Alors que les exportateurs libanais attendaient depuis longtemps la réouverture du passage frontalier de Nassib-Jaber entre la Jordanie et la Syrie, la récente hausse des taxes de transit par le régime syrien a retardé le retour à ce trajet.
Ce passage servait de route principale pour le commerce au Moyen-Orient avant que la Jordanie ne le ferme en 2015. Grâce à sa réouverture le 15 octobre, les agriculteurs libanais pourront à nouveau transporter leurs produits agricoles et manufacturés vers les pays arabes et du Golfe, ce qui est moins coûteux que l'expédition maritime.
L'Association des industriels libanais a déclaré qu'elle saluait la réouverture de ce passage, parlant d'une « artère vitale pour le Liban » et ajoutant que cette fermeture de trois ans avait fait beaucoup de mal au secteur des exportations industrielles, en particulier.
Mais peu après cette réouverture, les exportateurs ont été confrontés à des obstacles, comme l'augmentation des taxes de transit par le régime syrien.
« L'ouverture du passage de Nassib-Jaber a un effet très important sur l'économie du Liban », a affirmé Fadi Abboud, ancien président de l'Association des industriels libanais.
Il est vital pour l'économie du Liban, « car c'est la seule sortie terrestre du Liban vers le monde arabe », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, décrivant la décision de le rouvrir comme l'événement économique le plus important du Liban en 2018.
« Il avons besoin d'une attention officielle de la part des autorités libanaises et que soit créé un comité s'occupant du problème des tarifs douaniers côté syrien », a-t-il déclaré.
Le passage facilite le tourisme
Le passage n'est pas seulement important pour le transport de marchandises, mais il facilite aussi le tourisme régional, a fait savoir Abboud, notant que près de 160 000 Jordaniens avaient visité le Liban en 2010.
Ce chiffre a chuté de 80 % après la fermeture du passage, a-t-il ajouté.
De nombreux touristes de la région préfèrent prendre la route pour se rendre au Liban, car le voyage est moins coûteux, a indiqué Ziad Bakdash, vice-président de l'Association des industriels libanais.
Pendant ce temps, a-t-il précisé à Al-Mashareq, les camions libanais attendent toujours pour reprendre le travail, car la Syrie a augmenté les frais de transit pour les camions ayant une capacité de transport de 24 tonnes, les faisant passer de 500 à 800 dollars par rapport aux prix d'avant la fermeture.
Avec ces nouveaux tarifs, les coûts d'exportation vers l'Arabie saoudite par voie terrestre sont passés à 3000 dollars, a-t-il indiqué, plus que le coût du transport par la mer.
« Si cette augmentation des tarifs augmente les coûts de façon significative, les exportateurs continueront à exporter leurs produits par la mer », a affirmé Bakdash.
Le transport terrestre est essentiel pour certains
Le transport terrestre est crucial pour les exportateurs, car il permet d'atteindre plus rapidement le Golfe, a expliqué Bakdash.
Ce temps de transit réduit est important pour les agriculteurs, a-t-il déclaré, car certains produits agricoles ne supportent pas un voyage de deux semaines par la mer.
Il a demandé aux responsables libanais d'encourager les autorités syriennes à revenir aux anciens tarifs, notant que l'Accord arabe de facilitation permet au Liban d'augmenter ses frais de transit pour les véhicules si la Syrie augmente les siens
En 2010, 25 % des exportations totales du Liban passaient par le passage de Nassib-Jaber, a fait savoir à Al-Mashareq Marwan Barakat, économiste en chef et directeur des recherches de la banque Audi.
« [Même] si les tarifs imposés aux camions libanais par la Syrie augmentent, le passage sera toujours avantageux pour les exportations qui l'utilisent », a-t-il déclaré, ajoutant que les exportations terrestres étaient quasi inexistantes durant la fermeture de ce passage.