces mesures ont poussé les gens à vendre des dollars par peur que la baisse se prolonge ».
Besoin de sources de financement
La forte hausse du prix du dollar n'avait aucune raison d'être économiquement, a déclaré à Al-Mashareq Taha al-Faseel, professeur d'économie à l'université de Sanaa, ajoutant que les actes de la banque centrale ont contribué à la chute de son cours.
Al-Faseel a cependant exprimé son inquiétude quant au financement continu par la banque centrale de lettres de crédit pour les commerçants alimentaires à partir du dépôt saoudien « sans chercher des sources de financement en devises étrangères pour la banque ».
Les sources de financement peuvent inclure la reprise des exportations de pétrole et de gaz au niveau qu'elles connaissaient avant la guerre, afin de garantir un afflux de devises fortes dans les coffres de l'État, a-t-il déclaré.
Le dépôt saoudien va être asséché, car le Yémen importe sa nourriture, a-t-il averti, et « par conséquent un désastre économique se produira ».
Répondant à ces inquiétudes dans un bref communiqué, Hafez Muayed, directeur du Comité économique national, a expliqué à Al-Mashareq que « la banque centrale disposera d'une réserve de plusieurs milliards de riyals, et le gouvernement prend actuellement des mesures pour exporter du pétrole et du gaz ».
Les différences de prix demeurent
Dans le même temps, les Yéménites se sont plaints que la chute du cours du dollar n'a pas entraîné une baisse du prix de la nourriture.
En septembre, l'inflation du prix des denrées alimentaires de base pour 2018 a atteint 36 %, en raison de l'augmentation des taux de change et du prix des carburants, a indiqué le ministère de la Planification et de la Coopération internationale.
Le gouvernement a chargé le ministère de l'Industrie et du Commerce et les agences de régulation des marchés de contrôler le prix des produits, et de les vendre à des prix correspondant aux prix préférentiels en dollars américains que les commerçants reçoivent de la banque centrale.
Plusieurs grandes entreprises commerciales ont annoncé une réduction du prix des denrées alimentaires, tandis que d'autres ont refusé de baisser leurs prix, déclarant que le processus d'importation avait été effectuée lorsque la valeur du dollar était plus élevée.
Nous espérons le meilleur !
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