Terrorisme

Pour les spécialistes, le message audio d'al-Baghdadi montre que l'EIIS est en perdition

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des manifestants musulmans brûlent un portrait du leader de l'EIIS, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'une manifestation à New Delhi, le 9 juin 2017. [Prakash Singh/AFP] 

Des manifestants musulmans brûlent un portrait du leader de l'EIIS, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'une manifestation à New Delhi, le 9 juin 2017. [Prakash Singh/AFP] 

Un récent message audio apparemment enregistré par le leader de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) Abou Bakr al-Baghdadi montre que le groupe est affaibli par sa récente défaite en Irak et son confinement en Syrie, expliquent des spécialistes des groupes terroristes.

Dans le message de 55 minutes diffusé mercredi 22 août par l'organe médiatique de l'EIIS, Al-Furqan, et son réseau social affilié, al-Baghdadi a appelé les partisans qu'il lui reste à ne pas renoncer aux notions de « religion, patience ou djihad ».

Dans ce qui semble être une indication claire de la défaite, il déclare que « l'étendue de la victoire ou de la défaite des moudjahidin ne dépend pas du fait qu'une ville ou une bourgade leur soit volée ou qu'elle soit soumise à ceux qui possèdent la supériorité aérienne [...] ».

Le message d'al-Baghdadi intervient à un moment où le groupe est en plein désarroi, après sa défaite en Irak et le fait que l'étau se resserre sur lui en Syrie, a expliqué le politologue Abdoul Nabi Bakkar, professeur à la faculté de charia et de droit de l'Université Al-Azhar.

Des membres des Forces démocratiques syriennes traquent les éléments restants de l'EIIS dans la province syrienne de Deir Ezzor, dernier refuge du groupe en Syrie. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des membres des Forces démocratiques syriennes traquent les éléments restants de l'EIIS dans la province syrienne de Deir Ezzor, dernier refuge du groupe en Syrie. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Il intervient également alors que plusieurs rapports indiquent qu'al-Baghdadi a été blessé, a-t-il précisé à Diyaruna.

Ce message est clairement une exhortation faite aux combattants de ne pas penser que ces défaites affaibliront le groupe, a expliqué Bakkar, en tentant d'affirmer que le pouvoir et le contrôle ne se mesurent pas par le nombre de villages ou de zones occupées.

Changement dans le mode opératoire

Pour Bakkar, l'accent mis par al-Bahdadi sur la survie du groupe pourrait être une indication du fait qu'il change de mode opératoire, passant d'une présence sur le terrain à un groupe secret qui opère dans l'ombre.

L'admettre révèle une énorme défaite pour le groupe, qui avait jusque-là l'habitude de se vanter ouvertement de ses actes, contrairement à des groupes comme al-Qaïda, a-t-il poursuivi.

Bakkar a continué en indiquant que le message attribué à al-Baghdadi est un message de défaite, et qu'il prend l'apparence d'une tentative désespérée pour regrouper les éléments restants du groupe qui se sont éparpillés.

Certains répondront à l'appel d'al-Baghdadi, mais parce qu'ils sont peu nombreux ils ne présenteront pas le même niveau de menace que par le passé.

Pour Mazen Zaki, directeur du nouveau département média au Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherches de terrain d'Égypte, ce message évoque la rébellion et le manque de discipline qui bouillonnent parmi les membres restants du groupe.

Al-Baghdadi l'a reconnu en mettant en garde les émirs contre la rébellion interne et en exhortant les combattants de nationalités, de régions et d'ethnicités différentes à éviter les dissensions et les querelles internes, a expliqué Zaki à Diyaruna.

Si ces problèmes n'étaient pas généralisés, al-Baghdadi n'en aurait pas parlé, soulignant que le spectre de la défaite allait susciter une vague de désobéissance, en particulier concernant la décision de combattre ou non.

La question régionale et ethnique dont il fait état est sans aucun doute une conséquence de la domination des combattants étrangers dans les décisions, a-t-il ajouté, précisant que les éléments irakiens et syriens se rebellent contre les émirs d'origine étrangère.

Ce message constitue une incitation

Al-Baghdadi lance une menace à ceux qui s'opposent, rejettent et résistent à son groupe, a indiqué le major général Wael Abdoul Moutalib, officier à la retraite spécialiste des groupes terroristes et chercheur au Centre régional d'études stratégiques du Caire.

Il a prévenu que l'on pourrait assister à des attaques perpétrées par des cellules dormantes ou des « loups solitaires », dans la mesure où al-Baghdadi a incité les éléments de l'EIIS à « sacrifier les laïcs, les infidèles et les athées », autant de qualificatifs que le groupe utilise pour ses opposants.

Al-Baghdadi a explicitement appelé à de telles attaques, affirmant « qu'une balle, un coup de poignard ou une bombe à l'endroit où vous vous trouvez vaudrait un millier d'opérations lancées depuis ici, sans oublier de foncer dans la foule dans la rue ».

En substance, a poursuivi Abdoul Moutalib, al-Baghdadi tente de lancer des représailles contre les pays qui ont uni leurs forces dans le cadre de la coalition internationale pour éradiquer l'EIIS.

Mais sa capacité à agir sera fortement limitée, car ses propres combattants ont perdu confiance dans le groupe, a ajouté Abdoul Moutalib.

Les forces irakiennes ont récemment réussi à pénétrer le premier cercle d'al-Baghdadi et sont sur le point de le faire sortir de l'endroit où il se cache.

Par ailleurs, la semaine dernière, la coalition internationale a qualifié le leadership d'al-Baghdadi « d'insignifiant », a fait savoir l'AFP.

« Nous estimons que ce leadership est insignifiant », a déclaré jeudi le colonel Sean Ryan, porte-parole de la coalition. « Nous sommes en train de battre les derniers membres de l'EIIS, et il importe vraiment peu de savoir où il se trouve ».

« Il est désormais inutile et inefficace, et ce type de commentaires émanant de la direction de l'EIIS ne nous préoccupe donc pas outre mesure », a-t-il conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)

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Je dis à "l'État islamique en Irak et en Syrie" (EIIS) et à al-Baghdadi, la mort et la honte pour vous! Vous n'êtes pas musulmans, mais un groupe de mercenaires, de traîtres et de cochons sans secte ni religion.

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