La société yéménite n'a pas accepté la branche locale de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), qui a été forcée de se cacher et a désormais du mal à recruter des combattants et des partisans, ont indiqué des experts à Al-Mashareq.
L'EIIS ne dispose pas de soutien tribal, en raison des meurtres et des massacres qu'il a commis ces dernières années, ont-ils fait savoir, ce qui est l'une des raisons principales de l'affaiblissement de la branche yéménite du groupe.
Le 6 novembre, les forces de sécurité de la province de Lahj ont arrêté un dirigeant de l'EIIS sans résistance de sa famille ou des habitants de la zone, a rapporté Jalal al-Rubaie, commandant des forces de la Ceinture de sécurité de la province de Lahj.
Cette arrestation a été opérée suite à des opérations de surveillance et de suivi assurées par des agents des renseignements qui avaient été informés qu'un leader recherché de l'EIIS était revenu dans la zone, a-t-il déclaré.
Dans leurs efforts pour dénicher les éléments de l'EIIS, les forces de sécurité ont beaucoup coopéré avec les civils, a rapporté al-Rubaie.
Cette aide est même venue de familles signalant la disparition soudaine de leur fils qu'elles soupçonnent d'avoir rejoint des groupes extrémistes, a-t-il ajouté.
Manque de soutien social et tribal
Cette récente arrestation montre bien que l'EIIS n'a pas de soutien social ou tribal au Yémen et qu'il doit donc mener ses opérations en secret, a expliqué à Al-Mashareq le politologue Adnan al-Humairi.
« Le Yémen n'est pas un environnement porteur pour l'EIIS », a-t-il déclaré.
« Les actes immondes et les attentats à la bombe perpétrés par l'EIIS à Sanaa, au Yémen et dans toute la région et ayant entraîné la mort d'innocents a laissé une mauvaise image du groupe », a-t-il poursuivi.
L'EIIS « hisse la bannière de l'islam alors que l'islam n'est pas responsable », a indiqué al-Humairi, soulignant que les tribus yéménites n'accueilleront jamais un groupe « dont le projet est le massacre ».
Dans le même temps, « al-Qaïda va fortement s'opposer au projet de l'EIIS, car la plupart des dirigeants d'al-Qaïda sont membres de tribus, comme c'est le cas à al-Bayda, à Radaa, et dans la plupart des régions du Yémen », a-t-il déclaré.
« L'EIIS possède actuellement un camp d'entraînement dans la région de Yakla, dans le district d'al-Qayfa [de la province d'al-Bayda], et il est en guerre contre al-Qaïda et le gouvernement légitime », a-t-il rapporté.
D'intenses combats ont éclaté à al-Qayfa à la mi-juillet entre l'EIIS et al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), lors desquels treize membres d'AQPA ont été tués, et douze autres arrêtés par l'EIIS.
En représailles, AQPA a attaqué une position de l'EIIS dans la ville, tuant plus de 25 éléments de l'EIIS et saisissant des armes et des véhicules militaires.
AQPA a également appelé dans un communiqué à poursuivre la lutte contre l'EIIS.
Des experts ont expliqué à Al-Mashareq que la guerre en cours entre AQPA et l'EIIS est le fruit naturel des idéologies de ces mouvements religieux extrémistes.
Chaque camp cherche à imposer son contrôle sur tout le territoire où il est présent et à éliminer tout « concurrent qui veut partager le pouvoir », avait déjà indiqué al-Humairi à Al-Mashareq.
Impossible de recruter des jeunes Yéménites
L'EIIS recrute un faible nombre de jeunes en les attirant avec de l'argent, a poursuivi al-Humairi, en exploitant les difficultés économiques que beaucoup d'entre eux connaissent et qui ont été exacerbées par la guerre.
« Je pense que le groupe ne pourra recruter que très peu d'entre eux », a-t-il indiqué. « Mais la poursuite de la guerre lui permettra de recruter parmi les populations pauvres qui n'ont aucun moyen de gagner leur vie. »
L'EIIS « a perdu sont attrait et sa capacité à recruter des jeunes, surtout après les divisions et les défaites que le groupe a connues au Levant, en Irak et au Maghreb arabe », a expliqué Mohammed Azzan, chercheur spécialiste des groupes extrémistes.
« Il est naturel que le groupe se replie dans un état d'attente pour se renouveler avec du sang neuf et plus de [recrues dotées] d'esprits cloisonnés et de personnalités complexes et turbulentes », a-t-il affirmé.
« Les idées extrémistes et irrationnelles de l'EIIS ne peuvent voir le jour que si elles sont imposées avec une force tyrannique », a poursuivi le journaliste Mounir Talal à Al-Mashareq.
Le passage à des opérations secrètes de la part de l'EIIS est une étape naturelle pour les groupes extrémistes, a-t-il conclu, car il est en guerre contre plusieurs camps politiques, religieux et sectaires.
Je veux joindre l'EIIS.
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