Les autorités irakiennes ont annoncé qu'elles allaient prochainement lancer les travaux de construction d'une zone industrielle conjointe à la frontière entre l'Irak et la Jordanie.
Le projet visant à transformer une région désertique reculée aux confins occidentaux de la province de l'Anbar, non loin du point de passage de Trébil avec la Jordanie, en une zone industrielle avait été dévoilé pour la première fois l'an dernier.
Ce poste-frontière avait été rouvert en 2017 après avoir été fermé pendant trois ans pour des raisons de sécurité au lendemain de l'occupation par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) de vastes régions irakiennes.
Cette zone industrielle sera pour l'essentiel « une cité complète qui comprendra des ateliers de réparation de voitures et de camions, des usines industrielles et des épiceries », a déclaré le 20 août Mahmoud al-Dulaimi, membre du conseil provincial de l'Anbar.
Elle permettra de créer de nouvelles offres d'emplois pour les jeunes au chômage, a-t-il ajouté, et offrira des restaurants et des zones de repos qui aideront ceux qui franchissent la frontière, ainsi que les habitants de l'Anbar.
Le ministère irakien de l'Industrie a déjà mis en place une équipe de travail dirigée par le directeur général du développement industriel du ministère, Salam Saeed, et composée de représentants d'un certain nombre d'autres ministères.
Cette équipe s'est rendue sur le terrain le 14 août pour identifier un site adapté à la création de cette zone industrielle près du point de franchissement de Trébil.
Un stimulant pour l'économie
« Le projet de zone industrielle, dont la mise en place commencera [prochainement], est l'un des projets d'investissement les plus importants de la province », a expliqué à Diyaruna Fahd Mishaan, président de la commission économique du conseil provincial de l'Anbar.
Du fait de son emplacement, il servira de vaste zone d'échange commercial et industriel avec la Jordanie, et de point de passage important pour le transit de divers produits et marchandises entre les deux pays, a-t-il poursuivi.
Cette zone industrielle aura un impact positif sur l'économie de la province de l'Anbar et apportera un nouveau souffle à l'afflux d'investissements étrangers dans la province, a-t-il ajouté.
« Le défi le plus important qui attend ce projet, qui sera également la mesure de son succès, sera d'instaurer la sécurité dans la région où il sera implanté, à proximité du poste frontalier de Trébil », a expliqué Mishaan.
Jusqu'à récemment, la région était en effet un vivier de l'EIIS, a-t-il poursuivi, exprimant sa confiance dans la capacité des forces irakiennes à la sécuriser et à permettre d'y favoriser les investissements.
Le poste frontalier « sûr »
« Économie et politique sont inextricablement liées, et l'une ne peut réussir sans l'autre », a expliqué à Diyaruna l'économiste Nabil Jaafar.
« Par conséquent, la situation politique globale dans le pays restera donc le principal défi pour le succès de tout projet d'investissement, comme une zone industrielle ou d'activité commerciale », a-t-il poursuivi.
« Ce qui est important, c'est que les investisseurs constatent que règne la stabilité politique dans le pays avant de s'aventurer à y injecter leur argent », a-t-il ajouté.
La bande frontalière avec la Jordanie est « plus sûre et stable » que les villes proches de la frontière, a estimé Falah al-Qaraghouli, commandant dans les forces de la mobilisation tribale.
« La région frontalière est entièrement sécurisée par les gardes-frontières et la 1re division de l'armée irakienne, qui sont déployés le long d'un axe qui s'étend du poste-frontière de Trébil et du point de passage d'al-Tanf [avec la Syrie] jusqu'à al-Mafraq [en Jordanie] », a-t-il précisé à Diyaruna.
Les forces conjointes de l'armée irakienne et de la mobilisation tribale sécurisent également la route allant de Trébil à la ville de Ramadi, capitale provinciale de l'Anbar, a-t-il ajouté.
« Protéger cette zone industrielle sera une priorité essentielle pour les forces irakiennes, en raison de son impact sur l'économie de la province [de l'Anbar] en particulier, et du pays en général », a-t-il expliqué.
Les capitaux doivent revenir dans la province, a-t-il conclu, car un marché de l'emploi vigoureux joue un rôle dans l'instauration de la sécurité et la protection des jeunes contre les pièges de l'extrémisme.