Économie

Les agriculteurs libanais saluent la réouverture du passage frontalier de Nassib

Nohad Topalian à Beyrouth

Des camions transportent des conteneurs vers le port de Beyrouth pour exporter des produits agricoles par voie maritime. La réouverture du passage de Nassib permettra aux agriculteurs libanais de reprendre les exportations régionales par voie terrestre. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Des camions transportent des conteneurs vers le port de Beyrouth pour exporter des produits agricoles par voie maritime. La réouverture du passage de Nassib permettra aux agriculteurs libanais de reprendre les exportations régionales par voie terrestre. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Les agriculteurs libanais ont salué la réouverture lundi 15 octobre du passage frontalier principal entre la Jordanie et la Syrie, après plus de trois ans de fermeture.

Le passage de Jaber, appelé Nassib du côté syrien, était une route vitale pour le commerce du Moyen-Orient avant que la Jordanie le ferme en 2015 après qu'il fut pris par des combattants de l'opposition.

Avec la réouverture de ce passage, les agriculteurs peuvent à nouveau envoyer leurs produits agricoles et manufacturés vers les marchés arabes et du Golfe par voie terrestre, ce qui coûte moins cher que le transport maritime.

Lundi, le président libanais Michel Aoun a salué la réouverture du passage, le décrivant comme bénéfique pour le secteur de la production au Liban, a rapporté Naharnet.

« L'ouverture du passage frontalier de Nassib est bénéfique, car il reconnectera le Liban aux pays arabes et permettra le passage des personnes et des commerçants du Liban vers les pays arabes et en provenance de ces derniers », a-t-il affirmé sur internet.

La réouverture du passage « revitalisera divers secteurs de production du Liban et réduira le coût des exportations vers les pays arabes », a-t-il ajouté.

Une artère vitale pour les exportations agricoles

La réouverture du passage Nassib-Jaber était urgente pour les agriculteurs, a affirmé Ibrahim Tarshishi, président de l'Association des agriculteurs de la Bekaa.

« C'est une artère vitale pour nos exportations agricoles », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Tarshishi a expliqué avoir été informé par le général Abbas Ibrahim, directeur général de la Direction générale de la sûreté générale, qu'à compter de mardi matin, les camions libanais transportant des produits agricoles pourraient reprendre leur activité sur la route terrestre.

Cette route les fait passer par le passage de Nassib en partance vers d'autres pays de la région, a-t-il indiqué, ajoutant qu'il lui a été demandé de transmettre cette information à tous les agriculteurs qui souhaitent exporter leurs produits en empruntant ce passage frontalier.

La réouverture de celui-ci « coïncide avec la saison des récoltes de beaucoup de cultures agricoles et fruitières, et leur exportation par route est capitale pour nous, car elle économise du temps et des frais de transport », a-t-il expliqué.

« Avant sa fermeture, nous exportions 70 % de notre production agricole, 32 % de nos produits alimentaires manufacturés, et 22 % de nos produits industriels manufacturés vers les pays du Golfe en passant par Nassib », a fait savoir Tarshishi.

Plus long et plus coûteux

Après la fermeture du passage, les agriculteurs libanais ont été contraints d'exporter leurs produits par la mer, ce qui « prend entre 15 et 20 jours », a précisé Tarshishi.

En plus du temps supplémentaire, le coût du transport maritime était élevé, a-t-il déclaré, bien qu'il eut été subventionné par l'État, qui payait la différence de coût à hauteur de plus de 25 milliards de livres libanaises (16,5 millions de dollars).

La fermeture du passage de Nassib « nous a causé 1,2 milliard de dollars de pertes par an », a déclaré Tarshishi.

Bien que 550 000 tonnes de produits agricoles libanais ont transité chaque année par le passage de Nassib avant sa fermeture, moins de 350 000 tonnes ont depuis été transportées chaque année par voie maritime.

Le passage est une nécessité pour les secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, du tourisme et du transport terrestre, a-t-il affirmé, soulignant que tous les Libanais, Syriens et Libanais en bénéficient.

Selon George Sakr, président de l'Association des cultivateurs de pommes de terre de la Bekaa, le Liban « produit entre 400 000 et 450 000 tonnes de pommes de terre par an dans la Bekaa et l'Akkar réunis ».

Cette production était exportée vers les marchés des pays arabes et du Golfe par le passage de Nassib.

« Le coût d'exportation par le passage va de 1500 à 2000 dollars par camion », a-t-il rapporté à Al-Mashareq, ajoutant que lorsque le passage était fermé, les agriculteurs payaient 4000 dollars par conteneur envoyé par voie maritime, et cela prenait plus de temps.

La réouverture limitera les pertes du secteur

« Depuis 2014, nous avons subi de lourdes pertes à cause de la fermeture du passage », a-t-il déclaré, notant que nombre d'agriculteurs avaient été contraints de vendre à perte.

La réouverture du passage pour les camions libanais « limitera les pertes subies par le secteur du transport terrestre et les secteurs industriel et commercial », a affirmé Omar al-Ali, directeur du syndicat des propriétaires de camions réfrigérés.

Quelque 1350 camions réfrigérés et 2000 camions non réfrigérés utilisaient la route d'exportation du passage de Nassib, a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.

Il a ajouté que 300 chauffeurs libanais sur les 1350 précédents sont prêts à franchir le passage de Nassib pour livrer des fruits de saison en Jordanie et sur d'autres marchés arabes.

« Dès que le passage sera opérationnel, les secteurs industriels et commerciaux se rétablieront », a-t-il prédit.

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