Terrorisme

Les attaques d'al-Qaïda ralentissent le développement de l'Abyan

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des Yéménites vendent de l'essence dans la rue après que les forces du gouvernement sont à nouveau entrées le 16 août 2016 dans Zinjibar, la capitale provinciale de l'Abyan, pour la reprendre à al-Qaïda. [Saleh al-Obeidi/AFP]

Des Yéménites vendent de l'essence dans la rue après que les forces du gouvernement sont à nouveau entrées le 16 août 2016 dans Zinjibar, la capitale provinciale de l'Abyan, pour la reprendre à al-Qaïda. [Saleh al-Obeidi/AFP]

Les récentes attaques d'al-Qaïda contre des postes de contrôle dans la province yéménite de l'Abyan ont un impact négatif sur le développement, la stabilité et l'activité de reconstruction, ont indiqué des responsables yéménites.

De telles attaques entravent en effet les efforts de développement et affectent le financement et la mise en œuvre des projets de services publics dans l'éducation, la santé, l'eau et l'électricité, ont-ils précisé.

Des éléments d'al-Qaïda ont récemment mené une série d'attaques contre des postes de contrôle dans la province de l'Abyan, dans le sud du pays, dont une attaque à la mitrailleuse le 28 août contre un poste de la zone al-Mahasma, dans le district d'Ahwar.

Lors de cet incident, cinq membres des forces de la Ceinture de sécurité, soutenues par les Émirats arabes unis, ont été tués, et deux autres ont été blessés.

Le jour suivant, des membres présumés d'al-Qaïda ont attaqué le poste de contrôle d'al-Qarnain, à al-Aïn dans le district de Lawdar, déclenchant un véritable déluge de feu et suscitant une forte riposte de l'autre camp.

Le colonel Mohammed Homsan al-Awdali, chef de la sécurité du district de Lawdar, a survécu à une tentative d'assassinat le 20 août, lorsque des hommes armés suspectés appartenir à al-Qaïda ont ouvert le feu sur son convoi qui traversait le carrefour de Shohat.

Ces attaques empêchent le progrès

« Les attaques terroristes sporadiques menées par al-Qaïda ont un impact direct sur les projets en cours dans les zones ciblées, touchant les financiers, les exécutants et même les travailleurs », a expliqué Yaslam Bouset, directeur du district d'Ahwar.

« L'interruption des projets, conjuguée aux incidents terroristes répétés, force les bailleurs de fonds à retirer leurs financements et à arrêter les projets », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Le projet de route entre Ahwar et Al-Mahfad et la construction de l'institut professionnel d'Ahwar comptent notamment au nombre des projets mis au point mort, a-t-il indiqué, et des projets de barrages et d'autres infrastructures sont suspendus depuis 2011.

En 2011, al-Qaïda a envahi et pris le contrôle de plusieurs districts de l'Abyan, parmi lesquels Lawdar et Ahwar.

Pour Ahmed al-Rabie, directeur du district d'al-Mahfad, s'en prendre au personnel de sécurité ne fait que compromettre la stabilité « et met en péril les efforts entrepris pour le progrès par les autorités locales et centrales ».

« Les projets de réhabilitation des écoles et des établissements d'enseignement sont, par exemple, temporairement interrompus lorsqu'une attaque terroriste a lieu », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Cela retarde le processus d'inscription à l'école et a un impact sur l'éducation des élèves.

À chaque fois, le coût de mise en œuvre d'un projet augmente, et la période nécessaire à sa réalisation est rallongée, a-t-il déploré, ce qui retarde les bénéfices attendus pour la communauté.

Le développement est lié à la stabilité

Les attaques terroristes ont de nombreux effets négatifs sur le renouveau et la progression des communautés yéménites, a expliqué à Al-Mashareq l'économiste Abdoul Jalil Hassan.

« Les attaques terroristes dans une région donnée donnent au gouvernement et aux donateurs externes finançant ces projets l'impression négative que cette région peut être un incubateur de groupes terroristes », a-t-il expliqué.

Cela « conduit à la suspension de projets en cours de mise en œuvre, au retrait et au détournement des fonds vers d'autres régions ou pays », a-t-il ajouté.

Hassan a indiqué que les attaques terroristes dans une certaine zone augmentent le risque financier pour les entrepreneurs, les exécutants et les travailleurs, et elles font ainsi grimper les coûts et provoquent des retards dans la mise en œuvre.

Ceci a un effet négatif sur la communauté, qui pourrait normalement bénéficier de ces projets, a-t-il poursuivi.

« Le développement dépend de la stabilité à long terme, du flux d'investissement et de financement, et du soutien des citoyens du pays envers ces actions qui cherchent à reconstruire, et non pas à saboter, comme le font al-Qaïda et d'autres groupes armés », a-t-il indiqué.

Le 29 août, lors de son déplacement dans le district, le major général et gouverneur de l'Abyan Abou Bakr Hussein Salem a annoncé l'allocation de 100 millions de riyals yéménites (400 000 USD) à la réhabilitation d'établissements d'enseignement à Lawdar.

Le district de Lawdar est confronté à des défis de sécurité, a fait savoir Salem, soulignant qu'il est impératif que les habitants, quelle que soit leur affiliation politique ou idéologique, mettent de côté leurs divisions, s'unissent et travaillent à être unis.

Chacun doit œuvrer à la réussite dans les domaines de la sécurité, de l'éducation, de l'eau et de la santé, a-t-il affirmé.

Le district de Lawdar a perdu beaucoup de ses fils dans les combats de 2011 et 2015 contre al-Qaïda, a-t-il déclaré, ajoutant que les infrastructures publiques et les maisons de nombreux habitants ont été détruites à cette époque.

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