En refusant d'accepter les propositions de paix de l'ONU, les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran, indiquent qu'ils sont prêts à prolonger la guerre au Yémen afin de conserver ou d'étendre leurs zones d'influence, expliquent des experts à Al-Mashareq.
Moin Shreim, envoyé spécial adjoint de l'ONU au Yémen, a quitté Sanaa le 10 janvier après cinq jours de consultations avec des dirigeants houthis qui ont rejeté ses propositions, ont rapporté les médias locaux.
Les Houthis, soutenus par l'Iran, ne cherchent pas réellement la paix, et ils ont utilisé les pourparlers pour gagner du temps afin de fortifier leurs positions sur le terrain, a expliqué le chercheur Rashad al-Sharaabi à Al-Mashareq.
Au vu des dernières négociations, a-t-il poursuivi, les Houthis « n'ont honoré aucun accord qu'ils ont signé ou accepté », transformant des sessions de dialogue en exercices futiles qui n'ont donné aucun résultat.
« Nous avons constaté cela pendant plus de trois ans, depuis leur invasion de Sanaa et leur coup d'État », a affirmé al-Sharaabi.
Le groupe n'est pas fiable
En décembre 2015, les Houthis ont renié les accords conclus avec la coalition arabe concernant les mesures devant précéder le début des négociations, a-t-il rappelé.
Alors que s'ouvraient en Suisse les négociations de paix organisées sous l'égide des Nations unies, les Houthis n'ont pas respecté un cessez-le-feu d'une semaine dans plusieurs parties du pays.
Les deux camps s'étaient pourtant mises d'accord sur cette trêve, qui devait commencer à midi, mais alors que la coalition arabe interrompait ses frappes aériennes, les Houthis continuaient pour leur part de bombarder des cibles civiles et militaires dans les provinces de Marib, Taez et Daleh.
Les Houthis sont une milice « qui s'est emparée de villes et a détourné des institutions étatiques par la force », a rapporté al-Sharaabi. « Il est difficile pour eux d'accepter une solution pacifique qui les prive des gains qu'ils ont obtenus en tant que groupe. »
« Je pense que le comportement de la milice ne changera pas, parce qu'elle ne veut pas prendre part aux discussions qui lui feraient perdre une partie de sa puissance », a indiqué le professionnel des médias et politologue Abdoullah Ismail.
Si les Houthis acceptent de négocier, leur seul but serait de maintenir leurs gains et de gagner du temps, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Les intérêts du Yémen sont « inexistants »
La guerre au Yémen sera résolue lorsque l'un des camps émergera victorieux, ou lorsqu'un accord de réconciliation complet sera atteint, a déclaré l'écrivain Mounir Talal à Al-Mashareq.
Cela demande que les parties prenantes respectent l'Initiative du Golfe de 2011, les résultats du Dialogue national complet, et la Résolution 2216 des Nations unies de 2015.
Cette résolution de l'ONU appelle toutes les parties à mettre fin à la violence immédiatement et sans condition. Elle appelle les Houthis à se retirer de toutes les zones saisies pendant le conflit actuel, à rendre les armes prises à l'armée et aux organes de sécurité, et à cesser toutes les actions relevant de l'autorité du gouvernement légitime.
Elle impose également des sanctions, dont un gel global des avoirs, une interdiction de déplacement et un embargo sur les armes à l'encontre d'Abdoulmalik al-Houthi, chef des Houthis.
Mais les Houthis « exécutent les instructions et les plans de Téhéran dans la région, tout en ignorant les intérêts du Yémen », a déclaré Talal. « Ils relèvent ainsi délibérément le plafond de leurs demandes et exagèrent leur désobéissance, malgré les énormes pertes qu'ils subissent sur tous les fronts. »
Les Iraniens veulent « un élément de marchandage et un moyen de pression » à utiliser dans les conflits régionaux, a-t-il poursuivi, notant que le soutien de l'Iran aux Houthis pousse la milice à le servir et à exécuter ses plans dans la région.
Cependant, cela se fait aux dépens des intérêts du Yémen, qui sont « virtuellement inexistants dans cette guerre », a-t-il conclu.