Les extrémistes répondant à l'appel de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) d'aller en Afghanistan devraient réfléchir à deux fois avant de le faire, indiquent des responsables et des analystes afghans.
La branche de Khorasan de l'EIIS a publié le 4 mars une vidéo de vingt-cinq minutes faisant la promotion de bastions supposés de l'EIIS dans le nord et l'est de l'Afghanistan, les présentant « comme une option d'immigration » pour les militants qui ne peuvent pas se rendre en Irak ou en Syrie, a fait savoir le groupe de renseignement SITE le 6 mars.
Cette vidéo, qui contient des messages en pachtou, en perse et en ouzbek, montrait la brutalité du groupe, y compris la formation d'enfants soldats et l'exécution de prisonniers.
L'EIIS au bord de l'effondrement
Les militants se rendant en Afghanistan pour le compte de l'EIIS ne trouveront que la mort, car le groupe terroriste est au bord de l'effondrement, explique le ministère afghan de la Défense.
« Tous les plans de l'EIIS en Afghanistan ont échoué, et le groupe a été battu », a déclaré au Salaam Times le général Dawlat Waziri, porte-parole du ministère de la Défense. « La branche de Khorasan de l'EIIS a perdu l'immense majorité de ses membres, de ses armes et de ses capacités de combat dans les zones de l'est et du sud. »
« Ces deux dernières années, près de 3 500 combattants de l'EIIS ont été tués, plus de mille ont été blessés, et plus de cinq cents ont été capturés », a-t-il précisé.
Les terroristes de l'EIIS « doivent savoir que l'Afghanistan n'est pas un refuge sûr pour eux, et que s'ils se rendent dans le nord ou l'est [de l'Afghanistan], ils seront neutralisés par les civils et les forces de sécurité », a déclaré Waziri.
« Les militants de l'EIIS ont perdu toutes leurs bases dans la province de Nangarhar, qui était l'un de leurs quartiers généraux. Il y a deux ans, ils comptaient quatre mille membres dans l'est du pays ; aujourd'hui, il en reste à peine quatre cents », a-t-il indiqué.
« Des opérations aériennes et terrestres sont en cours pour éliminer les [combattants] restants de l'EIIS dans les zones isolées de Nangarhar », a-t-il ajouté.
Des frappes aériennes des forces afghanes et de la mission Resolute Support des États-Unis sont également en cours dans le district de Darzab, dans la province de Jawzjan, où l'EIIS est « relativement actif », a-t-il rapporté.
« Cela a permis [...] d'éliminer des dizaines de combattants locaux et étrangers de l'EIIS », a indiqué Waziri.
Un groupe terroriste inacceptable
La raison principale de la défaite de l'EIIS en Afghanistan a été la résistance des gens et leur coopération avec les forces de sécurité.
« L'EIIS est venu en Afghanistan pour [établir un] 'califat islamique', tentant de se servir du nom de l'islam et des Afghans musulmans pour faire de l'Afghanistan son quartier général après avoir perdu en Irak et en Syrie », a expliqué Daoud Rawash, professeur à l'université de Kaboul, au Salaam Times.
« Mais son idéologie et ses actions sont contraires à l'idéologie et la culture afghanes. Le 'califat islamique' n'était qu'un slogan loin de la vérité », a-t-il affirmé.
« Les Afghans ont compris que le but principal des partisans de ce "califat islamique" autoproclamé était de promouvoir l'extrémisme religieux et les activités terroristes, et non pas l'islam modéré », a-t-il déclaré. « Pour cette raison, les Afghans ont rejeté l'EIIS et son 'califat' et ont commencé à se battre contre le groupe. »
« Les atrocités commises par l'EIIS en Syrie et en Irak ont été vues dans le monde entier, surtout par les Afghans, qui luttent contre le terrorisme depuis des années », a poursuivi Rawash. « La présence d'un tel groupe n'a jamais été acceptable pour la communauté afghane, et elle ne le sera jamais. »
« Ainsi, l'EIIS ne peut choisir un territoire afghan pour y implanter son quartier général », a-t-il affirmé, ajoutant que les Afghans « réagiront de façon négative » à toute organisation terroriste dirigée par Abou Bakr al-Baghdadi, « comme ils l'ont fait ces deux ou trois dernières années ».
Les talibans ne sont pas les alliés de l'EIIS
Même les talibans ne supportent pas la tentative d'incursion de l'EIIS en Afghanistan.
Au cours des deux derniers mois, l'EIIS et les talibans se sont affrontés dans la province de Laghman, faisant des dizaines de morts et de blessés dans les deux camps, selon des responsables locaux, et permettant à la Défense nationale afghane et aux forces de sécurité de lancer des opérations pour éliminer les deux groupes.
À la fin de l'année dernière, l'EIIS et les talibans se sont affrontés pour des territoires situés dans la province de Nangarhar, et en novembre les deux groupes ont déclaré un « djihad » l'un contre l'autre après « des conflits sérieux et profonds » dans les provinces de Jawzjan et de Nangarhar, ont expliqué des responsables locaux au Salaam Times.
En mai dernier, des responsables ont fait savoir au Salaam Times que les militants de l'EIIS et des talibans s'affrontaient dans tout l'Afghanistan, luttant pour leur capacité à extorquer et à spolier la population civile.
Résistance à l'oppression de l'EIIS
Pendant les deux années de présence de l'EIIS à Nangarhar, « il a commis de nombreuses atrocités et de nombreux crimes », a déclaré Zabihullah Zemarai, membre du conseil provincial de Nangarhar.
« Il a incendié des maisons, enlevé des femmes, assassiné des chefs de tribus et des érudits religieux, et fermé des écoles et des centres de soins », a-t-il précisé au Salaam Times.
« Il a tout fait pour contraindre les habitants à lui jurer fidélité », a-t-il rapporté. « Mais tout cela a eu l'effet [inverse]. »
« La population de Nangarhar a refusé de rejoindre l'EIIS et a affiché sa solidarité avec les forces de sécurité », a expliqué Zemarai. « Elle a combattu l'EIIS. »
« Non seulement les habitants de Nangarhar ne laissent-ils pas l'EIIS d'asseoir sa présence dans la province, mais ils luttent aux côtés des forces de sécurité contre les membres restants de l'EIIS », a-t-il indiqué.
« Durant toute leur histoire, les Afghans n'ont jamais juré fidélité à un chef étranger », a-t-il fait savoir. « Ainsi, ils ne refusent pas seulement de prêter allégeance au groupe terroriste de l'EIIS, mais ils considèrent également que rejoindre ce groupe est contraire à leur religion et leur culture. »
« Les terroristes de l'EIIS ne devraient pas venir ici, car tous leurs leaders et la majorité des militants de leur branche de Khorasan ont trouvé la mort sur le sol afghan », a prévenu Zemarai.