Économie

Le Liban souhaite voter le budget 2018 avant les conférences de donateurs

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Le Premier ministre Saad al-Hariri préside une réunion ministérielle pour discuter du budget 2018. [Photo fournie par la National News Agency]

Le Premier ministre Saad al-Hariri préside une réunion ministérielle pour discuter du budget 2018. [Photo fournie par la National News Agency]

Le cabinet libanais travaille pour mettre la dernière main au budget 2018 avant la date limite du 5 mars posée par le parlement, et avant les conférences internationales sur le Liban et la crise des réfugiés syriens.

Le Premier ministre Saad al-Hariri a promis lundi 26 février que le budget du Liban sera prêt d'ici le 5 mars, et a fait savoir que l'étude du budget avait progressé.

« Nous devons envoyer de vrais signes positifs aux États participant aux conférences internationales à venir », a-t-il expliqué dans une déclaration.

Le gouvernement libanais « ne peut en aucun cas demander de l'aide avant d'approuver le budget », a déclaré le ministre des Finances Ali Hassan Khalil le 19 février.

Le Liban lutte pour supporter le fardeau de 1,5 million de réfugiés syriens, dont la majorité vit dans des camps, et attend les conférences internationales de donateurs dans les mois à venir. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Le Liban lutte pour supporter le fardeau de 1,5 million de réfugiés syriens, dont la majorité vit dans des camps, et attend les conférences internationales de donateurs dans les mois à venir. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Le Liban, qui n'a pas approuvé de budget gouvernemental entre 2005 et 2017, cherche un soutien international pour son économie et son armée, et pour l'aider à faire face à la crise des déplacés syriens.

« Aucune aide sans budget »

Le Liban « ne peut pas mettre ses affaires en ordre tant que son budget n'est pas approuvé, afin d'obtenir l'aide de pays [donateurs] », a déclaré le ministre de l'Intérieur et des Municipalités Nohad al-Machnouk.

« Chaque pays où nous nous sommes rendus les années précédentes pour demander de l'aide nous a posé des questions sur le budget », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

« Aucun pays ne veut accorder un quelconque soutien financier en l'absence d'un budget », a-t-il fait savoir.

Cependant, al-Machnouk a souligné qu'il existe « un fort intérêt international pour la stabilité au Liban », qui selon lui ne peut être atteinte qu'en servant les civils libanais tout comme les réfugiés syriens.

Le Liban attend trois conférences : la conférence Rome II pour l'aide à l'armée et aux forces de sécurité libanaises, qui est prévue pour le 15 mars ; la conférence sur « L'aide au futur de la Syrie et de la région » qui se tiendra à Bruxelles les 24 et 25 avril ; et la conférence Paris IV (Cèdre) pour l'aide à l'économie du Liban, prévue le 6 avril.

Le soutien au Liban « doit être maintenu »

L'aide pour le Liban venant des pays et des parties donateurs doit être maintenue, car le pays supporte la majeure partie du déplacement syrien, a déclaré Pierre Bou Assi, ministre libanais des Affaires sociales.

« L'aide au Liban dans la gestion de la crise des réfugiés ne doit pas être liée au budget », a-t-il affirmé à Al-Mashareq, « car l'aide financière que le Liban reçoit servira en premier lieu aux réfugiés syriens et à répondre à leurs besoins grandissants ».

Cette aide « aidera le pays et les organisations internationales à continuer à apporter des services de santé, d'éducation et de logement aux réfugiés », a-t-il expliqué, soulignant qu'elle aidera également les communautés d'accueil libanaises.

Le Premier ministre Saad al-Hariri, avec Bou Assi et le résident et coordinateur humanitaire des Nations unies Philippe Lazzarini, a lancé le 1er février la mise à jour du Plan de réponse à la crise libanaise (PRCL) 2017-2020.

Le gouvernement libanais et ses partenaires nationaux et internationaux ont demandé 2,68 milliards de dollars pour fournir une aide humanitaire essentielle et pour investir dans les infrastructures publiques du Liban, ses services et son économie locale, a indiqué le Bureau du coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban dans un rapport.

« Nous attendons impatiemment que les donateurs et nos partenaires locaux et internationaux honorent leurs promesses et soutiennent le Liban, pour nous aider à accomplir nos devoirs envers les réfugiés », a déclaré Bou Assi.

La crise des déplacés est « une urgence »

L'ancien ministre Elias Bou Saab, conseiller à la coopération internationale du président Michel Aoun, a estimé que l'aide au Liban ne doit pas dépendre de l'approbation du budget, car « la [crise] des déplacés syriens est une urgence et un désastre ».

« L'approbation du budget est impérative pour la stabilité et l'ordre des finances, de la transparence et de l'anticorruption de l'État », a-t-il précisé à Al-Mashareq.

Mais tous les pays doivent être solidaires du Liban, car la crise des déplacés syriens est immense, et le Liban « supporte la majeure partie de cette crise pour le monde entier », a-t-il ajouté.

Bou Saab a noté le déclin de l'aide pour 2017, le Liban n'ayant reçu que 40 % des 2,8 milliards de dollars demandés.

L'économie du Liban, qui est capable de répondre aux besoins d'environ 3,5 millions de personnes, est devenue incapable de répondre aux besoins de 1,5 million de réfugiés en plus, a expliqué Violette Balaa, rédactrice en chef d'Arab Economic News.

Cela est visible dans la congestion et le chaos du marché du travail, le déficit sur la couverture des subventions de santé par le ministère de la Santé, et les infrastructures en ruine qui doivent être réhabilitées, a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.

Le gouvernement « souhaite boucler la proposition de budget 2018 et l'approuver avant avril, date à laquelle est prévue la conférence Paris IV », a-t-elle conclu.

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